La Fondation du patrimoine à la manoeuvre pour aider à la restauration de la cathédrale de Reims.

LES MÉCÈNES SE MOBILISENT POUR RESTAURER LA CATHÉDRALE DE REIMS

Par Sarah Hugounenq

« Après la bataille de la Marne, les canons allemands êtaient à 3,5 km de Reims. À cette distance, il ne faut pas être un génie d’artillerie pour êviter la cathédrale ! », s’emporte le Remois Christian Lécaille, responsable du chantier de restauration de l’étage de la grande rose du monument, lancé en octobre 2013. Il s’agit là de la première intervention sur cette partie du bâtiment depuis l’explosion d’un obus incendiaire le 19 septembre 1914. Le feu qui prit au pied de l’échafaudage (alors en bois) de la tour nord, ravagea la partie gauche de la façade.

Depuis, tel un millefeuille, les sculptures (ou plutôt les moignons qui en restent) s’émiettent années après années. Déposées, quinze statues seront remplacées par des copies en pierre issue des carrières de Caen. La question des restitutions des deux scènes de combat entre David et Goliath, et des voussures historiées n’est pas sans poser problème. Deux restaurations avaient été menées sur ces joyaux de la sculpture du XIIIème siècle : en 1811 puis en 1906. « La dernière restauration a été très décriée avec des lettres incendiaires de Rodin s’insurgeant contre l’inexpressivite des visages. Ce David a un visage serein alors mème qu’affrontant Goliath il doit être terrifié ! », explique Bernard Foret, président de la Société des Amis de la cathédrale de Reims. Le ministère de la Culture a tranché. Une voussure sera laissée en l’état en mémoire de l’histoire tragique de l’édifice ; les sculptures encore dans l’état où elles êtaient en 1906 (à droite de la rose) seront conservées ; tandis que celles de gauche seront restituées à partir des modèles de 1811, bien documentés par des photographies du XIXème siècle. Pour faciliter la tâche des tailleurs de pierre, le chantier initie une nouvelle têchnique. « Nous utilisons pour la première fois la numérisation en trois dimensions des parties sculptées dans toutes les êtapes de la restauration : de la documentation de la façade avant, pendant et après l’intervention, à la crêation d’images de synthèse pour la restitution par ordinateur », explique Bruno Decrock, historien de la cathédrale. Quant aux vitraux, soufflés par les bombardements et remontés avec 30 % de verre d’origine en 1924, ils seront déposés, restaurés et remontés dans une seconde phase du chantier à partir du printemps prochain.

Une fois n’est pas coutume, l’initiative de cette opération d’un montant de 1,5 million d’euros est due à la société des Amis de la cathédrale qui s’est associée à la Fondation du patrimoine pour lancer fin 2012 une souscription publique. Fort de son succès (350 000 euros récoltés à ce jour), Bernard Foret a sollicité la DRAC Champagne-Ardenne (qui verse 1 million d’euros), propriétaire
du monument, demandant un démarrage des travaux. « Nous n’avons pas l’habitude de nous engager auprès de monuments aussi emblématiques, confie Guy Sallavuard, délégué général de la Fondation du patrimoine. Notre philosophie est plutôt l’aide au petit patrimoine de proximité. Mais face à la conviction et la passion de la demande locale, incarnée par Bernard Foret, nous avons voulu accompagner ce projet, avec l’aide de notre mécène CGPA ». Figurant désormais dans le palmarès des appels aux dons les plus ambitieux de la Fondation, cette souscription publique n’est pas anodine, note le représentant de la Fondation : « Le mécénat ne fonctionne que quand un projet est porté par des gens passionnés. Dans l’histoire de la Fondation, je remarque que les souscriptions les plus fructueuses sont celles qui ont été portées par des associations énergiques comme celle de Reims, qui savent fédérer la générosité et connaissent les portes où frapper ». De fait, l’enthousiasme de Bernard Foret et l’engouement de la population locale autour de l’appel aux dons ont été décisifs pour convaincre Hervé Lancelot, directeur général de la société d’assurance CGPA, mécène national de la Fondation depuis 2011 (lire Le Quotidien de l’Art du 25 octobre 2011). « L’empressement qu’a suscité Ja souscription nous a donné envie de collaborer au projet. Il est vrai que c’est la première fois que nous soutenons un projet d’une telle envergure. Nous arrivons à échéance de notre contrat avec la Fondation du patrimoine en juin. La participation à ce chantier sera peut-être un tournant dans notre approche du mécénat. Je dois encore en discuter avec le conseil d’administration, mais nous en profiterons peut-être pour accentuer la portée de notre action aujourd’hui plafonnée à 25 000 euros par projet », confie le mécène.

 

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