Lettre ouverte à ceux qui font vivre les lieux communs sur la monarchie.
Le long terme et la continuité sont les piliers du royalisme et cette vision se traduit dans une éducation exemplaire du Roi. Les réformes que nous souhaitons pour les institutions et pour la société sont si importantes qu’elles sont impensables à court terme. On ne change pas par exemple, le régime des fonctionnaires du jour au lendemain, de même qu’on ne paie pas la dette publique en 5 ans.
Les élections nationales tous les 5 ans se traduisent à chaque fois par une mobilisation des français pendant une année voir plus, la mise en place du parti opposant en réponse à une politique douloureuse en temps de crise, un retour en arrière sur une politique déjà amorcée et des contradictions innombrables, sans parler ici de la faible profondeur des débats. Au contraire le Roi mène une politique avec une direction précise. Il a tout le temps qu’il faut pour faire évoluer convenablement l’Etat. Il n’est pas sans cesse remis en question et ses fils sont déjà en train d’apprendre à gouverner. Le jour de sa mort, aucune question ne se pose, la France a toujours un souverain, un chef d’État.
La société royale est une société de devoir. Le Roi a le devoir de gouverner, il ne peut pas refuser. On pourrait penser qu’une telle règle est d’une part liberticide et empêche d’autre part à la France d’avoir un chef compétent, or le Roi a une éducation particulière qui a fait ses preuves, basée sur l’apprentissage des valeurs chrétienne et l’expérience des conseils. Aucun Roi n’a jamais été incompétent, pour la simple raison que le Roi, en premier lieu, ne gouverne pas, mais règne. La nuance est que le Roi est libre d’être un administrateur de l’État ou un simple arbitre au-dessus des querelles partisanes selon qu’il se sente compétent pour la technique politique ou uniquement capable de donner des lignes directrices cohérentes avec ses valeurs. Ainsi le Roi s’implique dans le gouvernement à proportion de sa volonté et de ses compétences.
« Quelles sont les valeurs du Roi ? » nous demandera de manière sympathique une personne ouverte d’esprit. Généralement nous serons davantage dans la critique violente et dans la propagation de clichés. « Les Rois étaient des dictateurs » nous dira-t-on, « La seule chose qu’ils souhaitaient était un asservissement total de leur peuple » encore, « Les montagnes de taxes » toujours, « Les Rois étaient éduqués dans le mépris des autres » enfin… À ces personnes je réponds que les valeurs des Rois étaient des valeurs chrétiennes de bienveillance, qui découlaient de leurs éducations.
Pour argumenter mon propos je vous propose une courte synthèse de l’ouvrage de Roland Mousnier, Professeur émérite à l’Université de Paris-Sorbonne, paru en 1980 dans l’édition Presse Universitaire de France, Les institutions de la France sous la Monarchie Absolue, Tome II, Livre 1er, Chapitres 1 et 2 « L’éducation des Rois » et « La formation des Rois ».
Jamais le Roi n’a été élevé dans le mépris des autres. Au contraire, son statut lui impose la dignité. Le Roi a une éducation très stricte. Souvent il ne vivait pas avec ces parents mais avec une gouvernante. Des instituteurs lui donnaient chaque jour des leçons.
Roland Mousnier nous montre par exemple que Louis XV recevait chaque jour des leçons d’écriture, de latin et d’histoire. Trois fois par semaine, il faisait des mathématiques et de la danse. Il recevait aussi des leçons d’astronomie, de botanique et de jardinage. Louis XV se rend de temps à autre aux séances du conseil qu’il a commencé à fréquenter à l’âge de 10 ans. Après son sacre il recevait chaque jour une leçon de 30 minutes, sur la gestion des affaires de l’État, seulement 30 minutes car il n’était pas très passionné par la chose. Quand l’instituteur de Louis XV est mort, Louis a passé la plus grande partie de son temps à élever des poules, des pigeons, à imprimer, à tourner du bois et à cuisiner.
J’ai détaillé un peu Louis XV, mais j’aurais pu le faire pour d’autre. Notamment Henry IV, élevé au milieu de petits paysans, Louis XIII qui avait des instituteurs et avait des leçons un peu comme Louis XV mais qui préférait les arts mécaniques, la maçonnerie, la menuiserie et la serrurerie. Louis XIV recevait des leçons de mathématiques, exercice de guerre, tirer les armes, écriture, danse, jeu de paume, luth, dessin, italien, équitation… Louis XIV a passé énormément de temps avec Mazarin chaque jour qui lui montrait comment bien gouverner.
Tous ces Rois ont vécu leurs jeunesses avec un objectif qui leur était donné par leurs instituteurs, celui de devenir de bons Rois, pensant toujours au bien de l’État. Je reviens sur le fait qu’un Roi règne avant tout, et ne gouverne pas forcément. Tel était le cas de Louis XIII. On dit de lui qu’il était un homme manuel, pas du tout né pour gouverner. Il a malgré tout reçu une éducation irréprochable et quand il réussit à trouver un ministre à la hauteur de sa grandeur, le résultat a été qu’il fut un Roi très apprécié par ses sujets et que la politique qu’il mena au côté de Richelieu fut admirable.
La démocratie nous montre chaque jour son incapacité à rassembler les français et à donner une direction politique stable et saine pour la France. La monarchie peut changer les choses. La première bataille à mener est celle de l’histoire car nous n’arriverons pas à faire accepter la monarchie si l’image qui est associée à ce régime demeure négative. Notre seul espoir, à mon sens, réside dans la courtoisie, la patience et la pédagogie.
Calice Ligure
http://vexilla-galliae.fr/royaute/vie-des-royalistes/2452-point-de-vue-l-education-exemplaire-des-rois-absolus