Entretien avec le Prieur de la Confrérie Royale
- Publié dans Chrétienté / christianophobie
- le jeudi 8 mars 2018 15:40
- par Loïc Baverel
Pour la troisième année consécutive la Confrérie Royale organise un pèlerinage légitimiste au Puy-en-Velay. L’occasion pour nous de découvrir, ou de redécouvrir, la Confrérie Royale.
Entretien avec son Prieur, Frère Maximilien-Marie du Sacré-Coeur.
VG : Bonjour Mon Frère, vous êtes le Prieur de la Confrérie Royale. En quelques mots, quel est son objet, son charisme propre ?
F. M-MdSC : La Confrérie Royale est née de la rencontre providentielle de prêtres et de religieux dont la vocation propre (je parle bien de vocation, c’est-à-dire d’appel divin authentifié par leurs conseillers spirituels respectifs) comporte une mission très spéciale de prière et de service spirituel de la France, en totale conformité avec les desseins particuliers de Dieu sur ce Royaume, et donc – en toute logique – de prière et de service spirituel de son Roi légitime, dans lequel s’incarnent les principes de la royauté capétienne traditionnelle.
Cette royauté traditionnelle, qui est parvenue à un degré d’équilibre et de perfection inégalé sous le règne du Grand Roi, nous en souhaitons ardemment la pleine restauration, car elle seule peut assurer l’avenir et la prospérité de la France, ainsi que le bonheur de ses peuples.
Or cette restauration ne se pourra faire qu’à la suite d’une conversion profonde et générale : en renvoyant à la célèbre formule de Sainte Jeanne d’Arc, je dirais que s’il convient que les hommes d’armes bataillent, il ne faut jamais oublier que c’est Dieu qui donne la victoire. Il est vain d’attendre de Dieu la victoire – et la conversion qui la précédera – si l’engagement militant en faveur de la royauté traditionnelle et les efforts de reconquête des intelligences, des cœurs et des âmes, ne sont pas soutenus par un vrai, profond et solide mouvement spirituel, qui attire sur le Royaume et sur son Souverain légitime toutes les grâces nécessaires à cette restauration.
Conscients que des fidèles laïcs peuvent eux aussi éprouver cet attrait surnaturel à prier spécialement pour le bien spirituel du Royaume et, au premier chef, pour l’Aîné des Capétiens, Monseigneur le Prince Louis de Bourbon, de jure Sa Majesté Très Chrétienne le Roi Louis XX, les fondateurs de la Confrérie Royale, laquelle s’adresse en priorité au clergé de France, ont également prévu que des fidèles puissent y être associés.
En résumé donc, l’objet propre de la Confrérie Royale est la prière pour la France et donc très spécialement pour le Prince, son Souverain légitime, dans lequel s’incarnent les principes de la royauté capétienne traditionnelle.
VG : Quelle est la situation de la Confrérie vis-à-vis de l’Eglise ? Quel statut avez-vous ?
F. M-MdSC : Composée de prêtres, de religieux et de fidèles de la Sainte Eglise catholique romaine, la Confrérie Royale professe la foi catholique traditionnelle, et dans le cadre de ses activités et pèlerinages célèbre la liturgie latine traditionnelle. De ce fait, la Confrérie Royale est pleinement catholique.
Elle est pleinement catholique même si, pour l’heure, elle ne bénéficie pas d’une reconnaissance canonique particulière, qui n’est ni indispensable ni nécessaire pour exister et pour être catholique. En l’état actuel des choses, ce n’est pas le « label » qui fait la catholicité : on connaît des œuvres ou des mouvements qui bénéficient d’une reconnaissance officielle alors qu’ils sont des instruments de l’apostasie !
La Confrérie Royale est catholique parce qu’elle professe la foi catholique en communion avec tous les pasteurs légitimes de l’Eglise catholique. Le code de droit canonique promulgué en 1983 affirme : « Les fidèles ont la liberté de fonder et de diriger librement des associations ayant pour but la charité ou la piété, ou encore destinées à promouvoir la vocation chrétienne dans le monde, ainsi que de se réunir afin de poursuivre ensemble ces mêmes fins » (canon 215). Cela suffit pour le moment.
Vous savez, il ne faut pas de crispation juridique. Un canoniste qui travaillait au Vatican sous le pontificat de Benoît XVI, m’a dit un jour en substance : « En France, beaucoup de catholiques marchent sur la tête parce qu’ils veulent toujours avoir des autorisations avant de faire exister les choses. Mais ce n’est pas ainsi que le Saint-Esprit a agi dans l’Eglise : le Saint-Esprit suscite des fondateurs et des œuvres. C’est lorsqu’elles se développent que l’Eglise les observe, exerce son discernement et les authentifie, mais pas avant. Imaginez ce qui ce serait passé si Saint Benoît et Saint François, par exemple, avaient commencé par demander des autorisations : nous n’aurions jamais eu ni bénédictins ni franciscains ! Non ce n’est pas ainsi que le Saint-Esprit agit dans les fondations. Il faut d’abord vivre… »
Voilà pourquoi, pour l’heure, alors que la Confrérie Royale n’a que deux ans et demi d’existence, il ne faut pas – selon une expression de Saint Vincent de Paul – « enjamber sur les marches de la Providence ». La Confrérie Royale croît doucement, « en sagesse, en stature et en grâce, devant Dieu et devant les hommes » (cf. Luc II, 52) et c’est d’abord cela qui importe.
VG : La Confrérie Royale organise à l’Ascension son 3ème pèlerinage légitimiste au Puy-en-Velay. Comment cela est-il accueilli par les autorités diocésaines ?
F. M-MdSC : A l’occasion du grand jubilé de Notre-Dame du Puy, la Confrérie Royale – qui avait tout juste neuf mois – a en effet organisé, conjointement avec l’Union des Cercles Légitimistes de France, un pèlerinage au Puy-en-Velay, les 4 et 5 juin 2016. Ce pèlerinage, auquel Monseigneur le Prince Louis de Bourbon a alors adressé un message particulièrement chaleureux, a été l’occasion de très grandes grâces.
Ce pèlerinage officiellement légitimiste de 2016 a été accueilli avec bienveillance par les autorités diocésaines, Son Excellence Monseigneur Luc Crépy lui ayant accordé sa bénédiction. Nous n’avions alors pas particulièrement envisagé une reconduction systématique de ce pèlerinage. Toutefois, en considération d’une part des liens historiques très spéciaux qui unissent le sanctuaire de Notre-Dame du Puy avec la royauté française, et d’autre part des fruits de grâce reçus au Puy-en-Velay, nous avons commencé à penser qu’il serait peut-être bon d’annualiser ce pèlerinage pour le Roi et la France. Nous en avons donc entretenu le Recteur de la basilique-cathédrale du Puy, qui en a bien évidemment conféré avec Monseigneur l’Evêque, et nous en avons reçu une réponse très favorable. C’est donc en plein accord avec les autorités diocésaines que désormais tous les ans, les vendredi et samedi qui suivent la fête de l’Ascension, a lieu et aura lieu ce pèlerinage auprès de Notre-Dame du Puy, pour le Roi et la France.
VG : Comment un pèlerinage peut-il être légitimiste ? Que répondez-vous à ceux qui disent que c’est confondre la Foi et le politique ?
F. M-MdSC : Ah ! Cette pernicieuse accusation de confondre la Foi et le politique !!!
La Confrérie Royale est, je me répète, pleinement catholique, et en tant que telle elle adhère totalement aux condamnations de la « séparation de l’Eglise et de l’Etat » formulées et argumentées par le pape Saint Pie X. Nous n’adhérons en aucune manière au divorce (même « par consentement mutuel » !) entre l’Eglise et l’Etat : dans la saine compréhension des rapports entre ces deux domaines de compétence, il y a une distinction, non une séparation. C’est ainsi qu’ont pensé et agi nos Souverains légitimes, depuis Clovis, en passant par Saint Charlemagne, Saint Louis, Philippe le Bel, Louis XIII et Louis XIV ; c’est aussi ainsi qu’ont pensé et agi les grands serviteurs de la Couronne et de la France tels le cardinal de Richelieu ; c’est enfin ainsi qu’ont aussi pensé et agi les saints de France, depuis Sainte Geneviève et Saint Remi, et, après eux, une longue litanie de saints dont il n’est pas possible d’énumérer ici tous les noms, mais dont émerge très spécialement Sainte Jeanne d’Arc et les glorieux martyrs de la grande révolution…
L’accusation de confusion entre la Foi et le politique n’émane que d’esprits viciés par les pseudo « lumières » et par le modernisme.
Alors, oui, un pèlerinage peut être légitimiste ! Parce que ce qui est légitimiste est ce qui est conforme à la loi : la sainte loi de Dieu d’abord, et ensuite les desseins providentiels de Dieu sur la France dont, en définitive, les lois fondamentales du Royaume terrestre ont été indubitablement suscitées par la divine Providence.
C’est aussi simple que cela ! Et nous n’allons pas renier ce que Dieu a fait en France depuis Clovis à travers treize siècles de royauté catholique, par complaisance envers la secte impie qui poursuit d’une même haine le trône et l’autel.
VG : Il y-a-t-il d’autres projets dans la besace de la Confrérie Royale ?
F. M-MdSC : Le but de la Confrérie Royale, je le redis, c’est la prière pour le Roi légitime et pour le Royaume de France. En conséquence, tous les projets de la Confrérie Royale consistent à obtenir du Roi du Ciel, toutes les grâces dont le Roi de la terre a besoin : grâces de lumière et de discernement, grâces de force et de prudence, grâces pour accomplir la mission qui lui est dévolue par sa naissance.
Les projets de la Confrérie Royale, ce sont aussi la croissance en ferveur et en vertu – et donc la sanctification – de ses membres : sanctification qui rejaillit immanquablement en fruits de grâce pour Monseigneur le Prince Louis, pour sa famille et pour la famille de ses peuples dans tout le Royaume.
A partir de là, la Confrérie Royale, en fonction des opportunités, des anniversaires historiques, des invitations qui lui sont adressées par les légitimistes de telle ou telle province pour telle ou telle occasion particulière, peut être présente, s’associer ou organiser des pèlerinages ou récollections.
Ces événements sont alors annoncés, en temps opportun, sur les deux blogues de la Confrérie Royale : « l’Ami de la Religion et du Roi *» et « Confrérie Royale *», ainsi que sur sa page Facebook.https://www.facebook.com/ConfrerieRoyale/
VG : Qui peut rejoindre la Confrérie Royale et à quoi s’engage-t-on lorsqu’on la rejoint ?
F. M-MdSC : Tout homme de bonne volonté professant la foi catholique et convaincu de la nécessité de la restauration de la monarchie traditionnelle peut devenir membre de la Confrérie Royale (des non-catholiques peuvent également y être associés nous le dirons plus loin).
Tous les membres de la Confrérie Royale s’engagent :
1) à la triple récitation de l’angélus (matin, midi et soir) en conclusion duquel ils ajoutent l’oraison pour le Roi
2) à sanctifier plus spécialement le 25 de chaque mois
3) à être dans une communion de prière et de charité avec les autres membres de la Confrérie
4) à prier pour la béatification des membres de la Famille Royale martyrisés par la révolution
5) à restaurer, maintenir et promouvoir autant qu’il est en leur pouvoir les fêtes et traditions du Royaume…
Il existe diverses catégories de membres :
1) les membres pléniers, qui prononcent un vœu de consécration à la Couronne de France et dont de ce fait toutes les prières et la valeur de leurs bonnes actions sont offertes pour le Roi et la France
2) les membres simples, qui s’engagent à l’observance des pratiques propres de la Confrérie
3) les membres associés, qui n’appartiennent pas à l’Eglise catholique mais veulent toutefois s’unir en leur for intérieur à la Confrérie par la prière pour le Roi et la France.
4) enfin il y a les sympathisants, qui sont proches de l’esprit de la Confrérie Royale et qui s’associent plus ou moins, selon leurs possibilités, à ses prières ou à ses manifestations.
Pour rejoindre la Confrérie Royale, il convient de nous contacter via l’un des deux blogues.
Propos recueillis par Loïc Baverel