Trois jours avant l’Ascension Les Rogations ; piété populaire en devenir.

Iris Bridier – publié le 23/05/25
 
https://www.journees-paysannes.org/Les-rogations.html

 

Du latin rogatio qui signifie
« supplication », les Rogations
consistent à demander à
Dieu sa bénédiction sur les
récoltes à venir. Une
tradition oubliée depuis
1962, qui  réapparaît
progressivement  en France.

« Trois jours avant l’Ascension, il s’agit de remettre nos prières au Seigneur pour qu’Il les monte au Ciel. » Prêtre dans le diocèse de Chartres, le père Christophe Besnier a toujours célébré les Rogations, car cette forme de piété populaire « vient rejoindre les personnes dans leur quotidien de manière très pratique« . Et le curé de poursuivre : « Beaucoup de personnes n’osent pas demander des choses concrètes au Seigneur alors qu’Il fait partie de nos vies. »

      À l’origine de cette prière pour les fruits de la terre, l’évêque de Vienne, saint Mamert. Au Ve siècle, sa ville est éprouvée par des incendies, tremblements de terre, bêtes féroces et finit par se tourner vers le Ciel. Il est le premier à proposer ces trois jours de pénitence, prières et processions publiques pour invoquer la miséricorde de Dieu et être préservé des fléaux climatiques. Ce réflexe de confiance et d’espérance s’étend progressivement dans toute la France et, en 816, le pape Léon III instaure cette tradition dans toute l’Église.

Un projet missionnaire

Si aujourd’hui, le mot latin rogatio évoque peu ou prou de vagues souvenirs de missel romain pour les plus anciens, cette tradition, tombée en désuétude avec le Concile Vatican II, réapparaît doucement dans les campagnes. Les calvaires bordant les routes champêtres témoignent de cet héritage spirituel semé par la foi nos ancêtres : « Ces croix étaient souvent des croix de Rogations, le curé y donnait rendez-vous pour bénir les champs« , poursuit le père Besnier. Damien Lecomte n’est pas agriculteur, mais c’est par esprit missionnaire qu’il a souhaité les réintroduire dans sa paroisse dans l’Aisne, à Saint-Pierre d’Aigle. Après une messe prévue à 15h ce samedi 24 mai à Saint-Pierre d’Aigle, une procession et une bénédiction des champs alentour sont prévues. « Lorsque nous sommes arrivés avec ma femme après notre mariage, nous souhaitions nous investir dans notre paroisse », témoigne-t-il. « Nous cherchions un projet missionnaire, une idée qui parlerait aux gens. Nous l’organisons cette année pour la première fois. »

rogations-portrait-1

       Une tradition appelée à se développer largement ?  Dans son rapport de clôture des États généraux du patrimoine religieux en France publié en décembre 2024, la Conférence des évêques de France a répertorié dans les 69 diocèses étudiés pas moins de 43 « ostensions remarquables », 41 « rogations particulières », 270 « processions remarquables », 743 « pardons locaux » et même 72 « confréries de pénitents ». Pourtant « ce n’est pas toujours si simple de mettre Dieu dans nos cultures, car aujourd’hui, trop de sécheresse ou trop de pluie, on trouve toujours une parade au risque de se demander pourquoi prier alors qu’on a réponse à tout ? », ajoute encore Damien Lecomte. Qu’à cela ne tienne, loin de se désespérer, il souligne « l’importance de créer des liens et de mettre les gens en réseaux. Il s’agit de profiter de ces moments-là pour évangéliser et montrer que la paroisse existe.« 

Le Seigneur, maître de toute chose

      Catherine et Frédéric André sont céréaliers en Eure-et-Loir. Ils participent fidèlement chaque année aux Rogations proposées par leur prêtre, le père François Muchery. Parce qu’ils trouvent cela « beau » et que cela « montre que nous sommes tout petits devant Dieu, c’est Lui qui est maître de tout ». Et le père Muchery d’ajouter : « Cela permet aussi de maintenir une présence catholique dans certains villages. Nos agriculteurs ont besoin de la prière de Dieu. » Parmi les fioretti recueillis, un agriculteur raconte qu’il y a eu de la grêle en Eure-et-Loir mais que lui a été épargné, une autre témoigne que chaque année, ses récoltes ne cessaient d’augmenter… Preuve s’il en fallait, que l’Église est une Mère et que sa préoccupation spirituelle touche les choses les plus incarnées.

https://wp.fr.aleteia.org/wp-content/uploads/sites/6/2025/05/ROGATIONS-DIOCESE-DE-CHARTRES.jpg?resize=620,350&q=75

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

The maximum upload file size: 2 Mo. You can upload: image, audio, document, spreadsheet, interactive, text. Links to YouTube, Facebook, Twitter and other services inserted in the comment text will be automatically embedded. Drop file here

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.