Varsovie, 19/06/2020
Madame Aliette Raspail
Madame,
C’est avec beaucoup d’émotion que nous avons appris le décès de Jean Raspail, grand écrivain, qui fut le porte-parole, l’avocat et le défenseur de notre culture et notre civilisation.
En cette triste occasion, nous voudrions exprimer notre gratitude pour son message de fidélité envers notre héritage chrétien commun, ainsi qu’envers tout ce qu’il y a en lui de plus délicat, de plus fragile et de plus faible. Jean Raspail l’a constamment exprimé dans son travail, ses romans et ses reportages, mais également dans ses courageuses interventions publiques. Il est heureux que son œuvre soit de plus en plus connue, populaire et appréciée en Pologne.
Son départ est d’autant plus douloureux que nous disons aussi au revoir à un homme qui s’est fait connaître comme un ami sincère de la Pologne, dont il admirait et soutenait le combat pour la liberté et la sauvegarde de son identité. Il l’exprima par exemple dans une lettre adressée à ses lecteurs polonais, publiée dans son dernier ouvrage « La miséricorde », probablement le plus personnel et le plus religieux d’entre tous. Il y écrit, entre autres :
Nombre de cris du coeur jalonnent la mémoire historique française «Ralliez-vous à mon panache blanc (Henri IV) », «la garde meurt et ne se rend pas (Général Cambronne à Waterloo)», «Dieu la veut (Jeanna d’Arc) », etc., etc.
C’est un autre de ces cris d’honneur que je viens évoquer aujourd’hui, celui qu’un courageux Parisien, au péril de sa vie, se plantant devant la portière du carosse d’où descendait le tsar Alexandre II, en visite officielle en France, lui hurla en pleine face: « Vive la Pologne, monsieur ». Ce cri fut repris dans tout Paris…Les Français, en ce temp – là et depuis longtemps, aiment la Pologne comme une soeur.
Sans doute quelque peu modérée aujourd ‘hui, il ne me semble pas que cette affection ait disparu. Entre de nombreux Polonais et de nombreux Français, il existe encore le sentiment, aussi solide qu’inconscient, d’appartenir à la même civilisation, mère admirable de notre vieille Europe, et souvent à la même religion, doublée de la même fierté nationale…
Ce message nous accompagnera pour toujours. Il sera aussi un appel à construire et à défendre cette communauté de valeurs et cette communauté de destin, qui nous ont été à la fois données et confiées.
Nous disons adieu à un grand écrivain, un courageux Français et un vrai Européen. Que Dieu ait son âme.
Veuillez agréer l’expression de mes sentiments respectueux,
NDLRB. Merci notre aimable correspondant qui a bien voulu nous faire connaître ce bel hommage rendu au maître.
On comprend que certains à l’Ouest n’aiment pas la Pologne actuelle, dont les représentants maîtrisent mieux notre langue que la plupart des Français, et pratiquent encore la courtoisie dont nous avions donné l’exemple au « monde civilisé »…
L.C.G.
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