Mais ce qui m’a le plus réchauffé le cœur et conquis l’esprit, sans aucun doute, c’est ce passage où Travers met en évidence combien cette époque était bien peu utilitariste, combien elle envisageait ce qu’elle ne nommait sans doute pas “économie”, sans le moindre souci d’économisme : aucune attirance pour le rapport du comptable, guère de goût pour la spéculation dans le courant des pratiques. Il y avait certes de la fortune, l’intérêt pour le gain, la considération pour les biens, mais rien de tout cela qui fût dictateur de la pensée et exclusif des élans de l’esprit, comme l’on en voit si souvent aujourd’hui le modèle exalté.
« On ne comprend rien au Moyen-Âge si l’on se limite à une vision purement individualiste de l’ordre social. Il faut faire table rase des idées modernes et accepter de se plonger dans un univers nouveau. Deux exemples permettent de le faire comprendre. Tout d’abord, la construction des cathédrales. Celle-ci n’a aucun sens d’un point de vue individualiste : les ressources nécessaires étaient considérables et les conditions de vie modestes. Pourquoi les hommes ont-ils “consumé” tant de ressources pour élever ces édifices, plutôt que de les “consommer” pour leur propre plaisir ? Il nous faut admettre que les fins spirituelles primaient sur les fins matérielles… »
….
Notes
(*) ‘Économie médiévale et société féodale. Un temps de renouveau pour l’Europe’, de Guillaume Travers, collection ‘Longue mémoire’, La Nouvelle Librairie/Institut Illiade.
https://reseauinternational.net/memoire-medievale/
(Merci à A.L. de son envoi)