Cinquième et sixième lignes de la branche aînée : Ducs et princes de Parme et Plaisance , Grands-Ducs de Luxembourg.
1) Ducs et princes de Parme et de Plaisance :
Ces deux dernières lignes de la branche aînée de la maison de Bourbon sont issues de l’infant d’Espagne Philippe, dernier fils du roi Philippe V et d’Elisabeth Farnèse, qui reçut les duchés de Parme et de Plaisance (dont nous avons déjà parlé) en1748, après le traité d’Aix-le-Chapelle. Celui-ci mettait fin à la guerre de succession d’Autriche (les duchés, cédés par Charles de Bourbon devenu roi des Deux-Siciles, avaient été administrés par l’Autriche de 1734 à 1748). On y ajouta le duché de Guastalla, dépendant de Mantoue (où s’était éteinte la maison de Gonzague), et quelques petits territoires associés tels que Rossi di San Secondo Parmense, Malaspina, Correggio, Landi, etc. d’où la titulature complète « duc de Parme, de Plaisance et Etats annexés » dont nous retrouverons les traces dans les armoiries.
Le chef de nom et d’armes est aujourd’hui S.A.R. le prince Charles-Xavier de Bourbon, fils aîné du prince Charles-Hugues décédé en août 2010. Le prince Charles-Xavier a un frère, Jacques, et deux sœurs, Marguerite (jumelle de Jacques) et Marie-Caroline. Mais la famille de Bourbon Parme est très nombreuse à ce jour, ses différents princes et princesses étant issus des neuf fils de Robert II de Bourbon Parme (1848-1907), dernier duc ayant régné sur les duchés.
Le prince Charles-Xavier, duc de Parme et de Plaisance, est le petit-fils de l’un d’entre eux, François-Xavier, qui fut également investi de la « régence » du mouvement carliste espagnol à la mort de l’infant Alphonse-Charles, duc de San Jaime, en 1936. Un autre fils du duc Robert, Félix, épousa la Grande-duchesse Charlotte de Luxembourg (dernière représentante de la famille de Nassau) et fut ainsi à l’origine d’une nouvelle dynastie de Luxembourg qui constitue la sixième ligne de la branche aînée de la maison de Bourbon. Tous les princes de la famille de Bourbon Parme sont successibles à la couronne de France.
Les princes de Bourbon Parme portent tous un écu d’azur à trois fleurs de lys d’or, à la bordure de gueules chargée de huit coquilles d’argent. Cette brisure des armes dites d’Anjou (ou de Bourbon en Espagne) est attribuée au duc Charles-Louis (1799-1879) dont le parcours fut complexe (roi d’Etrurie –Toscane- après son père Louis par la grâce de Napoléon Bonaparte en 1803 puis duc de Lucques en 1824 et enfin de nouveau duc de Parme, Plaisance et Etats annexés en 1847). Mais on ne connaît pas précisément la raison du choix de ces coquilles : évocation de Saint-Jacques (Charles-Louis était chevalier de l’ordre espagnol de Santiago) ? Souvenir du collier de l’ordre français de Saint-Michel ? Transformation des besants figurant sur la bordure des armes d’Alençon, portées par les Gonzague de Guastalla ? Le mystère reste entier à ce jour nul n’ayant jamais fourni la moindre explication à cette exception parmi tous les Bourbons issus de Philippe V.
Armoiries de tous les princes de Bourbon Parme.
Ces princes peuvent également porter ce que nous appellerons les petites armes de Bourbon Parme : parti de Farnèse, pour Parme et Plaisance (d’or à six fleurs de lys d’azur posées 3, 2, 1) et de Gonzague, pour Guastalla (d’argent à la croix pattée de gueules cantonnée de quatre aigles de sable becquées et membrées de gueules), sur le tout un écu écartelé de Castille et de Leon enté de Grenade avec sur le tout du tout un écu aux armes de Bourbon Parme (d’azur à trois fleurs de lys d’or à la bordure de gueules chargée de huit coquilles d’argent). L’écu est généralement entouré du collier de l’ordre Constantinien de Saint-Georges et timbré d’une couronne fermée.
Petites armes des princes de Bourbon Parme pour les duchés.
En revanche, les grandes armes des ducs de Parme, Plaisance et Etats annexés sont beaucoup plus complexes eu égard à l’histoire mouvementée des duchés. Elles doivent être ainsi blasonnées : coupé de deux traits : au I parti, au 1) d’or à six fleurs de lys d’azue rangées 3, 2, 1 (Farnèse) parti d’argent à la croix pattée de gueules cantonnée de quatre aigles de sable becquées et membrées de gueules (Gonzague pour Guastalla), au 2) tiercé en pal, au 1 d’azur au lion bandé de gueules et d’argent couronné d’or (Rossi di San Secondo Parmense), au 2 d’or à six tourteaux rangés 1, 2, 2, 1, les cinq inférieurs de gueules, le sixième d’azur chargé de trois fleurs de lys d’or (Médicis pour Toscane et Royaume d’Etrurie), au 3 coupé de gueules et d’or au buisson sec de sable brochant (Malaspina) ; au II parti de deux traits, au 1) d’argent à l’aigme de sable becquée et membrée de gueules, couronnée d’or et chargée d’un écu de gueules à la croix d’argent (Savoie), au 2° occupé par un écu sur le tout écartelé de Castille (de gueules au château d’or ouvert et ajouré d’azur) et de Leon (d’argent au lion de pourpre ou de gueules, couronné d’or) avec sur le tout du tout un écu d’azur à trois fleurs de lys d’or, à la borduré de gueules chargée de huit coquilles d’argent(Bourbon Parme), au 3) de gueules à la fasce d’argent (Autriche pour Correggio) ; au III parti de deux traits, au 1) parti de deux, coupé de trois traits de gueules et d’argent, au chef d’or chargé d’une aigle bicéphale éployée de sable, becquée et membrée de gueules(Pallaviccini), au 2) de gueules à la croix d’or cantonnée de quatre B ou briquets du même, adossés 2 à 2 (Paléologue pour Constantinople et qui pourrait rappeler l’origine byzantine de l’ordre Constantinien de Saint-Georges), au 3) palé d’or et d’azur de six pièces à la fasce d’argent brochant, contre-écartelé d’or à trois fasces ondées d’azur (Landi).
Grandes armes des princes de Bourbon Parme pour les duchés.
L’écu est timbré d’une couronne fermée à trois feuilles d’ache entières et deux demi avec un bonnet de gueules la comblant à moitié. Il est soutenu par deux anges portant tabard aux armes, tenant l’écu d’une main et une bannière aux armes de l’autre, debouts sur des nuages. Collier de l’ordre de la Toison d’or au centre de l’écu, accompagné du collier du Constantinien de Saint-Georges à dextre et du cordon du Mérite civil de Saint Louis à senestre. La devise est : « Deus et Dies ».
Disons un mot de l’ordre du Mérite civil de Saint-Louis (nous traiterons séparément et un peu plus tard de l’ordre Constantinien de Saint-Georges dont nous avons déjà vu qu’il fut et reste revendiqué également par les deux branches de la maison des Deux-Siciles). Il fut fondé par le duc Charles-Louis de Bourbon le 22 décembre 1836, alors qu’il était en charge du duché de Lucques (vestige du royaume d’Etrurie). A la mort de Marie-Louise de Habsbourg-Lorraine (à laquelle le traité de Vienne avait attribué les duchés de Parme et de Plaisance à titre viager), le 17 décembre 1847, Charles-Louis fut réintégré dans ses droits à Parme et à Plaisance. L’ordre du Mérite civil de Saint-Louis (de Lucques) devint alors le second ordre civil parmesan après le Constantinien de Saint-Georges. Cet ordre de Mérite avait une particularité (que l’on avait connue avec son homologue militaire français sous Louis XIV et après lui) : sa concession impliquait l’acquisition de la noblesse, “pour mérite personnel” (comme on le voit aujourd’hui avec l’ordre royal du Mérite de Sainte-Jeanne d’Arc : https://conseildansesperanceduroi.wordpress.com/2012/08/01/consilium-consulte-n-2012006-du-1-er-aout-2012-instaurant-l-ordre-royal-de-sainte-jeanne-darc/).
Signalons que la décoration de cet ordre est unique en son genre puisqu’elle comporte une croix composée de quatre fleurs de lys d’émail blanc avec au centre un écu sur lequel est figuré le roi Saint-Louis IX. Le ruban est bleu à deux bandes latérales jaunes (couleurs aux armes de la France mais aussi des Farnese).
2) Grands-Ducs et princes de Luxembourg :
Ils sont issus du prince Félix de Bourbon Parme, époux de la Grande-duchesse Charlotte, dernière représentante de la famille de Nassau. Le chef de nom et d’armes est aujourd’hui S.A.R. le Grand-Duc Henri de Luxembourg (et bientôt le prince héritier Guillaume de Luxembourg). Il est dynaste en France comme issu de Philippe de France, duc d’Anjou et petit-fils de Louis XIV.
Ses grandes armes sont à ce jour les suivantes (par arrêté grand-ducal du 23 juin 2001) : écartelé, aux 1 et 4 de Luxembourg (burelé d’argent et d’azur, au lion de gueules, la queue fourchue et passée en sautoir, armé, lampassé et couronné d’or), aux 2 et 3 de Nassau (d’azur semé de billettes d’or, au lion couronné du même, armé et lampassé de gueules), sur le tout de Bourbon de Parme (d’azur à trois fleurs de lys d’or, à la bordure de gueules chargée de huit coquilles d’argent).
L’écu est timbré d’une couronne royale fermée et entouré du cordon de l’ordre de la Couronne de Chêne (le plus ancien ordre luxembourgeois). Les supports sont à dextre un lion couronné, la tête contournée, la queue fourchue passée en sautoir, armé et lampassé de gueules, à senestre un lion couronné d’or, la tête contournée, armé et lampassé de gueules, chaque lion tenant un drapeau luxembourgeois frangé d’or. Le tout posé sur un manteau de pourpre, doublé d’hermine, bordé, frangé et lié d’or et sommé d’une couronne fermée, les drapeaux dépassant le manteau.
Grandes armes du Grand-Duc de Luxembourg.
Le même arrêté grand-ducal a par ailleurs déterminé les armoiries du Grand-Duc héritier (à ce jour le prince Guillaume de Luxembourg né le 11novembre 1981) en introduisant une brisure qui n’était pas précédemment usuelle : un lambel d’or à trois pendants brochant sur les premier et deuxième quartiers de l’écartelé
Armoiries du Grand-Duc héritier de Luxembourg.
Disons un mot à présent du premier ordre luxembourgeois, la Couronne de Chêne.
Il fut institué par le roi des Pays-Bas Guillaume II, alors Grand-Duc de Luxembourg à titre personnel, en 1841. En 1890 le Grand-duché devint indépendant sous la souveraineté d’Adolphe de Nassau et l’ordre de la Couronne de Chêne lui fut transféré. Il est donc le plus ancien (d’autres ordres furent institués par la suite) et c’est pour cette raison qu’il figure autour des armes grand-ducales.
Ordre de la Couronne de Chêne.
Les princes de Luxembourg portent les petites armes de Luxembourg (écartelé de Luxembourg et de Nassau) :
Petites armes de Luxembourg.
A suivre (nous traiterons la prochaine fois de l’histoire de l’ordre Constantinien de Saint-Georges et de son parcours chaotique au sein des maisons de Bourbon Parme et des Deux-Siciles) : « Vanitas vanitatum et omnia vanitas ».
Jean-Yves Pons, CJA.