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Mais… Mais… ! (1)
« Mitte, Domine, mitigationes in cor meum, ut charitate « veritatis non amittam veritatem charitatis :
« Envoyez, Seigneur, envoyez dans mon cœur l’adoucissement « et le tempérament de votre esprit, afin qu’entraîné par « l’amour de la Vérité, je ne perde pas la vérité de l’Amour »
Saint-Augustin (La Cité de Dieu)
« La vérité qui n’est pas charitable cesse d’être la vérité. »
Saint-François de Sales
Pour ce 17 septembre à Pontmain, 17ème supplique à Dieu pour le retour du roi, je voudrais vous faire part d’une réflexion que j’avais écrite il y a quelques années, et conservée sans jamais la diffuser.
Aujourd’hui, deux raisons me poussent indiciblement à le faire maintenant, et ces deux choses concernent la prière, et quelle prière puisqu’il s’agit de La Prière par excellence, Le Notre Père. Ces deux raisons sont, d’une part, un événement nouveau, et d’autre part un constat attristant fait à chacun de nos pèlerinages de Supplique à Pontmain.
Mauvaise traduction :
L’événement nouveau, c’est la nouvelle traduction de la Bible à paraître chez Mame le 22 novembre prochain, qui offre une meilleure traduction française du Notre Père, notamment dans sa partie finale, plus particulièrement dans sa 6ème demande, traduite actuellement de façon blasphématoire par cet « Et ne nous soumets pas à la tentation », et remplacée par : « Et ne nous laisse pas entrer en tentation ».
Le constat attristant est la conséquence de cette mauvaise traduction qui perdure depuis trop de temps (1966 – bientôt 50 ans). Cette conséquence nous la vivons tous lors de nos pèlerinages de la Supplique à Pontmain… Vous avez dû le remarquer comme moi, c’est l’horrible cafouillage auditif qui se produit à la fin de nos Notre Père, chacun disant la formule qu’il trouve la meilleure !
Vraiment, la traduction « moderne » du Notre Père révèle, s’il le fallait encore, la division des catholiques… Et en fait, la bonne question à se poser est plutôt la suivante : Est-ce que cette mauvaise traduction « révèle » ou « provoque » cette division ?
Car il s’agit bien d’une « mauvaise » traduction en français !
Et même pire !
En réalité, la traduction française de 1966, allie faute de français, erreur de sémantique, irrespect, et blasphème pour clore le tout.
Il est même incroyable qu’en 1966, les responsables et éminents spécialistes de tout ce travail réalisé sur le Notre Père aient laissé passer de telles fautes qui sont purement et simplement de triviaux contresens qu’un professeur de grec et de latin de sixième classique de l’époque n’aurait pas manquer de noter avec un zéro pointé et une ou deux heures de colle à la clé !
Mais passons…
Fraude !
C’est au début de 1964 qu’une commission mixte (catholiques, orthodoxes, protestants) entreprit, dans un esprit d’œcuménisme, de faire adopter une traduction commune du « Notre Père ». La nouvelle traduction fût imposée pour Pâques 1966. Une autre information, de taille celle-là, provenant de membres actuels du haut et bas Clergé, est qu’en réalité, les initiateurs du « nouveau Notre Père » de 1966 ont voulu une traduction commune, surtout avec celle des protestants dont l’ancienne était la plus éloignée.
Pour ce faire et surmonter des difficultés ontologiques de chacun, on se fit faussaire et on frauda les mots… en y intégrant sans aucune honte, qui les fautes de français, qui les erreurs de sémantique, qui le blasphème ! Cette commission pensait-elle qu’en agissant ainsi elle appliquerait rigoureusement les citations de :
. Jean Jaurès : « Quand les hommes ne peuvent changer les choses, ils changent les mots. »,
. Albert Camus : « Mal nommer les choses c’est ajouter au malheur du monde. »,
. Platon : « La perversion de la Cité commence par la fraude des mots,
et que sa traduction deviendrait ainsi l’un des facteurs, voire LE facteur de la division des catholiques ?
Aussi, pour proposer une bonne traduction, qui tienne compte à la fois de l’esprit et de la lettre des textes grec et latin, nous allons commencer par donner, pour chaque demande de la prière, les versions grecques et latines, – comme références – puis française d’avant 1966 et française d’après 1966 (cette dernière, nous l’appellerons « moderne »). La version grecque sera écrite en caractères latins pour venir en aide à ceux qui ne lisent pas les caractères cyrilliques, et écrit phonétiquement avec la prononciation « comme les Grecs le prononcent, comme on le prononce dans la liturgie grecque » (Yves Daoudal – voir son étude sur le Notre Père en grec) :
http://yvesdaoudal.hautetfort.com/list/conferences/le-notre-pere-en-grec.html
En même temps, nous analyserons la version française « moderne » en faisant ressortir les erreurs qui l’entachent et qui font d’elle une traduction exécrable.
Cette lettre sera particulièrement longue, aussi, nous l’écrirons en deux étapes.
La première étape (17 Septembre 2013) traitera de la première partie du Notre Père, depuis « Notre Père… », jusqu’à « … sur la Terre comme au Ciel ».
La seconde étape sera pour le 17 octobre 2013. Elle traitera la seconde partie de la prière, depuis « Donnez-nous aujourd’hui… », jusqu’à la fin.
Et c’est seulement à la toute fin de ces lettres que leur titre unique pourra être compris… !
La prière dans son ensemble :
Nous allons utiliser la règle suivante et écrire :
. En gris : Le texte en grec (en caractères latins)
. En noir : Le texte en latin
. En bleu : texte en français, (avant 1966)
. En rouge : texte en français (après 1966)
Mais avant de commencer, écrivons d’abord le Notre Père dans sa globalité dans ces quatre versions pour avoir à l’esprit ce sur quoi nous allons travailler :
00. Pater imóne o en dis ouranís,
Pater noster, Qui es in coelis,
Notre Père, Qui êtes aux cieux,
Notre Père, Qui es aux cieux,
01. Hayiasthíto to onomá sou,
Sanctificeturnomentuum,
Que Votre Nom soit sanctifié,
Que Ton Nom soit sanctifié,
02. Eltheto i vassilía sou,
Adveniatregnumtuum,
Que Votre Règne arrive,
Que Votre Règne vienne,
03. Yenithito to thélimá sou,
Fiat voluntas tua,
Que Votre Volonté soit faite,
Que ta volonté soit faite,
Os èn ourano kai epí tis yis ;
Sicut in coelo et in terra ;
Sur la terre comme au ciel ;
Sur la terre comme au ciel ;
04. Tone artone imone tone epioussione dhos imin simerone ;
Panemnostrumquotidianum da nobishodie,
Donnez-nous aujourd’hui notre pain quotidien (ou de chaque jour),
Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour,
05. Kai aphès imíne ta ophilimata imóne,
Et dimittenobisdebitanostra,
Pardonnez-nous nos offenses,
Pardonne-nous nos offenses,
Os kai imís aphíémène tis ophilétais imóne ;
Sicut et nos dimittimusdebitoribusnostris ;
Comme nos pardonnons à ceux qui nous ont offensés ;
Comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés ;
06. Kai mi issénènguis imás is pirasmóne,
Et ne nos inducas in tentationem,
Et ne nous laissez pas succomber à la tentation,
Et ne nous soumets pas à la tentation,
07. Allá rhissai imas apo tou ponirou.
Sed libera nos a malo,
Mais délivrez-nous du Mal,
Mais délivre-nous du Mal,
Amen.
Ainsi soit-il.
Amen.
Comparaison et analyse :
On voit immédiatement que la prière du Notre Père, donnée à nous par le Christ lui-même, comporte 3 grandes parties :
. 1 vocatif (00),
. 3 souhaits-implorations (01, 02, 03),
. 4 demandes (04, 05, 06, 07).
Le rythme de la prière est important car, selon son tempo le sens n’est pas le même. Pour que les mots s’ajustent à l’esprit de la prière, celle-ci doit donc être dite à haute voix et, si possible, proclamée, sinon déclamée.
Avant 1966, nous utilisions une traduction française du Notre père qui remontait fort loin dans le temps (plusieurs siècles) et qui était acceptée par tout le monde. Elle faisait l’unanimité d’abord parce qu’elle ne présentait pas d’erreur théologique, collait parfaitement au texte latin et qu’elle était dans un français parfaitement correct.
Nous allons reprendre à présent chaque phrase du Notre Père, en faire si besoin l’analyse logique, de même que l’analyse grammaticale de certains mots, puis donner la traduction qui semble la plus appropriée pour coller au mieux au texte latin.
00. Pater imóne o en dis ouranís,
Pater noster, Qui es in coelis,
Notre Père, Qui êtes aux cieux,
Notre Père, Qui es aux cieux,
Vous ou Tu ?
C’est le vocatif évoqué plus haut. C’est donc l’adresse directe au Père. Cette phrase pourrait débuter par «Ô» qui marquerait encore plus le vocatif.
Ici la forme de l’adresse à Dieu le Père va conditionner tout le reste de la prière.
La question importante est : Allons-nous vouvoyer ou tutoyer Dieu Le Père ?
La traduction d’avant 1966 vouvoie le Père. La traduction « moderne » Le tutoie.
Cela n’a rien de surprenant d’avoir choisi de tutoyer Dieu si l’on considère l’état d’esprit « protestant » dans lequel la commission a travaillé, car c’est bien le mode d’expression que l’on trouve chez les protestants, majoritairement anglo-saxons. En effet le tutoiement anglais (Thou, Thee, Thy/Thine) est une marque de respect et n’est plus utilisé pratiquement que pour Dieu.
Finalement on a traduit littéralement et sans finesse un « anglicisme liturgique » sans aucune considération du génie de la langue française.
En français, l’adresse de politesse et de respect se manifeste uniquement par le pluriel de politesse, dans le « Vous » et non dans le « Tu ». Ce pluriel de politesse est employé envers les personnes de haut rang et les grands personnages… et en particulier envers Dieu.
Et c’est là que le génie de la langue se révèle !
En vouvoyant Dieu, le français s’adresse, par le même mot, respectueusement à l’Unique dans la Sainte Trinité par le pluriel de politesse ; comme il s’adresse concomitamment aux Trois Personnes divines par le pluriel de nombre.
On a d’abord essayé de nous expliquer qu’en réalité la traduction a voulu montrer la familiarité que l’on doit à Dieu. Fort bien ! Mais je constate qu’on perd ainsi un mode unique d’expression de l’adoration qu’on doit à Dieu dans Sa Sainte Trinité… En français, un seul mot, « Vous », et tout le mystère de la Sainte Trinité est exprimé !
Le but de la commission n’était-il pas de traduire en français… Alors pourquoi pas en « bon » français et avec tout le génie de la langue ?
On a ensuite essayé de nous expliquer qu’on s’adressait au Père et non aux autres Personnes divines. Mais cet argument démontre la totale méconnaissance de l’Être Divin, à la fois Père et Fils et Saint-Esprit. Les Trois Personnes ne sont point séparées… Elles ne sont que distinctes… Tout est expliqué dans la réponse du Christ à Philippe (Jean 14:9) : « Philippe ! Philippe ! Tu Me connais depuis si longtemps et tu ne connais pas le Père ? Celui qui m’a vu a vu le Père ». On ne peut ainsi s’adresser au Père qu’en « touchant » les deux autres Personnes dans l’Unité de la Sainte Trinité.
Nous vouvoierons donc Dieu Père !
Voyons la suite.
01. Hayiasthíto to onomá sou,
Sanctificeturnomentuum,
Que Votre Nom soit sanctifié,
Que Ton Nom soit sanctifié,
02. Eltheto i vassilía sou,
Adveniatregnumtuum,
Que Votre Règne arrive,
Que Votre Règne vienne,
03. Yenithito to thélimá sou,
Fiat voluntas tua,
Que Votre Volonté soit faite,
Que ta volonté soit faite,
Os èn ourano kai epí tis yis ;
Sicut in coelo et in terra ;
Sur la terre comme au ciel ;
Sur la terre comme au ciel ;
Il va de soi que la dernière phrase « Sur la Terre comme au Ciel » est commune pour les trois souhaits/implorations la précédant.
Ainsi il faut comprendre :
« Que Votre Nom soit sanctifié sur la Terre comme au Ciel »,
« Que Votre Volonté soit faite sur la Terre comme au Ciel »,
Mais ces deux souhaits/implorations ne posent pas de problème de traduction.
Venir ou advenir ?
Arrêtons-nous un instant sur la deuxième imploration qui, elle, a encore été traduite en 1966 pour faire plaisir aux protestants, avec une faute notoire de sémantique doublée de la musicalité désagréable pour les oreilles du « règne vienne ».
Sémantiquement parlant, on ne souhaite ni on n’implore quelque chose que l’on sait être en train de se passer dans le temps présent.
Si le Christ nous incite à souhaiter et implorer le Règne de Dieu sur la Terre, c’est donc que le Père a bien, dans son plan d’origine, le projet que ce règne se concrétise effectivement dans le monde matériel, en particulier sur notre planète Terre, comme il existe effectivement dans le monde spirituel, le Ciel. Si ce n’était pas dans les plans du Père, Jésus ne l’aurait même pas évoqué (… car Je fais la volonté de Mon Père qui est dans les Cieux). Ce règne est donc planifié !
Vous allez me rétorquer que l’on peut très bien souhaiter à un ami qu’il vienne nous rendre visite, par une phrase comme celle-ci : « Que tu viennes me voir. J’en serai très heureux ». C’est exact ! Cette phrase est correcte et le verbe venir est ici pleinement justifié. Mais dans ce cas, le sens est très différent car il sous-entend que l’ami en question n’est pas encore parti de chez lui.
Or Dieu est déjà parti de chez Lui vers nous, et le règne de Dieu est en train de venir, c’est incontestable ! Depuis la chute de l’Homme, Il est passé de la conception du Salut par le Père, à sa réalisation sur Terre par l’Incarnation, la passion, la mort, la résurrection du Fils et la fondation de la Sainte Église. Le Salut est déjà « advenu » sur la Terre, mais le règne de Dieu n’est pas encore « advenu », c’est-à-dire qu’il n’a pas encore touché sa destination, la Terre, comme ce 2ème souhait, ainsi que le précédent et le suivant, le circonstancie.
Le français utilise, dans le langage courant, deux synonymes du verbe « advenir ». Ces deux verbes, issus du monde des mariniers et marins, lui donnent une précision supplémentaire. Ces deux verbes, vous les connaissez bien, sont « ar-river » (advenir à la rive ou toucher la rive), et « ac-coster » (advenir à la côte ou toucher la côte).
Tous deux signifient bien que la destination finale est atteinte… Or on souhaite justement dans la prière que le Règne de Dieu touche au but, s’installe et s’établisse définitivement sur la planète Terre… Ce qui n’est pas encore le cas !
Les verbes les plus appropriés pour coller au mieux au sens de la phrase sont : advenir et arriver. Arriver est plus courant qu’advenir qui est relativement peu usité.
Nous dirons donc : « Que Votre règne arrive » !
La suite au 17 octobre prochain, si Dieu le veut !
Chouandecoeur chouandecoeur@orange.fr
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