11 mars 1963. l’ingénieur militaire à rang de lieutenant-colonel Bastien-Thiry était fusillé au fort d’Ivry

C’était le 11 mars 1963, lundi de la 2° semaine de carême. Il était environ 6h39, et dans ce Séminaire perdu au fond des Vosges, la messe quotidienne de la Communauté venait de commencer.

Oh ! Ce chant du graduel : «Tu es mon secours, mon libérateur ; Seigneur ne tarde pas. Qu’ils soient couverts de honte, ceux qui en veulent à ma vie.» !

Une heure trente plus tôt, près de Paris, un homme venait d’entendre la même messe, à laquelle assistait également le directeur de la prison. Il était, même aux yeux des moins perspicaces, en dialogue avec le Ciel. Au moment de communier, il brisa en deux l’hostie que lui tendait l’aumônier et lui demanda d’en remettre la moitié à son épouse.

Puis, après l’ »Ite Missa est », il dit « Allons »… et se dirigea vers le couloir de sortie.

Comme beaucoup de Français j’avais prié ardemment pour la grâce d’un homme qui n’avait pas de sang sur les mains.

NDLRB. On peut n’être pas d’accord avec  cette dernière assertion. Les deux tireurs obtiennent la grâce du président de la République, mais le général de Gaulle refuse celle de l’ingénieur militaire à rang de lieutenant-colonel Bastien-Thiry, décision qu’il explique par quatre raisons :

  • Bastien-Thiry a fait tirer sur une voiture dans laquelle il savait qu’il y avait une femme,
  • mis en danger de mort des innocents, dont trois enfants, qui se trouvaient dans la voiture circulant sur l’autre voie et placée sur la trajectoire des coups de feu.
  • Il a payé des étrangers à l’affaire pour tuer le chef de l’État
  • et, contrairement aux autres membres du commando, il n’a pas pris de risques directs : « Le moins que l’on puisse dire est qu’il n’était pas au centre de l’action », dit-il.  https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Bastien-Thiry

A 6h39, le 11 mars 1963, il est mort pour son idéal, le Rosaire au poignet.

Le lendemain, le général De Gaulle disait : « Celui-là, ils pourront en faire un héros, il le mérite ! »

Voici des extraits de la déclaration à son procès du Colonel Jean-Marie Bastien-Thiry, trente-quatre ans :

« … Il n’y a pas de sens de l’Histoire, il n’y a pas de vent de l’Histoire car ce qui fait l’Histoire, selon notre conception occidentale et chrétienne qui est vérifiée par tous les faits historiques, c’est la volonté des hommes, c’est l’intelligence des hommes, ce sont leurs passions, bonnes ou mauvaises…

… Les nations peuvent mourir et, au cours de l’Histoire, de nombreuses nations sont mortes parce qu’elles n’ont plus trouvé en elles des sentiments humains assez bons et assez forts pour assurer la survie de la nation face aux périls extérieurs, et pour dégager de leur sein les élites et les dirigeants capables de les mener, non à des abandons et à des démissions successifs, mais sur les chemins qui conduisent à conserver, au besoin par la force, leur patrimoine humain, spirituel et matériel…

… Une nation que son responsable suprême laisse aller, et même oriente volontairement vers la décadence morale et spirituelle, vers le matérialisme dans la vie courante et dans les modes de pensée; à laquelle on ne parle plus que de niveau de vie et de faits économiques…

…tout ce qui devrait constituer les structures naturelles, sociales et politiques de la nation ont été, ces dernières années, plus ou moins liquidées, amoindries ou déconsidérées par le pouvoir…

… L’Armée est en proie à un grave malaise…

… le peuple français n’est plus structuré, il y a une véritable pulvérisation, une véritable atomisation de la société française contemporaine. L’homme français contemporain, qui est isolé, désorienté et désemparé, ne sait plus sur quoi et sur qui s’appuyer, et est prêt à se laisser entraîner aux aventures; on peut craindre que les préoccupations essentiellement matérialistes de beaucoup de nos concitoyens, qui ont en même temps oublié où se trouve leur dignité d’hommes libres et responsables, les conduisent à aliéner leurs droits et leurs libertés d’homme…

… Mais nous savons qu’il existe un premier commandement, qui est le plus grand de tous, et qui nous commande la charité et la compassion envers nos frères dans le malheur. C’est pourquoi il a de tout temps été admis dans la chrétienté que, dans certaines conditions, un acte de force pouvait être un acte d’amour…

… Notre résistance est une résistance à l’abandon infamant et démentiel de positions nationales essentielles, et une résistance à la dictature qui a nié et continue à nier les droits et les libertés essentielles d’une partie des membres de la collectivité nationale; qui a opprimé, par des moyens atroces, et continue à opprimer une partie des membres de la collectivité nationale, et qui est le contraire d’une vraie démocratie et d’une vraie république…

…Nous n’appartenons pas à cette droite qui est non seulement la plus bête, mais la plus lâche du monde, et qui a fait faillite. Nous sommes profondément conscients de l’injustice sociale qui existe en France par suite du conservatisme étroit de certains possédants et à cause de certaines formes immorales du capitalisme. Nous sommes conscients des réformes profondes à réaliser pour aboutir à plus de justice sociale…

… une minorité nationale a été, ces dernières années, constamment opprimée par ce régime dictatorial…

… Il y a génocide lorsque des communautés d’êtres humains, qui possédaient, en tant que communauté, une vie et une existence propres, qui avaient donc un être, sont détruites et dispersées…

… il y a eu des milliers de martyrs abandonnés aux tortures de leurs bourreaux…

… nous n’avons pas à nous justifier, devant votre juridiction, d’avoir accompli l’un des devoirs les plus sacrés de l’homme, le devoir de défendre des populations victimes d’une politique barbare et insensée... »

Page FB de Luc Deloisy

https://www.facebook.com/jeanluc.duloisy/posts/1146271428730338Que sa mémoire soit éternelle !

et aussi :

http://www.bastien-thiry.fr/

http://babelouedstory.com/voix_du_bled/bastien_thiry_05/bastien_thiry_05.html

http://chardon-ardent.blogspot.fr/p/il-pleut-sur-le-fort-divry.html

http://www.nationspresse.info/archives/un-policier-qui-conduisit-bastien-thiry-au-peloton-raconte-il-semblait-enveloppe-dune-aureole

1 thought on “11 mars 1963. l’ingénieur militaire à rang de lieutenant-colonel Bastien-Thiry était fusillé au fort d’Ivry

  1. Pingback: In memoriam. 11 mars 19611 mars 2019. Le Colonel Jean-Marie Bastien-Thiry mort pour que l’Algérie reste française. | La Charte de Fontevrault

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