HIC CECIDERUNT
Triste est ce jour d’été où les héros tombèrent,
Ils avaient combattu, ils étaient prisonniers
Non pas ceux que Bonchamp dans sa bonté libère,
Ceux-là périrent trahis par la parole reniée !
Triste pays breton où, par delà le temps,
L’épée du chevalier, la faux du laboureur
Forment la Croix Sanglante et Bénie du Sauveur,
De Blois à d’Hervilly, malheureux combattants !
Triste jour, triste champ, mais ce lieu de prières
Par Sainte Anne est aussi un chemin de Lumière,
Et la France affolée, au fond du désarroi
Viendra peut-être un jour pour y chercher son Roi !
+++++
I. Pincemaille – Fait à Pluvigner le 28 Juillet 2002. (jour de l’anniversaire du massacre d’Auray) voir immédiatement infra.
Je venais d’apprendre que ce Champ des Martyrs correspondait également au site de la fameuse bataille d’Auray en 1365, au cours de laquelle le prince Charles de Blois fut tué. (il y a vraiment des lieux prédestiné
L’histoire
Une grande allée d’acacias. Une chapelle bâtie dans un espace verdoyant. Le Champ-des-Martyrs, à Brec’h, est un lieu où l’histoire résonne. « L’histoire de France a frappé deux fois à Brec’h, observe Olivier Cojan, premier adjoint. En 1364, près d’ici, avec la bataille d’Auray et la guerre de succession des ducs de Bretagne ; en 1795 alors que des chouans et royalistes furent exécutés sur ce site. »
Cette année-là, des navires de partisans de la monarchie débarquent en baie de Quiberon. Face au général républicain Hoche, « l’expédition tourne mal, poursuit Olivier Cojan. Royalistes, chouans sont faits prisonniers. Hoche repart. Auparavant, il avait donné parole que les prisonniers ne seraient pas tués. » Il en fut autrement.
Son adjoint « les fait amener par vingt, ils descendent le chemin et sont exécutés dans ce champ ». À l’époque, un marécage dans lequel les troupes républicaines «ouvraient et rebouchaient des fosses, semaine après semaine ». Le champ « est devenu un charnier ». Au total, « 241 personnes » y auraient ainsi été tuées.
Chapelle expiatoire
Mi-mai 1814, sous Louis XVIII, les ossements sont transférés à La Chartreuse, à Brec’h, « pour que les soeurs puissent veiller sur eux ». Le duc d’Angoulême effectue une visite. À l’automne, il est décidé de créer deux monuments : « Un mausolée en marbre à La Chartreuse et une chapelle expiatoire ici. » Une souscription est lancée.
Il n’existerait « que deux chapelles expiatoires de ce type en France, indique Olivier Cojan. À Paris près de Miromesnil et ici. » La première pierre a été posée en 1823 par la duchesse d’Angoulême. La chapelle a été inaugurée avec faste en 1829, le même jour que le mausolée à La Chartreuse.
La chapelle du Champ-des-Martyrs, l’allée d’acacias et la croix qui ouvre sur cette dernière sont classées aux Monuments historiques. Devant l’entrée, la chapelle comporte quatre colonnes en granit bleu de Saint-Malo. Au-dessus de la porte, une inscription : « Hic cecide runt » (Ici ils tombèrent). Sur le fronton, une seconde : « In memoria eterna erunt justi » (Dans la mémoire éternelle, ils seront justes).
Initialement, l’architecte, Caristie, « avait prévu des ailes » au bâtiment : « Faute de budget, il s’est arrêté. » L’intérieur est sobre. Les matériaux utilisés : plâtre et bois. Flambeaux retournés, sablier avec des ailes d’ange, on retrouve « la même »symbolique qu’au mausolée de La Chartreuse.
Depuis sa construction, la chapelle n’a pas bougé. Immense, « la porte d’entrée est d’époque ». Un projet de restauration est à l’étude par la municipalité. Si la chapelle est ouverte au grand public uniquement lors des Journées du patrimoine, le site est accessible gratuitement toute l’année. « C’est un lieu unique, avec une atmosphère de recueillement », termine Olivier Cojan.
https://www.ouest-france.fr/bretagne/auray-56400/le-champ-des-martyrs-un-lieu-charge-d-histoire-5190476