[2009] [Jean Bojo – Credo] Le Sacré-Coeur, le Maréchal et Mgr Lefebvre
SOURCE – Jean Bojo – Credo n°195 – (via La Porte Latine) – novembre 2009
http://fr.wikipedia.org/wiki/Mur_de_Berlin
Chers amis,
« La chute du « mur de Berlin » il y a déjà 20 ans a été la conséquence de l’effondrement du comunisme, » nous dit-on. Cela est inexact; le mur était devenu inutile. Le matérialisme athée, le socialisme, avait franchi lentement sournoisement cette frontière et prenait possession de toute l’Europe. Moscou se déplaçait à Bruxelles.
La Russie matérialiste a répandu ses erreurs sur pratiquement toute la planète. Certes, il n’y a plus de camp de concentration ni de goulag. Ce n’est plus la persécution contre les « descendants » du Fils de Dieu, car ceux-ci pour la plupart se sont ralliés à la Révolution. Ce ralliement, cette capitulation, a été « signé» au Vatican lors du concile Vatican II. « Bruxelles » s’attaque maintenant directement au Père, à Dieu lui-même, en refusant la Loi du Sinaï; cette loi naturelle qui est en chacune des créatures de Dieu. Ces dix commandements, dont les principaux sont: tu ne tueras pas (avortement, euthanasie, etc…), tu ne commettras pas d’adultère…, tu honoreras père et mère …, tu respecteras le jour du Seigneur (le dimanche).
Notre Seigneur a dit: « Qui n’est pas avec Moi est contre Moi », « Qui me voit, voit le Père ». La France, notre France, fille aînée de l’Eglise, a oublié ces mots. Lucifer peu à peu a pris la place qui se libérait. Les bergers, c’est-à-dire, les évêques, se sont éclipsés. Ils ont lâchement abandonné les brebis. Lucifer est devenu le nouveau berger.
Pourquoi en est-on arrivé là? Parce que le lieutenant du Christ, Louis XIV, a refusé de mettre le Sacré-Coeur sur le drapeau royal, comme l’avait demandé Notre Seigneur à Sainte Marguerite Marie à Paray-le-Monial. Il a préféré mettre un « soleil ». Plusieurs demandes ont été faites en ce sens depuis cette époque, la dernière en 1942.
Écoutons Pierre Salgas nous raconter la scène dans son livre: Le Message de 1689 du Sacré-Coeur à la France (Ed. Résiac) :
«En 1942, sous l’impulsion de M. l’abbé Paul Merme, directeur de l’oeuvre de Jésus Ouvrier à Carcassonne, une souscription est ouverte pour offrir un fanion du Sacré-Coeur au Maréchal Pétain.
Le dimanche 10 janvier 1943, le fanion, d’une grande réalisation chrétienne et artistique, symbolisant la royauté du Christ et la vocation de la France, est porté à la cathédrale, exposé devant l’autel pendant la Grand’Messe solennelle et béni par Mgr Pays, évêque de Carcassonne. M. l’abbé Merme prononce une vibrante et prenante allocution.
Le 28 janvier 1943, une délégation de catholiques audois, conduite par l’abbé Merme, est reçue en audience publique par le Maréchal Pétain. Dans une émouvante adresse, l’abbé Merme présente le drapeau au Chef de l’Etat, qui en saisit aussitôt la haute signification: « monsieur l’abbé, dit le Maréchal, je suis très heureux et vraiment touché de votre démarche. J’ai toujolurs admis ces forces spirituelles dont vous me parlez et je tiens à ce qu’on y ait recours sous mon gouvernement ». Prenant le fanion dans ses mains et le serrant sur sa poitrine, le Maréchal ajouta: « Monsieur l’abbé, j’accepte avec bonheur ce fanion que vous m’offrez. Il sera mon drapeau ». Ce fut son drapeau, dont il ne se sépara pas…»
Cinq mois après ce grand événement suscitant la confiance et l’espoir, le 29 juin 1943, en la fête des apôtres Pierre et paul, M. l’abbé Merme écrivait une lettre au maréchal Pétain, lui rappelant la journée historique du 28 janvier, et, devant le fracas redoublé des batailles et l’aggravation des sacrifices, sollicitait de lui la réalisation de la troisième demande du Sacré-Coeur: la consécration officielle de la France, en s’appuyant sur cette parole de vérité: « La France ne peut revivre qu’en retournant aux forces spirituelles dont elle issue».
Le Maréchal convoquat aussitôt les membres de l’Episcopat français en vue de ce grand acte officiel qui devait être accompli avec foi publiquement et solennellement le 2 juillet 1943, fête du Sacré-Coeur, ou à une date aussi rapprochée que possible.
Malheureusement, le Maréchal ne put réaliser son désir, partagé par celui de millions de Français….
Le 12 juillet 1943, le secrétaire particulier du Maréchal faisait parvenir la lettre suivante à l’abbé Merme:
Monsieur l’Abbé,Monsieur le Maréchal a reçu le lettre du 29 juin par laquelle vous lui demandez, de façon pressante, de vouloir bien, au cours d’une cérémonie officielle, consacrer la France au Sacré-Coeur. Le Maréchal a été sensible aux sentiments d’affectueux attachements que vous lui avez exprimés à cette occasion et il vous en remercie.Votre projet est très louable et le Maréchal s’en est entretenu avec plusieurs hautes personnalités de l’épiscopat français. Si sa réalisation ne semble actuellement pas opportune, cela ne veut pas dire qu’elle soit écartée.Je vous prie d’agréer, monsieur l’Abbé, l’expression de mes sentiments déférents et dévoués.
Autrement dit, sous un beau langage, c’était un enterrement de première classe. Peu après, le 15 octobre 1943, à Alger, au nom du Gouvernement Provisoire de la République Française, le Général De Gaulle, ce « grand catholique », ce « saint » de la Patrie, rétablissait le Franc-Maçonnerie, comme s’en réjouissait dans ses mémoires son fils Philippe (page 347, tome II)…Alors, nous reviennent ces paroles de Claire Ferchaud écrites après la Grande Guerre: « Je pleure surtout sur l’Episcopat français qui, le premier, devait répondre à cet appel du Sacré-Coeur: « Je suis là! » Je ne puis retenir un frisson d’épouvante sur les responsabilités de cet épiscopat, sourd à la voix de Dieu, par égard à un petit nombre d’hommes, la plupart athées, agents de liaison de cette maçonneire qui tue notre France chrétienne » (A Loublande, le Sacré-Coeur et Claire Ferchaud).
Certes, en 1914-18, il y avait encore une majorité d’évêques favorables au Message de Marguerite-Marie, mais les plus influents étaient dans l’opposition en ce qui concerne la royauté sociale de Notre-Seigneur. Et la minorité est devenue, depuis, majoritaire, sinon unanime, surtout depuis le Concile Vatican II; De là viennent toutes ces lois de mort qui nous submergent, cette perversion généralisée et ce triomphe actuel (mais pas éternel, heureusement) de la Bête de l’Appocalypse. Si l’Episcopat avait aidé le Maréchal en 1943, assurément celui-ci n’aurait pas fini à l’Ile-d’Yeu et la France eût été sauvée. »
(Ce récit nous est relaté dans le numéro 381-382 de Lecture et tradition, BP – 86190 Chiré-en-Montreuil, sous la plume de Claude Mouton-Raimbault).
Non, ce n’était pas un enterrement de première classe…!
Le Maréchal a donné la raison pour laquelle il ne pouvait pas faire en plénitude cette Consécration de la France au Sacré-Cœur. Cela est rapporté dans le livre du Marquis de la Franquerie, « Le caractère sacré et divin de la royauté en France » (Ed. de Chiré – 1978), page 107 :
« […] Ajoutons que, pendant la dernière guerre, l’auteur de cette étude demanda au Maréchal Pétain – qui avait déjà réalisé la Consécration de la France au Coeur Immaculé de Marie dans l’église Saint-Louis de Vichy en mars 1943 -, de venir en personne, comme Chef de l’Etat, présider la cérémonie de Consécration des Familles de France en la Basilique du Sacré-Coeur de Montmartre. Le Maréchal avait accepté en principe ; il avait ajouté, avec une admirable humilité :
« Quant à la consécration de la France au Sacré-Coeur, seul le Roi de France est qualifié pour la faire afin de lui donner la plénitude de sa force… Je ne suis que le Chef de l’Etat. Je ne suis pas le Roi de France. » Mais le Maréchal ne refusait pas de faire cette Consécration comme Chef de l’Etat.
De son regard profond, le Vainqueur de Verdun, le Sauveur de la France, avait discerné le problème dans toute sa profondeur. Seule une grande âme comme la sienne pouvait comprendre.
Les événements se précipitèrent ; il fut emmené prisonnier en Allemagne et ne put donc réaliser son désir. »
Seul le Roi de France est qualifié pour la faire…!
Et pour aller à « Roi de France », la seule direction est Notre-Dame de Pontmain… Il n’y en a pas d’autre !
Chouandecoeur
-Quant à la consécration de la France au Sacré-Coeur, seul le Roi de France est qualifié pour la faire afin de lui donner la plénitude de sa force… Je ne suis que le Chef de l’Etat. Je ne suis pas le Roi de France.
On a dit que le Maréchal Pétain était Royaliste Providentialiste. Ceci pourrait corroborer notre thèse.
En ce qui concerne le drapeau au sacré-Coeur :
-Monsieur l’abbé, j’accepte avec bonheur ce fanion que vous m’offrez. Il sera mon drapeau ».
Ce fut son drapeau, dont il ne se sépara pas. Il se trouve aujourd’hui au musé de Vichy…