Quelques jours après les dernières élections régionales de décembre 2015 , gardant le souvenir des surenchères partisanes des candidats de tous les partis confondus dans lesquelles nous avons trouvé un vomi haineux réciproques et des arrangements sauciers curieux ; nous restons encore à la recherche de la justification de ce scrutin imposé hormis les vociférations ministérielles et partisanes. Le hasard a voulu que j’ use du train Limoges – Poitiers, le pot à encre des deux régions depuis au – moins quarante ans et objet de convoitises à chaque élection locale ou régionale.
Le projet de cette ligne LGV Limoges Poitiers est devenu avant même les résultats du scrutin le projet TGV Limoges Toulouse et Poitiers Bordeaux. Quid du changement annoncé si ce n’est la pertinence d’utilité de service publique toujours et heureusement exploitée de ce moyen de transport inter – région jusqu’au 1 er janvier prochain. Je dois avouer que tout cela était loin de ma pensée en arrivant de bon matin en gare de Niort.
Le voyage est très positif car le train part à l’heure, chemine avec régularité sur cette voie unique . Soudain un arrêt en pleine voie attire l’attention des quelques voyageurs, les réveille de leur fin de nuit. Nous finissons par savoir que des brebis ont envahi la voie, empêchant le train de poursuivre son chemin. Le retard est en définitive de trente minutes à Poitiers. Cet incident fréquent sur cette ligne a rapproché les voyageurs et favorisé des échanges courtois avec le contrôleur particulièrement avec de jeunes anglais. L’agent SNCF faisait des efforts méritants pour expliquer à de jeunes anglais qu’ils auront leur correspondance pour Bordeaux à l’heure prévue. A la fin de l’explication l’un de ces jeunes gens a remercié dans un français parfait , a rappelé la conversation que le contrôleur a eu avec un autre voyageur et lui a fait une leçon de grammaire française sur le présent de l’indicatif écorché par cette brave personne. Ce temps impromptu m’amène alors à la poésie ,gardienne de la liberté créatrice intérieure, de la faculté du rêve pour sortir du matérialisme de notre siècle. En effet les ovins fautifs de retarder le convoi font le tour des voitures, grimpent le talus et observent avec une attention sympathique et bucolique ces animaux bizarres que nous sommes .
Du coup je me suis surpris à porter aux paysages une attention nouvelle. Je redécouvre les verts vallons, l’ordonnancement des forêts et des lacs, les animaux au pré de cette campagne entretenue avec soin par nos cultivateurs . Je redécouvre aussi les bâtiments variés et bien conservés ainsi que des points de vue sur Le Dorat et autres constructions limousines. Le temps est passé doucement , avec quiétude grâce à l’intervention d’ovins curieux et voyageurs. La LGV démolira l’abord bucolique immédiat de la voie, réduira le temps de voyage de moins d’une heure seulement, coûtera plus cher à l’utilisateur. Avons nous vraiment besoin de courir ainsi ?
Demandons aux décideurs de suspendre leurs projets d’expropriations des riverains, de ne pas casser l’ordonnancement de cette campagne paisible. Laissez nous un espace de courtoisie et de rêve. Pour passionner l’électeur lors de vos prochaines rixes ayez la bonté d’oublier ce pot à encre bien sympathique !
Joyeuses, saintes et bonnes fêtes de la Nativité.
Philippe GOUILHERS
Secrétaire général fondateur honoraire
de la Charte de Fontevrault.