François Hollande s’en est allé. Philippe Bouvard reste, pour le moment.

 TROP cher MonsieurHollande

Bien que je ne vous doive que les piges (fortement amputées par le fisc) que m’ont valu de vous titiller presque quotidiennement depuis cinq ans, je ne peux vous laisser vous éloigner sans vous témoigner une double gratitude.

  •  D’abord, celle d’un observateur professionnel qui n’avait jamais vu un président de la République ressembler aussi peu à un chef d’Etat. Ensuite, celle d’un Français très moyen, doté d’un physique guère plus avantageux que le vôtre et rassuré par vos succès féminins obtenus, à l’inverse des promesses habituelles, par l’engagement de ne jamais épouser les demoiselles qui vous ont rejoint dans un lit du Mobilier national. Votre démarche hésitante, vos cheveux maladroitement teints, vos manches de chemise plus longues que le bras qu’on vous prêtait, vos jambes de pantalon plus courtes que celles accordées par la nature m’ont redonné confiance en moi. D’autant que la vertu de 1’inélégance tient à ce que l’on ne peut pas la suspecter d’avoir été offerte par un grand couturier. Votre élocution syncopée et la pauvreté d’un vocabulaire acquis à Sciences Pô, à HEC et à l’ENA m’ont ôté mon complexe de simple certifié d’études primaires. Bien sûr, je n’avais pas voté pour vous, considérant que la mairie de Tulle ne vous avait pas suffisamment prépare à gouverner la France. Mais je ne vous trouvais pas antipathique. Vous aimiez les petites blagues, les petites femmes. Souvent j’ai souffert avec vous. Quand Trierweiller a été la première à vous trahir, bien avant Macron et Valls. Quand Julie Gayet embrassait fougueusement sur l’écran un autre homme. Le mercredi matin, j’imaginais vos pensées égrillardes durant le Conseil des ministres, en lorgnant de l’autre côté de la table la mère de vos quatre enfants. A chaque bourde ministérielle, à chaque grève illimitée, à chaque manifestation protestataire, je vous ai plaint, persuadé qu’en dépit de vos maladresses vous ne cherchiez qu’à faire notre bonheur, garant de votre tranquillité. Je crois être le seul à avoir compris la raison de ces engagements militaires en Afrique dont nous aurions pu faire l’économie mais qui vous permettaient de fuir les huées de vos compatriotes pour aller vous faire applaudir dans des territoires plus ensoleillés. J’ai suivi avec amusement vos voyages officiels à Washington quand vous avez débarqué en solitaire au dîner donné par les Obama puis à Londres où votre rencontre avec la Queen avait l’air d’une scène reconstituée pour 1e musée Grévin, J’ai souri pendant dix minutes en vous voyant passer en revue les horse-guards dont la boucle de ceinture était à la hauteur de votre regard

*

 

  • J’ai hurlé de joie durant toute une semaine après vous avoir découvert dans les colonnes de Closer arrivant en scooter rue du Cirque avec la mallette atomique et restant casqué dans l’ascenseur pourtant répertorié comme le moyen de transport le moins dangereux. Ceux qui ne vous connaissaient pas prétendaient que vous n’étiez pas un méchant. Les autres se montraient plus réservés. Personnellement, je vous ai trouvé tolérant à l’égard des Montebourg et compagnie lorsque, moyennant l’octroi d’un portefeuille, ils vous gratifiaient de révérences très peu légitimistes. J’ai apprécié, alors qu’un rien, parait-il, vous déride, que vous gardiez votre sérieux face à Jean Marc Ayrault pendant vingt deux mois. J’ai applaudi lorsque, oubliant votre goût pour les tendrons, vous avez sauté au cou d’Angela Merkel, la pressant sur votre cœur d’artichaut plus tendrement que ne l’a jamais fait Nicolas Sarkozy. Certes, vous aviez moins de classe qu’Obama, moins de charme viril que Poutine, moins de prestance que le roi d’Espagne, moins de talent oratoire que les jeunes avocats de la Conférence du stage, mais j’avais pour vous de l’indulgence qui, par-delà les réussites sociales, unit les petits gros. A l’heure du bilan, je vous reproche moins l’instauration du mariage pour tous en demeurant célibataire et la pénalisation des clients du plus vieux métier du monde alors que vous, avez racolé toute votre vie sur les trottoirs de la politique que la désacralisation de la fonction de magistrat suprême. Entre votre portrait réalisé sur une pelouse de l’Elysée comme si vous étiez représentant en tondeuses à gazon et l’image de Pompidou en toc, le plastron amidonné barré par le grand cordon de la Légion d’honneur, que de différences ! Entre votre première sortie sur les Champs-Elysées à bord d’une guimbarde dont le toit ouvrant resta bloqué sous la pluie et la décapotable d’où le Général, debout en grand uniforme, dominait la foule subjuguée, quel contraste ! Finalement, je crois que je vous aimais bien. Sinon, je m’inquiéterais moins de votre avenir lorsque, de la terrasse de la brasserie jouxtant la mairie de Tulle, vous assisterez de très loin au triomphe ça commence toujours comme ça d’une des vipères que vous avez réchauffées dans votre sein. Mes impôts ont triplé sous votre règne mais je ne vous en veux pas car vous m’avez interdit de jeter mon dévolu sur des biens d’un monde que j’aurai ainsi moins de peine à quitter.

Philippe Bouvard.

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