Jean d’O est mort et je suis très triste. Je le connaissais assez bien, moins bien que mon mari qui avait travaillé avec lui quand ils étaient tous deux fort jeunes et que nous étions tout jeunes mariés, mon mari et moi. Ils avaient conservé des liens très amicaux. Et je voudrais aujourd’hui évoquer un souvenir à la fois « public » et très personnel.
C’était en octobre 1971. L’Académie française venait de proclamer son choix pour le Grand Prix du Roman, qu’elle décernait à Jean d’Ormesson pour La gloire de l’empire.
Je travaillais à cette époque dans les locaux de l’Institut de France et, j’ai oublié pourquoi, j’avais emmené au bureau ma fille de cinq ans. Quand Jean d’O est arrivé pour fêter son Grand Prix, j’étais avec ma fille au bas de l’escalier d’honneur de l’Institut. Quand Jean d’O a aperçu cette enfant, dont les yeux étaient aussi bleus que les siens, il s’en est approché, l’a prise dans ses bras et a monté l’escalier quatre à quatre (comme il a toujours fait), avec dans ses bras la petite fille, un peu éberluée mais souriante, et c’est toujours avec ma Françoise Romaine dans les bras qu’il a reçu les félicitations de ceux qui allaient, deux ans plus tard, devenir ses confrères académiciens.
Je n’ai malheureusement aucune photo : il n’était pas habituel, à cette époque, de se promener en permanence avec un appareil photographique et, même s’il y a eu des photos de presse, les journaux d’alors n’en inséraient que fort peu. Il ne me reste donc que ma mémoire de l’amitié que nous a toujours témoignée Jean d’O, et ma prière pour le salut de son âme.
Anne
Voir aussi :
https://conseildansesperanceduroi.wordpress.com/2017/12/05/la-france-vient-de-perdre-lun-de-ses-monuments-les-plus-emblematiques/