Le grand épisode spirituel automnal correspond à la célébration du culte des morts, et se déroule dans les premiers jours du mois de novembre. Concernant l’antique fête de Samhain, nous devons rester humbles car nous savons peu de choses. Elle s’étendait, suivant les sources, sur une période de trois à douze jours et quarante jours après l’équinoxe d’automne. Il s’agissait d’une des quatre fêtes principales du calendrier celtique, avec Imbolc, Beltaine et Lugnasad. Ces quelques jours, considérés comme hors du temps, précédaient la nouvelle année celtique marquée par le passage de la saison claire à la saison sombre. On y festoyait autour de banquets, on y faisait le bilan de l’année écoulée dans le domaine miliaire et agro-pastoral.
Pendant cette période d’instabilité, une porte s’ouvrait sur le Sid, http://www.arbre-celtique.com/approfondissements/symbolisme/sid.php l’au-delà celtique, repère des Dieux et des héros, ce qui permettait une certaine porosité entre le monde des vivants et celui des morts. Les traditions populaires encore vivantes en Bretagne, en Écosse ou en Irlande au début du XXème siècle expliquent la persistance dans ces contrées d’une période où l’on célébrait encore les défunts. Des lanternes en forme de tête de morts étaient sculptées dans des betteraves ou des navets. Elles étaient censées guider les trépassés qui lors de cette période particulière, rentraient chez eux. Ainsi, la coutume voulait qu’on laisse la porte entre-ouverte et quelques victuailles sur la table à la fin du repas afin qu’ils pussent se restaurer.
Il est fondamental de préciser que des traditions de ce type sont rapportées dans des régions européennes extérieures à l’univers celtique. On peut par exemple citer la confection du pain des morts à Bonifacio en Corse, pour une raison analogue : la restauration des morts. Ainsi, il ne serait pas très pertinent d’identifier la fête des morts au Samhain celte, l’origine du culte des morts automnale étant probablement à rechercher dans le néolithique Européen.
Il faut bien sûr évoquer la fête d’Halloween, la nuit du 31 octobre. Ce succédané de Samhain nous est revenu d’outre-Atlantique, comme tout ce qui y est venu un jour d’Europe, mercantilisé et avili. Ce sont en effet les immigrés irlandais et écossais arrivés en Amérique du Nord qui y ont popularisé cette fête. À cette occasion, on joue à se faire peur en arborant des déguisements effrayants et les enfants font, à la manière des morts le jour de Samhain, des processions autour des maisons du quartier à la recherche de sucreries obtenues en échange de paroles menaçantes. Les lanternes creusées dans des raves et les navets sont remplacées par d’effrayantes citrouilles. C’est aussi une Samhain christianisée qui nous est revenue d’outre atlantique, puisque les morts qu’il fallait guider et nourrir reviennent parés d’atours effrayant, pareils à des démons, sont menaçants et jouent des mauvais tours.
Notre calendrier célèbre la fête chrétienne de la Toussaint ainsi que le 11 novembre, qui sont deux jours fériés. Initialement située le 13 mai, la fête de tous les Saints a été déplacée au premier novembre à partir de l’année 835 probablement dans l’optique de la substituer progressivement aux fêtes païennes liées au culte des morts ancrées de longue date dans la culture européenne. Elle fût instituée sur tout le territoire de l’empire carolingien par Louis le Pieux. En 998, les moines de Cluny, en Bourgogne, terre de culture celtique, instituèrent une fête des trépassés le 2 novembre. Elle entra dans la liturgie romaine comme commémoration de tous les fidèles défunts au XIIIème siècle.
En France, lors des célébrations du 11 novembre, nous commémorons la victoire des Alliés et l’armistice signé à Rethondes. La République a par ce moyen récupéré la solennité dédiée à tous les combattants morts pour la patrie, mais aussi pour la liberté et la tolérance : on se rassemble autour du monument au mort du village, l’harmonie municipale joue l’hymne national et parfois un hymne régional et on convoque les enfants des classes primaires pour l’accompagner par le chant.
Avant la première guerre mondiale, c’était la saint Martin, instaurée par le Pape Martin Ier au VIIème siècle, qui était célébrée le 11 novembre. Saint Martin a eu en France une importance toute particulière : il a longtemps été considéré comme un patron national. Son tombeau situé à Tours constituait un lieu de pèlerinage majeur.
À cette date correspondait chez les Celtes et les Germains – nous en trouvons d’ailleurs des exemples en France – le début de l’année calendaire. La période qui s’étendait de la Toussaint à la Saint Martin se dénommait « la Martinale ». On y célébrait la fin de l’année agro-pastorale et le début de la nouvelle année de labeur… Au cas-où la démonstration de l’unité constituée par la Toussaint, la fête des trépassés et la Saint Martin ne serait pas suffisamment évidente, l’on pourrait ajouter que dans les Flandres, en Allemagne et aux Pays Bas, il est attesté de l’existence de traditions faisant intervenir des processions d’enfants portant des lanternes et des lumignons dans des betteraves à sucres creusées en forme de têtes.
Pendant des siècles c’est à la saint Martin qu’on a embauché les garçons de ferme, les métayers. Il se tenait alors des foires d’embauche. Dans ces grandes foires, qui persistent de nos jours dans certaines villes, on vendait aussi le fruit de son travail.
C’est d’ailleurs traditionnellement dans les environs de la saint Martin qu’on tue le cochon en Europe occidentale, après quoi les viandes sont mises à sécher et conservées en salaisons.
Néanmoins, c’est bien l’oie (équivalent du cygne de Wotan) qui constitue le plat traditionnel du festin de la saint Martin qui réunissait toute la maisonnée.
Le lendemain de la fête débutait le petit carême, période de jeune qui précédait Noël, ou l’Avent chez les peuples germaniques. Ainsi, Saint Martin constitue le premier des Saint solsticiaux et tout en clôturant le cycle d’hommage aux morts, et celui de l’année agro-pastorale écoulée, il marquait le commencement du cycle liturgique de Noël.
Source. https://institut-iliade.com/les-fetes-et-traditions-automnales-en-europe/
Jusque dans les années 50, certains cantons du sud organisaient une fête de la Loue lors de laquelle se signaient les contrats annuels de travail entre les exploitants agricoles ou forestiers et les ouvriers qui « louaient » leurs bras. Pas de date fixe mais toujours avant les moissons de juillet. Il n’y avait aucune trace celtique.
Ces contrats étaient détaillés tant sur les heures dues, l’hébergement que sur le menu des repas. En Aveyron, on y lisait que le patron ne mettrait pas de saumon sur la table plus d’une fois par semaine (parce que ça ne tenait pas au corps).
Aujourd’hui certains villages, ayant un tropisme de réserve d’indiens, organisent une journée du patrimoine agricole disparu (machines et métiers) qu’ils baptisent « fête de la Loue ».