Irénisme et réalisme face aux clivages
■ Portrait de Louis XIV en costume de sacre, d’Hyacinthe Rigaud, Huile sur toile, 1701, Musée du Louvre, Paris. (©Wikimedia Commons)
Par Maître Jean-Philippe Carpentier – Avocat au barreau de Paris et consul honoraire du Luxembourg avec juridiction sur la Normandie.
Si l’histoire nous influence directement, parfois la pensée des personnage historiques alimente la réflexion et permet d’analyser le présent ou de se forger le caractère.
C’est ainsi que celle de Louis XIV confrontée au monde contemporain offre une approche originale qui face aux clivages de la société contemporaine alimente une perspective pour nous qui oscillons sans cesse entre irénisme et réalisme.
Pour s’en convaincre, d’abord, il échet de s’inspirer des conseils de Louis XIV sur ce qui permet de se forger le caractère.
La première approche est celle de la place du travail et l’importance d’avoir un caractère ferme, ce qui n’exclut pas, naturellement, de développer des idées autonomes.
« Le travail n’épouvante que les âmes faibles », Louis XIV place déjà le travail au cœur de l’activité et lance ainsi le débat très actuel de la place du travail dans la vie de la cité, d’une part, et de la vie personnelle et des loisirs, d’autre part.
Sur ce point, Louis XIV nous propose une solution de bon sens, celle de l’équilibre et du rôle essentiel de l’individu qui a, en lui-même, les ressources de savoir ce qu’il doit faire et donc d’opérer avec son libre arbitre les choix qui lui seront utiles car, disait-il « à qui peut se vaincre soi-même, il est peu de chose qui puisse résister. »
C’est ainsi qu’au plan du caractère individuel de l’irénisme de ceux qui sont persuadés que la société des loisirs doit prévaloir sur celle du travail aliénant, Louis XIV offre une autre voie, celle de la création et du dépassement de soi.
Il expose alors que « on ne fait jamais rien d’extraordinaire, de grand et de beau, qu’en y pensant plus souvent et mieux que les autres. »
Cette nouvelle voie ne se conçoit, cependant, que pour l’individu qui, loin du pusillanime, accepte de voir et comprendre le monde avec une forme d’honnêteté intellectuelle.
En effet, la vérité, et donc une forme de réalisme, prend ainsi une place centrale.
Loin des vies actuelles dans des mondes plus ou moins virtuels, Louis XIV, dans ses conseils, ramène constamment à la réalité en rappelant, de manière limpide, que « L’artifice se dément toujours, et ne produit pas longtemps les mêmes effets que la vérité ».
A l’aune de ces considérations sur les qualités personnelles Louis XIV revient sur l’exercice du pouvoir, souvent tenté d’osciller entre irénisme et réalisme.
Là encore, le souverain met en garde contre l’absolutisme, fait un pas de côté, et propose une voie lucide et de bon sens, celle de celui qui a le pouvoir et l’exerce, avec les qualités que Salomon avait demandées dans le Livre des Rois, à savoir « le discernement, l’art d’être attentif et de gouverner ».
Déjà Salomon se gardait bien des deux écueils que sont une illusion trop forte et un réalisme paralysant.
Dans les traces de ce roi de l’Ancien testament, et tout à sa fonction, Louis XIV se projette et affirme
« Il est bien plus facile d’obéir à son supérieur que de se commander à soi-même ; et quand on peut tout ce que l’on veut, il n’est pas aisé de ne vouloir que ce que l’on doit. »
Il veille ainsi au bien commun et non au sien propre, et donnant des préceptes à son descendant, il expose : « Les empires, mon fils, ne se conservent que comme ils s’acquièrent, c’est-à-dire par la vigueur, par la vigilance et par le travail. »
Rien n’est jamais acquis et même si le réalisme prévaut dans l’exercice du pouvoir, il faut avoir une vision de l’avenir, une vision à long terme, qui peut, pour sa part rejoindre les idéaux.
C’est ainsi que Louis XIV rappelle que pour avancer pour le bien de tous, il faut oser et même dépasser certaines règles.
Cette méthode, pertinente car loin des idéologies, Louis XIV la synthétise en posant les règles, leurs limites et la manière de les dépasser avec raison : « Nous devons aux règles mêmes et aux exemples l’avantage de nous pouvoir passer des exemples et des règles ».
L’exercice du pouvoir, dans le but du bien commun s’affranchit ainsi des notions d’irénisme et réalisme pour faire entrevoir au peuple tout entier, un chemin, un destin, bref le faire concevoir sa propre grandeur.
Aujourd’hui, dans les débats de société qui nous agitent, c’est peut-être dans l’exercice de la justice que se combattent le plus les irénistes et les réalistes, les uns plaidant pour un idéal inatteignable de rédemption et les autres pour une fermeté parfois illusoire.
Chacun sait combien l’exercice de la violence légitime par les forces de l’ordre est désormais au cœur du débat et là encore les pensées de Louis XIV peuvent offrir une approche différente et peut être plus féconde.
Restaurer une simple valeur aujourd’hui galvaudée, celle de l’honneur, offre une nouvelle voie, car, rappelait Louis XIV, « Les règles de la justice et de l’honneur conduisent presque toujours à l’utilité même ».
Il faut ainsi revenir à la Loi, tout simplement et l’appliquer, sans mansuétude, mais avec fermeté, probité et humanité.
Entre irénisme et réalisme, « il faut de la force assurément pour tenir toujours la balance de la justice droite entre tant de gens qui font leurs efforts pour la faire pencher de leur côté » disait encore le roi.
C’est ainsi qu’à force de travail, d’honneur et de probité, la question d’un irénisme laxiste ou celle d’un réalisme trop ferme trouveront une voie vers la sagesse, l’humanité et le bien commun.
https://www.lecontemporain.net/2023/08/irenisme-et-realisme-face-aux-clivages.html
Irénisme : attitude de compréhension et de charité, adoptée entre Chrétiens de confessions différentes pour l’exposé et l’étude des problèmes qui les séparent.
Nous laisserons quand à nous l’Irénsime aux franc-maçons. Car si la première des Loi Fondamentales du Royaume de France est la Loi salique ou Loi de Masculinité (on dit ausi Loi de Primogéniture Mâle), la seconde est la Loi de Catholicité
Le prédicateur Jésuite Louis Bourdaloue (1632-1704)
http://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_Bourdaloue
s’adressait ainsi à Louis XIV dans son sermon de Noel 1697:
–Pour ma consolation, je vois aujourd’hui le plus grand des Rois obéissant à Jésus-Christ et employant tout son pouvoir à faire régner Jésus-Christ, et voilà ce que j’appelle, non pas le progrès mais le couronnement de notre religion. Pour cela, Sire, il fallait un Monarque aussi puissant et absolu que votre Majesté !
Ici se trouvent Royalisme et Royauté !
-Avant d’être royaliste, je suis catholique et français. Je dirais même que JE ne SUIS ROYALISTE que PARCE QUE JE SUIS CATHOLIQUE ET FRANCAIS (Comte Maurice d’Andigné) !