Selon un homme d’Eglise nantais, Xavier Dupont de Ligonnès, qui «ne venait jamais à l’église », persécutait sa femme sur sa façon de concevoir la foi chrétienne.
Par Le Figaro
Publié le 10 juin 2011 à 09:03, mis à jour le 10 juin 2011 à 09:04
Lorsque l’ancien prêtre de la paroisse de Saint-Félix a appris, le 21 avril dernier, que les corps de cinq victimes avaient été découvertsdissimulés sous la terrasse d’une maison nantaise, il a immédiatement fait le rapprochement avec la famille Dupont de Ligonnès. « J’y ai tout de suite pensé », a-t-il confié jeudi à une radio locale. «Je craignais un coup d’éclat [dans le couple], je ne savais pas du tout ce qui pouvait se passer mais il y avait une tension telle, sur les questions religieuses…». Et d’ajouter ; « Moi je dirais presque que c’est un peu à cause de sa foi que cette famille a été tuée, c’est ma conviction personnelle (…) Je dirais de leur mort qu’il y a un côté martyr».
Un différend religieux à l’origine de la tuerie de Nantes ? Selon ce prêtre, proche d’Agnès Dupont de Ligonnès, les tensions sur le sujet au sein du couple étaient permanentes. D’un côté, Xavier Dupont de Ligonnès, qui, selon l’ecclésiastique, «n’était pas chrétien» et «ne venait jamais à l’église». De l’autre, sa femme, Agnès, qui « avait trouvé force et bonheur avec ses enfants dans leur cheminement religieux ». « Sur la façon de concevoir la foi chrétienne il y avait des tensions et lui l’agressait continuellement sur cette question-là », assure-t-il. « C‘était une véritable persécution qu’il faisait à sa femme, il se moquait d’elle».
Dérive sectaire
L’homme d’Eglise confie avoir reçu plusieurs mails de la part d’Agnès Dupont de Ligonnès : elle s’adressait à lui pour savoir quoi répondre à son mari lors des « coups durs » à la maison. « Je me disais, ce n’est pas possible que ça tienne comme ça longtemps, je pensais à une rupture du couple mais je ne pensais pas que ça irait là», ajoute-t-il.
Selon Georges Fenech, président de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaire (Miviludes), Xavier Dupont de Ligonnès a baigné pendant son enfance dans une ambiance « mystique » et « très anxiogène ». Sa mère Geneviève, avait créé un « groupe de prière » comportant « des risques de dérives sectaires». Un cercle très fermé, obnubilé par « l’apocalypse », auquel le principal suspect de la tuerie a admis avoir appartenu. Une éducation religieuse particulière qui a pu laisser des traces. En avril 2010, le fuyard s’interrogeait encore, sur un forum catholique, sur la « nécessité des sacrifices » : « En quoi Dieu a-t-il besoin, ou envie, qu’on Lui offre la mort d’une bête, d’un enfant, d’un homme… de son fils? », écrivait-il le 20 mars 2010 sur un forum catholique, dont il a par la suite été exclu pour «comportement agressif ». Toujours sur Internet, il confiait en 2009 être en train de « perdre la foi ».
Le prêtre nantais ne précise pas si les « tensions religieuses » qui habitaient le couple étaient liées à ces dérives mystiques. « Je ne peux pas en dire plus, tenu par le secret de la confession », assure-t-il, précisant qu’il n’avait pas été entendu par les enquêteurs.