Savoir lire et comprendre ce qu’on lit n’est apparemment pas une valeur républicaine.
La définition a son importance : on confond l’illettrisme avec d’autres problèmes plus visibles comme l’analphabétisme ou celle des personnes étrangères qui doivent apprendre le français. Une personne illettrée a été scolarisée dans notre pays et au fur et à mesure des années ne maîtrise plus les compétences de base en lecture, écriture, calcul pour être autonome. Elle est incapable de se repérer sur un plan, de comprendre des directives au travail.
Certaines personnes ont quitté l’école de bonne heure, des conditions de pauvreté, des accidents de la vie ont provoqué une érosion de ces connaissances… Ces personnes parlent notre langue mais il leur manque cette première marche indispensable pour comprendre ce qu’ils lisent et faire comprendre ce qu’ils écrivent. C’est un problème encore plus tabou que l’analphabétisme. Elles ont honte car elles sont censées maîtriser lecture et écriture. Et donc elles cachent ce problème. A l’agence, ces personnes nous disent qu’elles ne veulent surtout pas être démasquées. C’est pourquoi il faut mettre en lumière ce problème et susciter une prise de conscience.
Combien de personnes sont aujourd’hui illettrées en France ?
Selon les données de l’Insee, qui sont fiables et stables, l’illettrisme touche en métropole 7 % des adultes âgés de 18 à 65 ans, soit 2,5 millions de personnes. Et le chiffre a diminué : la même enquête avait été réalisée en 2004 et révélait que 3,1 millions de Français en métropole en souffraient. Ce qui montre que tous les efforts pour prévenir ce problème à l’école notamment commencent à payer. Il y a eu une étape importante en 2013 : l’illettrisme a été déclaré grande cause nationale. Il n’y a donc aucune fatalité : on peut sortir de ce problème, on peut réapprendre quel que soit son âge.
Qui sont les illettrés aujourd’hui en France ?
Beaucoup de clichés doivent être battus en brèche. La moitié de ces personnes vivent dans des zones rurales ou faiblement peuplées, sur tout le territoire… et pas forcément les quartiers populaires. D’ailleurs, 90 % des illettrés ne vivent pas dans les quartiers couverts par politique de la ville. On confond souvent l’illettrisme avec la question des migrants. Mais 71 % parlaient le français à la maison à 5 ans, ce n’est pas une question de langue étrangère. Autre donnée importante : la moitié de ces 2,5 millions travaillent. Mais ils sont en situation de grande fragilité. D’où l’importance d’investir.
https://www.20minutes.fr/societe/2254151-20180412-vaincre-illettrisme-peut-reapprendre-age
https://www.20minutes.fr/societe/2535779-20190608-jeunes-difficulte-lecture-faut-decomplexifier-langue-francaise?xtor=RSS-176&fbclid=IwAR224SvmMtTNX4PolBAdi810vcNYZiltLbzDvqx23czCymIfzWdDYPKegvc