De l’assassinat à l’ostracisme.
Préface de Pierre-Denis Boudriot.
Un petit ouvrage facile à lire et très bien fait qui nous plonge dans la période « la plus sombre de notre Histoire ». La fin de la seconde guerre mondiale, avec son lot d’ignominies, est une tâche indélébile. Ce livre rend hommage aux victimes des vainqueurs. Un hommage chaleureux et bien documenté à ces intellectuels qui avaient le sens du devoir et de l’honneur.
Il faut savoir gré à Léon Arnoux d’avoir composé ce florilège, le premier du genre, de poètes à ce point maudits que leur œuvre demeure, aujourd’hui encore, sous le coup d’une flétrissure originelle.
Grand prescripteur d’opinion et souverain proscripteur, le Comité national des écrivains, imprima le sceau d’infamie, en dressant dès le début de septembre 1944, la première de ses listes noires rendant publique la mise à l’index de nombreux auteurs, souvent de renom, qui furent donc réduits au silence.
(.) La panoplie des peines ne fut jamais aussi large. La fusillade, bien sûr, mais aussi les années de géhenne en prison, ou pire en centrale, l’indignité nationale, la confiscation des biens. L’oubli, sournois, acheva la besogne. Pour les poètes aussi.
Léon Arnoux est allé les chercher au fond de leur puits d’oubli.
La poésie carcérale s’impose d’abord comme l’expression d’une sensibilité exacerbée par les affres de l’enfermement. Le prisonnier vit dans l’attente et l’incertitude. Celle, immédiate, de son sort. Mais tout peut lui être source de tourments. L’épouse qui ne répond plus aux lettres, ni ne vient aux parloirs, les négligences de l’avocat, la mère qui se consume de désespoir.
Nombre des poèmes traduisent le paroxysme d’une souffrance ou d’une émotion. Ils témoignent souvent d’une élévation d’âme, particulièrement chez le condamné à mort, dont les poèmes ont les accents d’une foi découverte ou retrouvée.
(Extrait de la préface de Pierre-Denis Boudriot)