Le saviez-vous ? La Mustela erminea, petit animal brun en été et blanc en hier, cousin de la belette, plus couramment appelée hermine, est adoptée, dès le XIIIe siècle, comme emblème par les ducs de Bretagne.
Emblème d’Anne de Bretagne avec l’hermine à l’Hôtel de Bourgtheroulde à Rouen © olibac
La légende de l’hermine est parfois attribuée à Anne de Bretagne :
Au cours d’une chasse en hiver, les chiens de la reine pourchassaient une hermine, laquelle s’est bientôt trouvée acculée dans un chemin, face à un marais.
Plutôt que de se salir, l’hermine a alors stoppé sa course et a préféré tenir tête aux chiens. Stupéfaite et admirative devant cette action courageuse, Anne de Bretagne a gracié l’animal, en a fait son emblème et en a tiré sa devise :
“Kentoc’h mervel eget bezañ saotret” En français : “Plutôt la mort que la souillure”.
https://regartdebretagne.bzh/about-us-2/
Aux origines de l’hermine de Bretagne
Encore considérée aujourd’hui comme le symbole de la Bretagne, l’hermine, se trouve sur les armoiries d’un grand nombre de villes bretonnes telles que Vannes, Rennes ou Saint Nazaire. Mais pourquoi cet animal, qui est des plus farouches, a-t-il été choisi comme emblème ?
Pour le comprendre, il faut remonter jusqu’au Moyen Âge, à l’époque des croisades. À cette période, les blasons sont figurés sur les écus, utilisés en combats comme boucliers. Pour consolider cette arme défensive, les Bretons recouvrent la face exposée aux coups, de fourrures et plus précisément…de fourrures d’hermines !
Cousues côte à côte, les queues noires au centre, les peaux d’hermines tapissent alors le bouclier, tout en le décorant d’une forme de croix. Ce n’est que plus tard que les seigneurs bretons s’emparent des mouchetures d’hermines pour en faire leur emblème.
Moucheture est le terme associé à la représentation symbolique du bout de la queue de l’animal qui, contrairement au reste de son pelage, ne devient pas blanc en hiver.
Pourquoi moucheture ? Tout simplement parce que la fourrure d’hermine, très belle, très douce et très chaude, était utilisée pour fabriquer des vêtements. La partie noire, peu esthétique, était toujours séparée et répartie, ou mouchetée, dans un second temps, de façon régulière sur l’ensemble de la fourrure qui offre un fond blanc.
https://www.jaimemonpatrimoine.fr/fr/module/81/1613/l-hermine-embleme-d-anne-de-bretagne?utm_source=sendinblue&utm_campaign=NL%20JMP%20220922&utm_medium=email
Objection votre Honneur !
La légende est jolie (et à la vie dure) mais… ce n’est qu’une légende. L’hermine de Bretagne est en effet bien antérieure à la duchesse Anne.
Tout a commencé avec l’arrivée de Pierre de Dreux, dit « Mauclerc » à la tête du duché de Bretagne par son mariage avec Alix de Thouars, héritière du duché, en 1214. A l’époque, point d’hermine en Bretagne et pas plus d’armoiries de Bretagne d’ailleurs sinon des armoiries de diverses seigneuries bretonnes.
Pierre de Dreux, en revanche, portait de Dreux (échiqueté d’or et d’azur à la bordure de gueules – issus des Capétiens – ) AU FRANC QUARTIER D’HERMINE. Une brisure très fréquente de cadet placé en troisième position par rapport au chef d’armes (il était le deuxième fils de Robert II de Dreux).
Ce ne sera qu’en 1316 que sa descendance adoptera pour le duché de Bretagne L’ECU D’HERMINE PLAIN (sans les armes de Dreux), jamais remis en cause depuis. Ce sont les armes que porta la duchesse Anne dès son accession au pouvoir ducal, en 1489. Sans lien avec une chasse à l’hermine, en hiver…
Interessant aussi… mais gardons le souvenir de l’explication légendaire également.
Même si elle n’a aucune base historique sérieuse ?
Le propre des légendes est de permettre d’enchanter l’esprit des lecteurs. Le propre des vérités historiques est de convaincre les chercheurs.
C’est ce que l’on appelle « la part du rêve » ! Sois loué, cher Alain, pour être encore capable de nous offrir cela dans un monde de désenchantement. Alors, rêvons à la partie de chasse hivernale de la duchesse Anne.
Mais, cinq jours après la publication de ce texte et les échanges entre Alain et moi-même, quelle tristesse de constater en France où elle naquit au XIIème siècle que l’héraldique n’intéresse plus personne… Ce désintérêt pour un élément essentiel de l’emblématique occidentale est une démonstration supplémentaire de notre inexorable déclin.
j’ai lu ici où là que l’assimilation « intellectuelle »? entre noblesse et héraldique avait été une des causes du désintérêt envers celle-ci après la condamnation de celle-là.
Pour autant nos échanges sur les mouchetures d’Hermine d’Anne de Bretagne ont retenu l’attention de 41 liseurs , ce qui est un excellent résultat.
Merci cher Alain pour l’info statistique. Quant à l’explication du désintérêt des Français pour l’héraldique en rapport avec son assimilation à la noblesse, elle est sans doute exacte sauf qu’elle oublie qu’en 1790 (au moment de l’interdiction des armoiries et autres symboles prétendument représentatif de l’Ancien Régime) la grande majorité de celles-ci étaient des armoiries NON NOBLES – institutions diverses, artisans, commerçants et même paysans – ! Ceci prouve l’inculture voire la bêtise de nos compatriotes comme de nos élites. Le résultat en est que la France est le pays occidental le plus crétinisé et le plus stérilisé en matière d’emblématique. Comme c’est d’ailleurs aussi le seul qui ne possède pas d’armoiries d’Etat… Il n’y a pas que l’Iran, nous avons nous aussi nos ayatollah.