Lors de la célèbre nuit du 4 août 1789, l’Assemblée nationale constituante a voté l’abolition des privilèges féodaux. Jusque-là, il y avait les nobles, les membres du clergé et ceux du tiers-état. Les deux premiers jouissant de privilèges que n’avaient pas les troisièmes. Désormais, les citoyens étaient tous égaux en droit.
C’est un événement historique majeur qui fonde la future République Française ; et cette égalité des droits inspirera la fameuse Déclaration des droits de l’homme.
En cette année 2021, 230 ans plus tard, pour la première fois dans l’histoire de la République, un gouvernement, après avoir instillé la peur dans tout le pays, a bafoué le principe d’égalité et créé deux catégories distinctes de citoyens : les vaccinés et les non-vaccinés. Les premiers, munis d’un passe sanitaire ou vaccinal ont le droit de travailler, de se déplacer librement, d’aller boire ou manger dans un lieu public, d’entrer dans un cinéma, un théâtre, une salle de concert. Les seconds n’en ont pas le droit.
C’est unique dans les annales de la République. Une sorte de régime d’apartheid est créé en France. Et l’on entend déjà certains, voulant le pousser plus loin encore, appeler à ne pas rembourser les soins aux non-vaccinés qui tombent malades, voire à ne pas les soigner du tout. On atteint des degrés d’hystérie et d’ignominie inégalés. On a mis le doigt dans un engrenage dont nul ne peut prévoir les conséquences si l’on n’y met pas très vite un coup d’arrêt. Car, enfin, introduire une différence, au nom d’un vaccin, entre les citoyens est un racisme hygiéniste qui ne dit pas son nom. Réglementer la vie privée des citoyens est d’essence totalitaire.
Si notre pays comporte désormais deux types de citoyens, le vacciné et le non-vacciné, être inférieur, objet de vindicte et de mépris, comme jadis il y avait le noble et le roturier, objet de mépris du premier, on n’est plus en république : la devise Liberté, Égalité – des droits – ne veut plus rien dire. Quant à la Fraternité, elle s’éteint dans un climat de délation et de mises en cause plus ou moins virulentes des méchants par ceux qui croient être les bons.
Et l’argument de la protection qui justifierait cet apartheid médical ne tient pas, puisque le non-discriminé parce que vacciné est dit protégé. Le discriminé parce que non vacciné ne lui fait donc courir aucun risque. Donc, pourquoi lui interdire de se déplacer, de travailler ou d’accéder à certains lieux publics comme les autres ?
Avec le trio Castex-Véran-Macron, nous sommes retournés avant la nuit du 4 août 1789. L’état de vaccination, comme alors la naissance, détermine deux types de citoyens, avec des droits différents : le piqué et le non-piqué. Et cet état se perpétue au rythme des rappels, selon un rythme dépendant du bon plaisir du prince.
Si l’on ajoute à cela l’évidente exagération du mal et l’absurdité des règlements s’appliquant aux vaccinés – car, enfin, le système féodal, bien que contestable, avait encore un sens -, force est d’admettre qu’on est là dans un système dont on ne sait s’il faut le qualifier d’ubuesque ou de grotesque. Les deux « viandes comiques » qui, s’appuyant sur les thèses de quelques Diafoirus, viennent régulièrement présenter leurs mesures à la télévision ou les faire voter à l’Assemblée ont à leur actif un tel florilège d’inepties – jusqu’à l’interdiction de boire et de manger dans un train ou la réglementation de la hauteur à laquelle il faut prendre son café – qu’on se demande parfois s’il ne s’agit pas de pervers politiques ou de fous à lier.