Le dicastère pour les Causes des saints a lancé le 17 décembre 2024 la cause de béatification et de canonisation de l’ancien roi des Belges, Baudouin (1930-1993), a indiqué le Saint-Siège le 21 décembre 2024. Ce dossier délicat est porté personnellement par le pape François, qui tire argument de l’opposition du monarque à la légalisation de l’avortement en 1990.
Le 29 septembre, lors de la messe conclusive de son voyage en Belgique, le pape François avait créé la surprise en annonçant qu’il allait ouvrir le processus de béatification du roi Baudouin, qui régna sur la Belgique de 1951 à 1993. François l’avait donné en exemple de gouvernant, saluant notamment son refus d’avaliser une « loi homicide ». Ce roi profondément catholique avait refusé de signer la légalisation de l’avortement en 1990 et s’était mis en « impossibilité de régner » durant 36 heures. Cette procédure avait toutefois permis la promulgation de cette loi sans contreseing royal.
Une vive polémique lors de son voyage
La déclaration du Pape avait suscité une vive polémique et généré des critiques de la part du gouvernement belge. Elle avait également surpris l’épiscopat du pays. « Les évêques n’ont jamais demandé la béatification du roi Baudouin », avait confié Mgr Guy Harpigny, évêque du diocèse de Tournai, sur le plateau de Notélé Belgique.
Moins de trois mois plus tard, Rome s’est donc saisie de ce dossier délicat. Le dicastère chargé de l’étude des dossiers de sainteté a entamé le processus en instituant une Commission historique composée de « spécialistes de la recherche archivistique et de l’histoire de la Belgique », est-il précisé dans le communiqué. Ces experts devront rassembler la documentation et évaluer si la vie du roi défunt présente les critères requis pour être reconnu saint.
Habituellement, les dossiers des candidats sont introduits à Rome après une étude dans les diocèses des futurs saints. Cette fois, le Pape, désireux de faire avancer personnellement cette cause, a confié au dicastère romain d’initier les travaux directement.
Une certaine réserve ?
Le procès en béatification pourrait rencontrer une certaine réserve, car le roi Baudouin demeure une « personnalité de l’histoire contemporaine » sur laquelle « beaucoup de choses restent à découvrir », faisait observer le journaliste et historien belge Vincent Delcorps à I.MEDIA.
Le cardinal Fridolin Ambongo, archevêque de Kinshasa, en République démocratique du Congo, a ainsi déclaré en octobre dernier que l’assassinat du Premier ministre Patrice Lumumba était une « tâche noire » dans le dossier du roi Baudouin, compte tenu des polémiques persistantes autour d’une éventuelle implication de la Belgique dans l’élimination de cette figure du mouvement indépendantiste au Congo.