La république et la vérité by koltchak 91120
Grande question qui n’a pas fini de faire couler des hectolitres d’encre.
Ainsi donc, le général Paul Aussaresses nous a quitté, le 4décembre 2013 il avait 95 ans. Engagé durant la seconde guerre mondiale, il fera partie des commandos d’élite parachutés derrière les lignes ennemies avec pour mission de coordonner les opérations des divers mouvements de résistance, et leur apporter toute l’aide technique et tactique dont ils avaient besoin. Après la guerre il participe à la création du 11ème Choc, puis participera à la guerre d’Indochine, puis à celle d’Algérie où il est appelé par le général Massu.
On a beaucoup dit de mal de cet homme. La république, bonne fille, comme d’habitude, lui a même retiré la Légion d’Honneur, sur demande de Jacques Chirac, ci-devant président. Le Grand C. poussera même l’indignité jusqu’à exiger que le ministère de la Défense prenne des sanctions disciplinaires à son encontre :
Communiqué de la Présidence de la République à la suite des déclarations du général AUSSARESSES
PRÉSIDENCE DE LA RÉPUBLIQUE
Paris, le 4 mai 2001
COMMUNIQUÉ
Horrifié par les déclarations du général AUSSARESSES, le Président de la République condamne une nouvelle fois les atrocités, les actes de torture, les exécutions sommaires et les assassinats qui ont pu être commis pendant la guerre d’Algérie. Rien ne saurait jamais les justifier.
Le chef de l’État a demandé au Grand Chancelier de la Légion d’honneur d’engager immédiatement la procédure de suspension de l’intéressé dans notre Ordre national.
NDLRB. Le Général était alors commandeur de la Légion d’honneur.
Il a également saisi le ministre de la Défense pour que lui soient proposées les sanctions disciplinaires qui peuvent être prises contre ce général.
Le Président de la République souhaite que les historiens soient en mesure de faire rapidement toute la lumière sur les responsabilités en accédant aux archives de l’époque. Toute la vérité doit être faite sur ces actes injustifiables, qui ne doivent pas faire oublier les millions de jeunes Français, d’origine algérienne ou métropolitaine qui se sont battus avec courage et honneur.
Horrifié qu’il était le Grand C. Comme tous les abrutis qui jugent, en utilisant les critères actuels, des faits il y a bien longtemps. Parce qu’on a oublié que c’est la république, aujourd’hui horrifiée, qui a confié à des militaires la tâche du maintien de l’ordre dans ce qu’on appelait alors le Grand Alger.
Ce qui horrifiait les gens à l’époque, c’était cette guerre asymétrique dans laquelle l’ennemi, dépourvu d’uniforme, se fondait dans la masse de la population. C’était ces attentats à la bombe qui, pratiquement tous les jours, tuaient des civils, arabes comme européens aux terrasses des cafés, dans les souks, dans les transports en commun.
Ce qui horrifiait la population algérienne, c’était tous ces massacres de villageois perpétrés par le FLN. Qui se souvient encore aujourd’hui des massacres de Melouza (301 arabes massacrés à la hache et la pioche, 150 blessés), la nuit rouge de la Soumam (150 arabes égorgés) , le massacre d’Oued-Amizour, le massacre de Béni Illmane (300 égorgés), etc. ad nauseam. Sans parler des 6000 algériens de la métropole égorgés parce qu’ils refusaient de payer l’impôt révolutionnaire, ou qu’ils vivaient avec une française, ou bien encore soutenaient la France ?
Le gouvernement voulait des résultats et il les voulait rapidement. Que faire ? Respecter la déontologie policière alors qu’on est pas policier, que des dizaines voire des centaines de vies sont en jeu et perdre un temps précieux qui s’égrène en lettres de sang ? Ou bien faire ce qu’il faut pour obtenir des renseignements qui conduiront non seulement à préserver des vies mais également à obtenir la victoire contre une ennemi insaisissable ?
On oublie que lorsque les pourparlers des accords d’Evian s’engagèrent, le FLN et l’ALN avaient été proprement décapités. Chefs et sous-chefs de réseaux avaient été soit arrêtés, soit tués. Nombre de fellaghas s’étaient alors évaporés dans la nature, quand ils n’avaient pas rejoint les rangs de l’Algérie française. Les plénipotentiaires algériens ne représentaient pratiquement qu’eux-mêmes, l’armée française avait la maîtrise du terrain. Et pourtant, tout fut soldé contre un plat de lentilles, les populations européennes livrées à elles-mêmes, devant fuir ou se faire massacrer, quant aux harkis, ils connurent le même sort que les Hmongs que nous avions abandonnés en Indochine.
Le tort de Paul Aussaresses ne fut pas de torturer de soi-disant soldats sans uniforme et sans honneur, assassins patentés. En acceptant, en conscience d’endosser la responsabilité des actes qui furent commis sous son commandement, il participa à la victoire militaire de nos armes en Algérie. Son seul tort fut de révéler ce que savaient tous ceux arrivés à un certain de gré de responsabilité, mais avaient toujours tu. Son seul tort fut de montrer la sale gueule de cette république ingrate.
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