Jean-Yves Pons. La grande misère de nos soldats du feu vaut bien celle du reste de nos armées.

Et ils savent qu’ils ne sont pas au bout de leurs peines. Lundi 18 juillet, face à l’aggravation de la situation des incendies de Gironde, quelques renforts en effectifs, véhicules et avions… empruntés à quelques pays amis étaient attendus pour faire face aux 44 °C annoncés. Ces températures ne feront qu’alimenter les deux brasiers que plus de 1 500 pompiers tentent en vain de contenir depuis déjà huit jours. Les flammes ont ravagé 14 000 hectares de forêts en moins d’une semaine et ne cessent de progresser. Heureusement, très peu de bâtiments ont été touchés et aucune victime n’est à déplorer, mais les pompiers anticipent un combat qui s’annonce de longue durée contre les éléments.

En effet, les pins maritimes caractéristiques des larges massifs du département sont gorgés de résine et hautement inflammables. Si l’on ajoute à cela le vent, la sécheresse qui s’installe depuis des mois et les températures caniculaires, toutes les conditions sont réunies pour faire des forêts girondines une poudrière. Et  ce qui doit arriver arrive : ils explosent !

Cette concomitance oblige les pompiers à diviser les équipes et le matériel sur des feux qui nécessiteraient chacun une concentration des moyens. Face à cette situation, des renforts se relaient de toute la France pour appuyer les pompiers du département, qui doivent aussi gérer les autres missions du quotidien comme le secours à la personne. « Sur la journée de dimanche, les sapeurs-pompiers ont réalisé 400 interventions courantes sur le département, et ont eu à gérer vingt départs de feu en marge des incendies de La Teste et de Landiras [environ 170 depuis le 12 juillet] », précise le lieutement-colonel Arnaud Mendousse.

« L’incendie du siècle », des feux « exceptionnels », « jamais vu »… Les habitants, les autorités et les pompiers disent leur stupéfaction et leur affolement face à cette catastrophe d’ampleur dont on entrevoit à peine les conséquences.

A Landiras, plus de 9 000 hectares de forêt d’exploitation sont partis en fumée, et les autorités se sont résolues à procéder à des coupes d’arbres préventives pour stopper le feu avec des zones dépourvues de combustible. Si l’urgence des pompiers et des bénévoles mobilisés en masse reste de maîtriser les brasiers, la destruction de milliers d’hectares d’arbres dans la première région forestière de France inquiète déjà quant à ses répercussions économiques et environnementales.

Sur les deux zones, elle affecte aussi profondément les habitants, attachés à « leur forêt ». L’incendie de la côte, provoqué par l’embrasement accidentel d’un véhicule selon les autorités, a ravagé la majeure partie de la forêt usagère, vieille de plus de 2 000 ans. Vestige de l’activité du gemmage dans la région, qui permettait de récolter la résine de pin, elle est un héritage historique et culturel pour les habitants.

En un peu plus d’un mois, le département a connu deux vagues de canicule, des orages de grêle dévastateurs qui ont déjà nécessité des centaines d’interventions des pompiers, et désormais deux incendies de large ampleur. A Landiras, où le parquet a fait savoir qu’il privilégiait la piste criminelle pour expliquer l’origine du drame, la conjonction des effets du réchauffement explique, selon les pompiers, que l’incendie ait pris une telle ampleur. « Ce feu, c’est un monstre, détaille Jean-Luc Gleyze, président du département et du SDIS 33. Il a progressé extrêmement vite à cause du degré de sécheresse et des fortes chaleurs. Il atteint un périmètre de plus de 42 kilomètres, il est donc impossible de poster des forces partout. A cela s’ajoute le fait qu’en raison des vents erratiques, il avance tantôt sur un flanc, tantôt sur l’autre, obligeant les pompiers à se repositionner en permanence. »

A La Teste s’est ajoutée une problématique liée à la physionomie de la forêt usagère. Peu domestiquée, la végétation y est très dense et les accès aménagés pour les véhicules de secours sont très peu nombreux. Une situation qui n’a pas manqué de raviver la polémique sur le mode de gestion unique en France de cette forêt, hérité du XVe siècle.

Ces règles distinguent encore aujourd’hui les propriétaires des parcelles, autorisés à prélever la résine des pins et d’en faire commerce, et les usagers qui sont les habitants de La Teste, Gujan-Mestras, Arcachon, et de la pointe du Cap Ferret, autorisés à prélever du bois de la forêt pour leur usage propre. Mais la disparition de la filière locale de récolte de la résine dans les années 1970, la diminution du nombre de prélèvements du bois par des particuliers dans la forêt et les conflits latents et anciens entre propriétaires et usagers ont conduit à un manque d’entretien et d’adaptation de la forêt aux « impératifs de protection civile », constatait le ministère de l’agriculture dans un rapport publié en 2021.

Alertant sur les risques d’incendies, le rapport soulignait l’urgence de procéder à des « travaux de défense des forêts contre les incendies ».Ils n’ont pas été réalisés. « Il faudra prendre nos responsabilités, cette situation ne peut pas se reproduire », prévient le maire de La Teste.

Plusieurs voix s’élèvent aussi pour que les leçons plus larges soient tirées des incendies en cours. Des élus appellent ainsi, par exemple, à repenser la gestion de la flotte de Canadairs française. Les douze Canadairs sont stationnés en permanence sur la base de Nîmes-Garons (Gard) – à deux heures de vol pour un Canadair, une heure pour l’autre avion amphibie qu’est le Dash. Une exception est prévue pour la Corse, qui accueille deux avions lors de la saison estivale. Lorsque les incendies se sont déclarés en Gironde, aucun Canadair n’était sur la région et les avions ont été envoyés depuis Nîmes. Mais deux questions se posent : est-ce un nombre suffisant de matériel aérien et comment se fait-il qu’à peine un peu plus de la moitié d’entre eux soient opérationnels (https://www.cnews.fr/france/2022-07-18/incendies-en-france-le-canadair-etait-un-outil-efficace-les-pompiers-sont-ecoeures)

COMME CELA EST LE CAS POUR NOTRE FLOTTE AERIENNE MILITAIRE OU LES BLINDÉS DE NOS ARMÉES ! ETONNANTE COINCIDENCE OU NEGLIGENCE RECURRENTE DE NOS POUVOIRS PUBLICS QUI GASPILLENT LE PLUS FORT TAUX DE PRELEVEMENTS OBLIGATOIRES D’EUROPE DANS DES LUBIES IDEOLOGIQUES RUINEUSES ?

Il faudra bien qu’un jour les Français, qui sont aussi des électeurs, retrouvent leurs esprit s’ils veulent survivre…

Jean-Yves Pons

2 thoughts on “Jean-Yves Pons. La grande misère de nos soldats du feu vaut bien celle du reste de nos armées.

  1. Conseil dans l'Espérance du Roi

    A noter que ces terribles incendies de Gironde frappent un territoire très ancien et qui eut un rôle éminent tout au long de l’histoire de la Gascogne mais aussi de la France. Il s’agit du pays de Buch ou Captalat de Buch car le titulaire de ce territoire était appelé Captal de Buch. Plusieurs illustres familles aristocratiques furent à la tête de ce petit pays, centré par le bassin d’Arcachon. La Teste-de-Buch, gravement touchée aujourd’hui par les flammes, en était la capitale comme son nom l’indique (https://fr.wikipedia.org/wiki/Pays_de_Buch).

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  2. Conseil dans l'Espérance du Roi

    Quoi qu’il en soit, c’est bien compliqué ce fameux « droit d’usage » dans les Landes ! (https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/le-vrai-du-faux/gironde-les-ecologistes-ont-ils-une-responsabilite-dans-les-incendies-comme-l-affirment-des-internautes_5225344.html).
    Les seuls qui paient les pots cassés… ce sont bien les soldats du feu auxquels nous avons vu combien les moyens manquent pour y faire face. Mais qui s’en soucie tant au gouvernement qu’au Parlement ?

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