Notre-Dame de Paris. les 100 marié(e)s de la Reine Marie-Antoinette

      Le 19 décembre 1778, la naissance de Marie-Thérèse Charlotte, fille du roi Louis XVI et de la reine Marie-Antoinette, met fin aux rumeurs sur la stérilité du couple royal. Au bout de huit ans de mariage, le couple royal donne enfin naissance à l’aînée de leurs quatre enfants. Elle reçoit le titre de Madame, fille de Roi, et sera appelée plus tard « Madame Royale ». Sa mère, Marie-Antoinette, la surnomme affectueusement « Mousseline ». Dans ses Mémoires, Madame Campan raconte la naissance de la petite princesse. Lorsqu’on présente l’enfant à Marie-Antoinette, elle la presse sur son cœur en disant : « Pauvre petite, vous n’étiez pas désirée, mais vous ne m’en serez pas moins chère. Un fils eût plus particulièrement appartenu à l’État. Vous serez à moi ; vous aurez tous mes soins, vous partagerez mon bonheur et vous adoucirez mes peines. » Marie-Thérèse Charlotte est baptisée le jour de sa naissance dans la chapelle du château de Versailles.

      À Paris, le canon de l’Hôtel royal des Invalides tonne pour célébrer l’ »ouverture du ventre » de la reine. Le samedi 26 décembre, le Te Deums’élève jusqu’aux voûtes de la cathédrale Notre-Dame. Des pots à feu illuminent les rues et des fusées volantes embrasent le ciel. Le vin coule aux fontaines, du pain et du cervelas sont offerts aux pauvres, des prisonniers sont libérés et la Comédie Française joue gratuitement. La reine tient à ce que la naissance de sa fille soit fêtée avec autant de faste que la naissance d’un dauphin. Néanmoins, elle décide d’allouer une partie de la somme offerte par la municipalité de Paris au financement du mariage de 100 couples de la capitale, dont les unions seront célébrées le même jour à la cathédrale Notre-Dame en présence du couple royal. Les curés des paroisses parisiennes sont chargés de sélectionner les jeunes filles les plus méritantes, qui bénéficieront chacune d’une dot de 500 livres, d’un trousseau remis le jour du mariage ainsi que d’une allocation mensuelle pendant un an à la naissance d’un premier enfant (allocation majorée si la mère allaite !). « On donnera la préférence aux couples qui se connaissent depuis longtemps et qui n’attendent peut-être que des circonstances favorables pour se marier », précise le Journal de Paris en date du 7 février 1779. Choix politique ou volonté de redorer l’image de Marie-Antoinette ? Il n’empêche, l’histoire est belle !

100 mariages simultanés

      Le 8 février 1779, à huit heures du matin, les futurs époux sont introduits dans la cathédrale, placés en deux files, selon l’ordre de préséance des paroisses parisiennes fixé par l’Almanach royal. À leur tête se trouve un vieux couple marié depuis 50 ans, invité, selon le souhait de Marie-Antoinette, à renouveler ses vœux de mariage devant ses enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants pendant la cérémonie. La reine veut en faire un modèle. « De si flatteuses attentions accordées à une longue vie, passée paisiblement et honnêtement, inspireront toutes les âmes sensibles et donneront aux nouveaux époux une leçon des plus éloquentes », relate encore le Journal de Paris. C’est l’archevêque de Paris, Christophe de Beaumont, qui prononce la bénédiction nuptiale pour les vieux époux ainsi que pour l’un des jeunes couples, mais ce sont les curés de paroisses qui officient simultanément pour les couples dont ils ont la charge. Après la bénédiction, un membre du Chapitre célèbre la messe. Selon la coutume de l’époque, un voile blanc (le poêle, du latin pallium) est passé au-dessus de la tête des nouveaux époux, alignés sur deux files. Des pans de taffetas blanc sont ainsi déroulés et maintenus par les gardes de service dans la cathédrale. Après cela, les couples et leurs parents sont conduits à l’archevêché où un déjeuner de mariage leur est servi.

       Le couple royal n’arrive qu’à 11 heures et demie, avec un cortège composé de 28 carrosses, pour la messe d’action de grâce à l’occasion de la naissance de leur premier enfant. À l’entrée du couple royal, 400 oiseaux sont lâchés par les oiseleurs de Paris, une coutume ancienne symbolisant la libération des prisonniers. La messe est célébrée par l’archevêque dans la chapelle de la Vierge. Selon les témoignages de l’époque, les 100 couples reviennent à l’intérieur de la cathédrale pour saluer Louis XVI et Marie-Antoinette. « Les cent mariages avaient été célébrés dans la matinée, et les nouveaux mariés, alignés dans la nef, avaient eu le privilège de témoigner par leurs regards leur reconnaissance envers Leurs Majestés« , raconte le Journal de Paris du 10 février 1779.

https://fr.aleteia.org/2024/11/25/les-100-mariees-de-notre-dame-de-paris

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