NDLRB. Ce post aurait pu être mis en ligne plus tôt mais son appel à ne pas organiser les élections municipales à raison des ravages en cours du coronavirus a été validé à posteriori par le fort taux d’abstention enregistré lors au premier tour.
Dix-sept médecins demandent un report des élections municipales, y compris du premier tour, qui se tient demain, dimanche 15 mars. Ils ont envoyé une lettre ouverte au président de la République, que s’est procurée notre journaliste, Guillaume Mollaret. Ils estiment que «le contrôle des distances entre les personnes est complexe à mettre en œuvre (…) L’observance de l’hygiène des mains par les votants et membres du bureau de vote, paraît illusoire. La désinfection systématique des surfaces, bien que secondaire dans le mode de transmission du virus, est impossible».
Voici la lettre ouverte adressée au président de la République :
«Monsieur le président de la République,
Nous avons bien compris les enjeux juridiques, mais au vu de la situation exceptionnelle, il nous semble indispensable de repousser les élections dans une démarche de protection de la santé et de la vie de chacun de nos concitoyens.
Confronté à une pandémie exceptionnelle, dont la diffusion et la gravité ont surpris le monde entier, vous avez proposé des mesures de protection essentielles pour la maîtrise du phénomène COVID-19.
Actuellement, nos structures de santé sont en tension maximale, alors que l’épidémie n’en est qu’à son début.
Dans ce contexte, la mise en place le jour des élections des mesures barrières de prévention de la transmission du SARS-CoV-2, nous semble utopique et génératrice d’effets collatéraux.
En effet :
– Le contrôle des distances entre les personnes est complexe à mettre en œuvre, que ce soit dans un bureau de vote ou à l’extérieur. Les élections sont un moment de convivialité, potentiellement génératrices de regroupements.
– L’observance de l’hygiène des mains par les votants et membres du bureau de vote, paraît illusoire. Le port de masque en population générale est inutile, excepté pour les personnes présentant des signes d’infections respiratoires, lorsqu’elles sont en contact avec d’autres personnes.
– La désinfection systématique des surfaces, bien que secondaire dans le mode de transmission du virus, est impossible.
Les modes de contamination ne sont pas encore bien compris. Les données actuelles de la science décrivent une capacité du SARS-CoV-2 à se diffuser par l’intermédiaire de personnes porteuses ne présentant pas ou peu de symptômes. C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles vous avez pris les décisions aussi cruciales que la limitation des regroupements et la fermeture des écoles et universités.
Le maintien des élections est un mauvais signal pour la population par rapport à la sévérité de cette pandémie, seuls les pays ayant pris des mesures importantes de confinement ont limité ce fléau.
Par ailleurs, les personnes âgées de plus de 60 ans présentent un risque majeur de formes sévères de la maladie. Il convient donc de ne pas les exposer au risque COVID-19, qu’ils soient votants ou membres du bureau de vote, en toute cohérence avec les autres décisions que vous avez prises pour cette tranche de la population.
Monsieur le président de la République, dans ce contexte, il nous semble indispensable de repousser les élections dans une démarche de protection de la santé de chacun de nos concitoyens.
Ne pas le faire reviendrait à exposer davantage les Français à ce danger.
Nous ne sommes en effet qu’au début de cette épidémie.
Dès à présent, la prise de décisions fortes et cohérentes doit nous permettre de ralentir la dynamique épidémique et de maintenir les capacités et performances du système de santé français à soigner les malades, tout en préservant la sécurité des professionnels.
Monsieur le président de la République nous vous remercions de l’attention que vous porterez à cette démarche, qui est celle de professionnels de médecine seulement soucieux de la santé et de la vie de leurs concitoyens.»
Olivier MARES, Docteur en chirurgie, Nîmes.
Marion FAGES, Docteur en Médecine de santé publique, APHP Sorbonne Université, Paris.
Laure ROUX, Docteur en pharmacie, PH d’hygiène hospitalière CHU Nîmes.
Stéphanie GIBERT, Docteur en Anesthésie réanimation, Groupe hospitalier Saint Vincent, Strasbourg.
Florent LAVERDURE, Docteur en Réanimation, Hôpital Marie Lannelongue, Paris.
Catherine PILORGE, Docteur en Réanimation, Hôpital Marie Lannelongue, Paris.
Christian BENGLER, Docteur en Réanimation, Responsable de la cellule qualité CHU Nîmes.
Gabriel BIRGAND, Docteur en Pharmacie, Responsable du centre de prévention des infections associées aux soins des Pays de la Loire, Nantes.
Arnaud DUPEYRON, Professeur de Médecine, Nîmes.
Pierre Luc MAERTEN, Docteur en médecine d’urgence, Chef de service du SAMU du CH d’Arras.
Emilie GALANO, Docteur en Médecine, Rééducateur, Nîmes.
Priscilla AMARU, Docteur en Réanimation, Hôpital Marie Lannelongue, Paris.
Frédéric PELLAS, Docteur en Médecine, Rééducateur, Nîmes.
Jean Yves LEFRANC, Docteur en Réanimation, Nîmes.
Thibault GENTIL, Docteur en Réanimation, Groupe hospitalier Saint Vincent, Strasbourg.
Marine VERGES, Docteur en cardiologie, Montpellier.
Éléonore EBERST, Docteur en dermatologie, Montpellier