La vie particulière de Mère Yvonne-Aimée de Malestroit.

Evoquer Mère Yvonne-Aimée de Malestroit, Yvonne Beauvais au civil (1901- 1951 ) est pour moi un grand honneur dont je ne sais si je suis digne.

Ce que je sais par contre c’est que j’ai un attachement incommensurable pour cette « sainte » femme qui depuis longtemps aurait dû être canonisée. Le procès en reconnaissance a été brutalement interrompu par le Vatican en 1960 et définitivement car il considérait qu’elle était trop médiatisée et donc il fut interdit même de faire quelque publication que ce soit sur elle .

Le livre que l’abbé Laurentin lui a consacré , le seul et unique à ce jour avec autorisation de Mgr Ratzinger alors Préfet de la Congrégation de la Foi en 1985, est une somme des charismes qu’elle avait, une reconnaissance parfaite de ses dons , des échanges permanents avec le Christ certifiés et vérifiés quelques fois jusqu’à trois ou quatre par jour, des fruits nombreux qu’elle a produits autour d’elle, l’évolution d’une âme conduite par le Divin, ce livre dis-je pourrait être un livre de chevet sur notre table de nuit . 

A l’image de Sainte Thérèse de Lisieux qui était « sa sainte » , d’un Padre Pio ou d’une Sainte Thérèse d’Avila, Mère Yvonne-Aimée était un don d’elle même permanent pour les pauvres d’abord : elle allait à 18 ans  (1911-1922) dans les quartiers les plus défavorisés de la périphérie parisienne où personne n’osait s’aventurer car c’était trop risqué , cette toute jeune fille lavait, nettoyait, donnait à manger à ceux que personne ne regardait sur les pas de Saint Vincent de Paul et donc bien avant une Mère Thérésa ou une soeur Emmanuelle ici, en France , à Paris.  Yvonne Beauvais à ce moment là , pas encore soeur ,se dévouait sans compter allant jusqu’à faire des ménages (elle était d’une bonne famille ) devenant même la femme de ménage de sa mère , pour gagner un peu d’argent pour acheter de la nourriture pour ces parias de la société, donnant de petits concerts  dans des familles amies (elle avait passé deux années en Angleterre et était revenue bardée de diplômes dont un de musique). tout y passait y compris son argent de poche que sa mère lui donnait pour vivre. Et tout cela dans l’humilité et la simplicité absolues , l’abnégation d’elle même, allant même jusqu’à se laisser accuser de vols qu’elle n’avait pas commis par deux fois par charité 

Je vous fais grâce de son enfance car vous pouvez retrouver cela sur Wikipédia  https://fr.wikipedia.org/wiki/Yvonne-Aim%C3%A9e_de_Malestroit . Je ne vais m’attacher qu’à son oeuvre 

L’amour pour Jésus , son petit roi d’amour, comme elle l’appelait lui est venu dès sa plus tendre enfance , toute petite, elle voulait tout lui donner , lui gagner des âmes et elle souhaitait ardemment se faire aimer de lui. elle souffrait énormément de manque d’amour . Sa mère n’avait  d’yeux que pour sa soeur aînée et c’était elle qui était destinée à rentrer en religion pas « Vonnette «  comme l’appelaient sa famille et ses amies 

Un jour elle a échangé ses deux plus belles poupées vêtues de soie contre une image du Christ tombée du livre que son amie tenait dans ses mains 

Comment va-t-elle connaitre Malestroit  ?  Par un séjour de convalescence du 19 Mars au 12 Juin 1922  suite à une paratyphoide et là tout le monde va s’attacher à elle 

Pourtant, celle qui deviendra Supérieure de son monastère , fondatrice  et Supérieure Générale de la Fédération des Augustines Hospitalières se verra  dans un premier temps interdite de Malestroit et de son hôpital avec beaucoup de sévérité. Pourquoi ? Parce que ses dons, ses charismes, ses stigmates perturbent tout le monde ecclésiastique autour d’elle.  

Elle sera  prévenue de tout par le Christ dès leurs premiers échanges . Elle reçu la  grâce fondatrice du mariage sprituel,  le 5 juillet 1922 : troisième voie des mystiques, l union parfaite. . Elle savait que toutes celles et tous ceux qui lui étaient attachés et qu’elle aimait le plus la rejetteraient impitoyablement la croyant possédée par le démon. Le Christ l’ avait aussi informée qu’il ne lui épargnerait rien aucune souffrance ni physique ni morale. Elle donne des détails très précis dans toutes ses lettres à son confesseur le Père Crété . 

Elle est toujours pour le moment Yvonne Beauvais .

Cela ira même jusqu’à la priver de ce confesseur en avril 1925 . Elle souffre horriblement , c’est perceptible , palpable dans ses échanges épistolaires . De fait toutes les visions qu’elle a et qui la troublent elle -même , avec des dates précises, des lieux ( elle aura la vision de la guerre de 1940) éveillent en elle le doute aussi sur son union mystique avec le Christ car concomitamment elle est très attaquée par le malin comme souvent les grands saints.  Ce fût le cas plus près de nous de Padre Pio. Ce furent des batailles physiques, des meubles qui volaient. Il ira même jusqu’à la précipiter du balcon de sa chambre qui était au deuxième étage du chalet où elle habitait .Elle en gardera des séquelles à la colonne vertébrale toute sa vie . Elle se trainera jusqu’à l’autre chalet où se trouvait la directrice du foyer qui la logeait à Malestroit où elle était retournée malgré l’interdiction mais pour obéir à sa mère 

Aux souffrances physiques et morales s’ajoutent les inquisitions d’un exorciste le Père de Tonquédec https://fr.wikipedia.org/wiki/Joseph_de_Tonquédec qui malgré la vision en sa présence de la participation d’Yvonne au couronnement d’épines du Christ le 9 mai 1925) reste sceptique

Ce même mois Yvonne et sa mère se rendent à Rome pour la canonisation de Ste Thérèse de Lisieux .Pie XI va émerger de la foule pour venir les bénir tout spécialement . Mme Beauvais n’en revient pas mais secrètement Yvonne avait demandé cette grâce qu’elles ont reçue . Mme Beauvais n’est pas encore au courant de ce qui se passe dans sa fille.

Elle va subir nombre d’examens médicaux desquels il ressort qu’elle est parfaitement normale

Pourtant tout se lie contre elle . Le 15 janvier 1927 elle reçoit une lettre de Mgr Picaud , Evêque de Vannes , lui interdisant l’entrée formelle et définitive au couvent de Malestroit . Surprise !!  LA LETTRE ETAIT UN FAUX ECRITE PAR LE MALIN  . Informé par Mme Beauvais  qui lui avait envoyé la lettre à moitié consumée toute seule Mgr Picaud reconnait les faits démoniaques et autorise enfin Yvonne à rentrer au monastère ce qu’elle fera le 18 Mars 1927 . Donc vous voyez il faudra 4 ans et 8 mois d’un calvaire incroyable  avec des alternances de dons ineffables du Christ suivis de nuits  spirituelles noires profondes ; de souffrances physiques , de missions réussies, de tâches glorieuses ou sordides ……qui auraient dû écraser cette toute jeune fille avant qu’elle ne puisse postuler (et elle n’est pas aux bouts de ses peines) eh bien non : sa force fût au delà d’un don total , un abandon à Dieu seul dans un amour prêt à tout .Elle a expérimenté en profondeur ce que disait l’apôtre Paul: « pour ceux qui aiment Dieu, tout concourt au bien  » Rom 8,28

Yvonne fut soumise à des contradictions particulièrement violentes et paroxystiques mais sut les assumer dans l’AMOUR: le grand et le petit . C’est l’amour qui donne un sens au pointillé disparate de sa vie et en fait une ligne droite 

Elle est heureuse enfin, elle est là où elle voulait être. Cependant la dure école du noviciat et du cloître va être pour cette jeune fille si vive, si moderne, très cultivée, très libre , très voyageuse ,de Paris au Mans, du Mans à Brest ,de Brest à Paris ,de Paris en Angleterre etc….encore une épreuve immense à laquelle elle va se plier malgré tout , en avouant qu’elle n’a jamais moins bien prié que depuis qu’elle est au couvent . Et donc sa santé va se dégrader. Sa vie est zébrée d’extases, de missions . Les combats avec la puissance des ténèbres bien connus de l’apôtre Paul prennent des formes violentes et sanglantes

Elle prend l’habit le 10 septembre 1927 et c’est Mgr Picaud qui préside à la cérémonie tandis que c’est son ancien directeur de conscience  le Père Crété qui est le prédicateur  et qui ose comparer Yvonne à la petite Thérèse 

Sa modernité fait qu’elle pousse à la rénovation du petit hôpital et elle réussit à convaincre la mère supérieure malgré les réticences de Mgr Gouraud  pour les questions d’argent . Et les voilà parties visiter les installations hospitalières de 12 Maisons augustines en Bretagne et en Normandie 

Elle savait qu’elles auraient des dons pour ce projet et en effet 200 000F arrivent à Noël puis le 29 décembre 700 000 d’un industriel du Finistère dont je ne résiste pas à vous donner le nom car il est très connu dans sa descendance de nos jours  : Mr BOLLORE . Il restera fidèle à Mère Yvonne Aimée jusqu’à la fin de ses jours

Le 28 Novembre 1927 Yvonne tombe malade si gravement qu’on lui administre   les derniers sacrements et on organise en catastrophe la cérémonie de voeux perpétuels . Mais coup de théatre , à 15h son visage cyanosé reprend des couleurs, on arrête la cérémonie, elle demande à s’alimenter, elle s’habille et va à la chapelle pour le Salut du Saint Sacrement : elle a tout simplement vécu l’agonie du Christ 

La vie reprend ,elle dresse les plans de la nouvelle clinique . Et de nouveau c’est le rejet d’abord de la Mère supérieure puis de l’aumônier , l’abbé Joseph Bruneau qui va se montrer odieux avec elle . Elle souffre mais n’en demeure pas moins très active : elle est maintenant cusinière . Et tout le monde , malades, soeurs, hôtes, louent les omelettes baveuses, les blanquettes , les choux à la crème,le riz à l’impératrice de soeur Yvonne Aimée;

Un tremblement de terre le 8 janvier 1930 endommage sérieusement le couvent : elle répare, dresse les plans d un nouveau réfectoire, restaure la salle des chapitres, elle dessine un parc à l anglaise….. L argent vient à la mesure des besoins. Elle respire une  joie communicative et rayonnante et pourtant…. ..des malaises cardiaques troublent son sommeil , une congestion pulmonaire l’arrête à peine 

Le 29 Septembre 1931 elle prononce ses voeux perpétuels avec les mêmes participants que la première fois . Elle est la première à recevoir l’anneau d’or que porteront désormais les professes suivant la nouvelle constitution qu’elle a renouvelée de fond en comble car elle datait de 1631 . Constitution qu’elle va faire approuver à Rome  par le pape Pie XI et non content de cela elle va demander et obtenir la rétrocession des titres de chanoinesses régulières un temps oublié 

C’est un temps béni qui commence et une irrésistible ascension pour soeur Yvonne Aimée ente 1932 et 1936 : formatrice des jeunes du noviciat , maitresse des novices entre 33 et 35 , elle lit dans les âmes , elle restaure la liturgie selon l’authentique tradition de son ordre, elle réveille la monotonie de la vie cloîtrée en animant des fêtes. Elle est partout (don d’ubiquité )  toujours disponible elle est un instrument entre les mains du Seigneur et très fidèle aux normes de la Communauté , règles esprit et autorité

Mais tout cela a un prix :sa santé est alarmante bien qu’elle ne montre rien du tout et elle continue  d’un endroit à un autre , à Paris précipitamment pour voir le ministre de la santé car l’anticléricanisme crée des problèmes entre les augustines hospitalières et les infirmières , le 26 novembre pour assister Monsieur Bolloré sur son lit de mort . Elle y retournera le 16 janvier 1935 pour recueillir son dernier soupir et dire « il est mort comme un saint « 

Le 2 Mai 1935 elle est élue à l’unanimité Mère Supérieure de sa congrégation avec dispense de Rome car elle a 33 ans ce qui n’est pas l âge canonique et elle n’a pas non plus le temps de profession requis . Elle fait face à tout malgré sa maladie : fièvre persistante entre 39 et 40 et 3, 50 gr d’albumine (d’où son embonpoint) . Son activité dispersée dans un kaleidoscope d’expressions et tâches variées est le rayonnement du seul amour et de la miséricorde de Dieu 

Entre 1937 et 1939 elle va s’attacher à créer une Fédération des  Augustines Hospitalières de la Miséricorde de Jésus . Cela implique des voyages , elle va partout , en Afrique centrale , en Afrique du sud . ….Quand la guerre  éclate en 1939 elle est au Canada où elle donne une conférence improvisée à l’université de Laval au Québec 

De retour à Malestroit le 16 octobre 1939 elle intensifie la prière là et dans toute la fédération naissante 

Pour la suite comment résumer toute son oeuvre pendant la guerre , mission impossible . Le monastère est occupé par les allemands et pourtant elle trouve le moyen de soigner les maquisards , les parachutistes, d’en faire passer en Espagne . Elle donne abri au général Audibert qui ne voulant pas suivre ses conseils est découvert et fait prisonnier .Ce sera le seul de tous ceux qu’elle a vu passer dans son monastère et autour .. Les épreuves qu’elle avait entrevues 15 ans auparavant commencent à révéler leur sens . Les demandes de prières et d’aides affluent de toute part et Mère Yvonne Aimée  se multiplie avec le don d’ubiquité que le Seigneur lui a donné 

le 26 Février 1943 elle est arrêtée par la gestapo et le fait savoir à soeur St Vincent Ferrier et au Père Labutte qu’elle mande à Paris de toute urgence . Celui ci se trouvait à Flers dans l’Orne . Et le lundi vers 21h alors qu’il était en prière dans le bureau de Mère Yvonne Aimée, celle -ci apparait . Un ange l’avait délivrée tout comme Pierre dans sa prison et tout comme elle l’avait eu en vision des années avant .

A la fin de la guerre la reconnaissance afflue de toute part . On sait pour la décoration du Général De Gaulle mais il y eut aussi les Anglais , les Américains et le Général Audibert qu’elle avait hébergé et qui était revenu sauf du camp de concentration de Buckenwald et qui lui remis la croix de guerre 

L’après guerre doit-on en parler , un peu seulement car elle va se consacrer à cette Fédération qu’elle avait créée juste avant la guerre et elle en sera nommée Supérieure Générale 

Cependant son corps est épuisé  elle va subir plusieurs                                        opérations  avant de quitter cette terre mais aura encore une grâce suprême , elle va vivre encore une troisième étape dans sa vie spirituelle une dernière grande extase celle de la Transfiguration  le 10 Mai 1948 à 4h . Elle a vécue dans le Christ , par le Christ dans la totalité de sa vie  c’est pourquoi il l’appelait MON AIMEE MON EPOUSE BIEN AIMEE et elle mon petit ROI D AMOUR 

C’est une vie exceptionnelle d’une femme exceptionnelle et pourtant qui a su rester humble ,obéissante au Christ , simple et surtout UNE FEMME D’AMOUR 

Marie-Agnés Lacour. CJA – H*. Déléguée de la Charte de Fontevrault  dans la province  d’Anjou.

4 thoughts on “La vie particulière de Mère Yvonne-Aimée de Malestroit.

  1. Marie-Agnès Lacour

    J AI ETE TRES HEUREUSE D ECRIRE CET ARTICLE A LA DEMANDE DE MONSIEUR TEXIER NOTRE PRESIDENT FONDATEUR . Et j’ai senti qu’elle m’a aidée car au début je ne savais pas trop comment m’y prendre il y aurait eu tellement à dire j’ai tronqué la dernière partie sur son action de résistante pendant la guerre pendant laquelle elle ne s’est rien épargné et la façon dont c’est raconté c’est très vivant . Elle a été délivrée de la gestapo certes mais elle avait du sang quand elle est revenue donc elle n’a pas été épargnée là non plus Mais il fallait faire des choix ce n’est qu’un article pas un livre
    Je l’aimais avant mais je l’aime encore plus maintenant . C’est une femme héroïque dans tous les sens du terme . Il ne me reste plus qu’à essayer de l’imiter mais je sais que ce sera difficile car elle a eu l’aide du Seigneur , il l’a façonnée selon sa volonte et elle a dit comme la Vierge UN GRAND FIAT.Elle a vraiment appliqué « que ta volonté soit faite Seigneur et non la mienne  »
    J’encourage tout le monde à se procurer le livre s’il est encore disponible

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  2. Marie-Agnès Lacour

    J AI ETE TRES HEUREUSE D ECRIRE CET ARTICLE A LA DEMANDE DE MONSIEUR TEXIER NOTRE PRESIDENT FONDATEUR . Et j ai senti qu’elle m a aidée car au début je ne savais pas trop comment m’y prendre, il y aurait eu tellement à dire . J’ai tronqué la dernière partie sur son action de résistante pendant la guerre pendant laquelle elle ne s’est pas épargnée et la façon dont d’est raconté c’est très vivant. Elle a été délivrée de la gestapo certes mais elle avait du sang quand elle est revenue donc elle n’a pas été épargnée là non plus . Mais il fallait faire des choix ce n’est qu’un article pas un livre
    Je l’aimais avant mais je l’aime encore plus maintenant. c’est unef emme héroïque dans tous les sens du terme. Il ne me reste plus qu’à essayer de l’imiter mais je sais que ce sera difficile car elle a eu l aide du Seigneur, il l’a façonnée selon sa volonté et elle a dit comme la Vierge un GRAND FIAT. Elle a vraiment appliqué  » que ta volonté soit faite Seigneur et non pas la mienne  »
    J’encourage tout le monde à se procurer le livre s’il est encore disponible

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  3. BEAUREGARD

    Merci Marie-Agnès pour le récit de cette vie édifiante et inspirante, toute entière donnée à Dieu.

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  4. Pingback: Le petit roi de Prague. Histoire d’une dévotion universelle. | La Charte de Fontevrault

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