« (…) Monsieur le président, madame, messieurs les ministres, mes chers collègues,
que l’on ne s’y trompe pas la logique du processus de l’engrenage économique et politique mis au point à Maastricht est celle d’un fédéralisme au rabais fondamentalement anti-démocratique, faussement libéral et résolument technocratique, L’Europe qu’on nous propose n’est ni libre, ni juste, ni efficace. Elle enterre la conception de la souveraineté nationale et les grands principes issus de la Révolution : 1992 est littéralement l’anti 1789. Beau cadeau d’anniversaire que lui font, pour ses 200 ans, les pharisiens de cette République qu’ils encensent dans leurs discours et risquent de ruiner par leurs actes !
Je sais bien que l’on veut à tout prix minimiser les enjeux et nous faire croire que nous ne cédons rien d’essentiel en ce qui concerne notre indépendance ! Il est de bon ton, aujourd’hui, de disserter à l’infini sur la signification même du concept de souveraineté, de le décomposer en menus morceaux, d’affirmer qu’il admet de multiples exceptions, que la souveraineté monétaire, ce n’est pas du tout la même chose que l’identité collective, laquelle ne courrait aucun risque. Ou encore que l’impôt, la défense, les affaires étrangères, au fond, ne jouent qu’un rôle relatif dans l’exercice de la souveraineté,
Toutes ces arguties n’ont en réalité qu’un but : vider de sa signification ce mot gênant pour qu’il n’en soit plus question dans le débat.
La méthode est habile. En présentant chaque abandon parcellaire comme n’étant pas en soi décisif, on peut se permettre d’abandonner un à un les attributs de la souveraineté sans jamais convenir qu’on vise à la détruire dans son ensemble.
Le procédé n’est pas nouveau. Il y a 2500 ans déjà, de demi-longueur en demi-longueur, Achille se rapprochait en courant de la tortue de Zénon sans jamais la rattraper .., Seulement, ce n’est là que paradoxe. Dans la réalité, Achille gagne bel et bien la course ; de même, à force de renoncements, aussi ténu que soit chacun d’eux, on va bel et bien finir par vider la souveraineté de son contenu. Car il s’agit là d’une notion globale, indivisible comme un nombre premier. On est souverain ou on ne l’est pas ! Mais on ne l’est jamais à demi. Par essence, la souveraineté est un absolu qui exclut toute idée de subordination et de compromission. Un peuple souverain n’a de comptes à rendre à personne et n’a, vis-à-vis des autres, que les devoirs et les obligations qu’il choisit librement de s’Imposer à lui-même.
Souvenez-vous du cri de Chateaubriand à la tribune de la Chambre, en 1816 : « Si l’Europe civilisée voulait m’imposer la charte, j’irais vivre à Constantinople. »
La souveraineté, cela ne se divise pas ni ne se partage et, bien sûr, cela ne se limite pas. (…) »
30 ans jour pour jour, 5 mai 1992 :
Discours de Philippe Séguin contre le traité de Maastricht.
Après le référendum grec de 2015 refusant l’austérité portée par la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, alors président de la Commission européenne, déclarera qu’ « il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens. »
Les Grecs ont voté contre, ils auront malgré tout à appliquer le programme financier porté par les institutions européennes, qui assument désormais la mise en œuvre de politiques contre l’avis des peuples.
« Fédéralisme au rabais fondamentalement anti-démocratique, faussement libéral et résolument technocratique » trente ans après le discours de Philippe Séguin, les supranationalistes avancent désormais à visage découvert.
Illustration : Philippe Séguin à l’Assemblée nationale le 5 mai 1992, AFP.
Pour aller plus loin : la regrettée Coralie Delaume (préface Natacha Polony), « Nécessaire souveraineté », éditions Michalon, 2021.
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« Nous avons beaucoup appris et rien oublié », pourrions-nous dire en paraphrasant le prince de Talleyrand. Mais, hélas, la dernière péripétie électorale de la République nous a confirmé dans la certitude que la majorité de nos compatriotes vit autrement cette fin de civilisation.
L’âme, l’imaginaire d’un peuple, au-delà des langues, est un bloc significatif par lequel se définissent toutes les valeurs, l’oublier, c’est se livrer à toutes les escroqueries. Faut-il que le roi qui en est le couronnement le rappelle?
Ce n’est pas la France qui est en train de mourir, c’est la République Française.
Après, il y aura le Roi.
Notre travail est de préparer son retour.
Comme disait François-Marie Algould, il faut PRIER ET AGIR, AGIR ET PRIER… ET ESPERER !