Il existerait bien une autre solution, mais les Français y seraient-ils prêts, après un siècle et demi de République ?
Hervé Cheuzeville Journaliste, auteur
Les rebondissements de l’actuelle campagne pourraient constituer une occasion pour remettre en question le système actuel, un système voulu par de Gaulle, mais tellement dévoyé depuis le départ de son initiateur.
L’élection du Président au suffrage universel constituait un mode d’élection idéal pour ce personnage hors normes. Mais les décennies ont passé, les Présidents se sont succédé, les médias ne sont plus les mêmes. L’introduction du quinquennat et, pire encore, l’usage de primaires ont complètement galvaudé ce système.
De nos jours, les sondages quotidiens biaisent l’élection en exerçant une influence indue sur les électeurs et, donc, sur les résultats.
Aujourd’hui, l’élection présidentielle ressemble à une immense place de marché. Les candidats sont des bonimenteurs assaillant les électeurs avec des propositions chocs et des petites phrases susceptibles d’être reprises en boucle par les médias. Les promesses les plus irréalistes sont celles ayant le plus de chance de plaire. La très grande majorité de l’électorat n’est pas constituée d’experts en économie ou en réformes administratives. Il est facile de promettre la lune à ceux qui ne connaissent rien en aérospatiale. C’est ainsi que ces bonimenteurs doivent, pour réussir, devenir des menteurs et des illusionnistes. L’illusionniste élu perd sa légitimité au bout de quelques mois, à coups de déceptions, de promesses non tenues et, surtout, de sondages assassins.
Le Président élu ne parvient pas à s’élever et à devenir un véritable homme d’État au-dessus de la mêlée. Très vite, il n’est plus qu’un chef de parti qui devra, de surcroît, faire face aux « frondeurs » de son propre camp, aux « Brutus » désireux de devenir calife à la place du calife.
Le moment n’est-il pas venu de changer ce système pervers, de redéfinir le rôle du chef de l’État et d’en revenir à un Président aux pouvoirs limités se cantonnant à son rôle d’arbitre suprême et impartial ? Un dirigeant capable de discerner l’intérêt supérieur et les enjeux à long terme, tout en conseillant utilement le chef du gouvernement ? La solution serait d’abolir le suffrage universel pour l’élection présidentielle. Qui désignerait le chef de l’État ? Le Parlement réuni en Congrès, comme autrefois ? Le danger serait de voir revenir les combinaisons politiciennes qui firent les beaux jours des IIIe et IVe Républiques. Pourrait-on contraindre le Parlement à offrir un septennat unique, non renouvelable, à une personnalité irréprochable, issue de la société civile et non du Sénat ou de l’Assemblée nationale ? Cela permettrait au Président de se concentrer sur sa tâche et de l’effectuer le mieux possible, sans se soucier de sa propre réélection.
Il existerait bien une autre solution, mais les Français y seraient-ils prêts, après un siècle et demi de république ? Ce serait le rétablissement d’une monarchie constitutionnelle et parlementaire. Le souverain serait le garant de l’indépendance du pays, de son unité et de sa démocratie. Les pouvoirs du roi seraient limités, mais son rôle d’arbitre lui permettrait de préserver l’essentiel et d’éviter les dérives. Son droit de veto lui assurerait la possibilité de dire non lorsque cela se révélerait nécessaire, sans se soucier des sondages et de l’opinion publique. Les démocraties scandinaves sont certainement plus vertueuses que la nôtre. Sans son roi, la Belgique n’existerait peut-être plus. Le roi d’Espagne a facilité le retour à la démocratie et le souverain actuel joue à merveille son rôle d’arbitre. Autre détail à prendre en considération : le roi est un formidable ambassadeur, dans l’arène internationale. Sa stature et son prestige surpassent de loin ceux de n’importe quel président de la République délégitimé et dévalorisé par le système même qui l’a propulsé à un tel poste.
Alors, vive le roi ?
http://www.bvoltaire.fr/hervecheuzeville/presidentielles-on-abolissait-pitoyable-cirque,317119
Voir aussi : https://conseildansesperanceduroi.wordpress.com/2017/01/20/politique-retour-du-roi-ou-republique/