Je reviens sur le sujet qui a été déjà abordé trois fois dans les articles suivants, à savoir du plus ancien au plus récent :
- Et si Louis XIV avait réellement mis le Sacré-Cœur sur ses emblèmes, notamment les pièces de monnaie à grande diffusion :
Deux fois le 20-06-18, à 8:00 et à 15:08, par Alain Texier et Chouandecoeur. - Retour sur Louis XIV, le choix du soleil comme emblème et la demande de sainte Marguerite Marie afférente à l’image du Sacré-Cœur :
Le 05-06-21, à 13:49, par Chouandecoeur. - Le roi Louis XIV avait bien obéi aux demandes du Sacré-Cœur. La preuve par la Numismatique (1710-1714) :
Le 03-12-22 par Alain Texier.
A la suite de ce dernier article, je vais tenter d’en faire un nouveau, le plus exhaustif possible, en prenant les divers point des précédents et les commentaires correspondants.
Pour poursuivre, il faut d’abord donner ou rappeler quelque termes de numismatique (science qui traite de la description et de l’histoire des monnaies, médailles, et jetons), que l’on va utiliser ici.
Avers et revers d’une pièce ou d’une médaille, sont des termes couramment utilisés en numismatique :
- L’avers (également appelé droit) désigne le côté de la monnaie où figure l’effigie (c’est-à-dire le portrait) ou le nom de l’émetteur (le nom du Roi par exemple).
Il correspond au côté « face » dans le langage populaire. - Le revers, à l’inverse, est le côté d’une monnaie opposé à celui où figure le portrait. Il correspond au côté « pile » dans le langage populaire. Il y figure généralement la valeur de la pièce de monnaie, et éventuellement d’autres attributs du monarque ou de l’Etat émetteur.Ainsi, par définition, il n’y a jamais d’effigie sur le revers d’une pièce.
Maintenant, puisqu’il est question ici d’une possible gravure du Sacré-Cœur sur une monnaie en or du grand roi (pièce d’un Louis ou d’un demi-Louis), voici, pour comparaison, trois modèles différents, frappés à des dates différentes mais toutes du début du 18ème siècle, entre 1700 et 1715, dont celle qui est l’objet de la découverte :
Pièce de 1705 avec revers à la lettre
La lettre « A » sur le revers de la pièce est un code indiquant la ville de l’atelier qui a frappé cette pièce, par exemple « A » pour Paris, « W » pour Lille, « N » pour Montpellier, « D » pour Lyon, etc.
Pièce de 17xx avec revers au soleil ardent
je n’ai pas l’avers (côté face) de cette pièce, et donc pas l’année exacte. Je sais seulement que le louis en question est frappé après 1705.
Vous pouvez voir ici un « soleil ardent », un VRAI SOLEIL, bien rond, avec ses rayons alternés rectilignes et ondulants pour représenter l’ardeur de la chaleur. Tous les rayons sont de même épaisseur et ne sont pas plus larges à leur extrémité qu’à leur départ du globe solaire. Le soleil est dessiné comme sur les armoiries avec yeux et nez (la bouche n’apparait pas peut-être à cause de l’usure )
J’attends d’un cabinet de numismatique la date présumée de ce type de louis comportant ce revers.
Pièce de 1709 avec revers au « soleil en cœur »
C’est ainsi que ce louis est désigné dans les catalogues de numismatique.
Comme Alain Texier le rappelle dans son premier article, « en cœur » signifie en numismatique, comme en héraldique, « en plein milieu ».
Cependant, l’expression est cocasse puisqu’elle peut aussi signifier « en forme de cœur »… ce qui est le cas ici.
Pour voir plus de détails, voici le revers en plus gros :
Qu’y observe -t-on ?
Un soleil ?
Plutôt malingre et mal gravé comme soleil par rapport au précédent, et que Louis XIV n’aurait jamais accepté.
» Monnaies et médailles, qui nous restituent le profil jupitérien du grand monarque, participent de cette volonté et de cette réussite. Louis XIV leur porta une attention particulière : le Grand Siècle est aussi un grand siècle de la numismatique. » – Source : https://monnaienumismatique.wordpress.com/
Ce soi-disant soleil a bien la forme d’un cœur (ou alors c’est le visage d’un extra-terrestre qu’on appelle » les Gris » au crâne volumineux et au fin bas de visage).
De plus, il comporte une petite trace sur la droite et à mi-hauteur, qui peut représenter la blessure de la lance. En haut la forme en léger creux est celle d’un cœur, et à gauche il y a une petite protubérance comme un départ d’aorte (non, non, ce n’est pas un départ de rayon puisque cette protubérance est bien placée entre deux rayons).
Enfin, les rayons sont d’un tout autre type que ceux du » soleil ardent « … ils sont plus larges au extrémités qu’au centre. Ils sont du même type que les rayons représentés dans nos églises autour du triangle de la Très sainte Trinité. Ils n’apparaissent plus comme des » rayons naturels de chaleur » mais comme des « rayons surnaturels de gloire », de la même représentation que ceux qui sortent du front de Moïse.
Avec ces trois pièces, au travail, à vous de réfléchir et de juger…!
A demain pour la suite.
Chouandecoeur
LES ROIS DE FRANCE ET LE SACRE COEUR
Merci, cher Président, de nous avoir rappelé cette étude si fouillée à laquelle je me suis permis d’ajouter en commentaire le lien qui conduit au post mis en ligne en cette fin de soirée du 7 décembre 2022.
Cher ami Gouverneur, il n’y a vraiment que la foi qui sauve ! Mais souffrez que nous ne partagions pas votre volonté de voir à tout prix un « Sacré-Coeur » au centre de la croix établie par les 8 L de Louis. De nombreux arguments viennent en effet à l’encontre de cette vision ne serait-ce que le seul fait que l’on n’y voit jamais un coeur authentique et indiscutable. Pour le reste, n’oubliez pas la longueur du règne du roi et donc le nombre des émissions de pièces de monnaie avec un grand nombre de graveurs et de tailleurs différents comme d’ateliers et de techniques de frappe. N’oubliez pas non plus que ces monnaies ont circulé entre des mains diverses mais jamais protectrices de l’oeuvre…
Vous trouverez enfin ci-après un excellent article de fond sur la numismatique du règne de Louis XIV; il est riche d’enseignement mais on n’y trouve jamais de référence à l’introduction du Sacré-Coeur sur les monnaies de l’époque :
https://www.persee.fr/doc/numi_0484-8942_2019_num_6_176_3457
Cher Régent,
avec tout le respect que je vous dois, puis je vous dire que vos arguments sont du type – reprenant un des commentaires de mon jeune frère , Agrégé des Facultés de Droit- arguments chaussette c’est à dire qui peuvent être retournés.
Si l’usure du temps, les différentes manipulations de la pièce et leur usage par des mains jamais protectrices de l’oeuvre ont pu en effet jouer un rôle elles ont pu du même coup faire disparaître la netteté du coeur initial mais convenez que ces différents aléas n’ont pas pour autant fait apparaître un soleil que l’on puisse qualifier d’authentique et d’indiscutable et que ce qui subsiste du tracé initial est quand même plus proche de la forme oblongue d’un coeur coeur que du dessin circulaire d’un soleil.
Quand à l’article de fond sur la numismatique du règne de Louis XIV; en effet riche d’enseignement mais ne faisant jamais référence à l’introduction du Sacré-Coeur sur les monnaies de l’époque , tenez compte de la brièveté de la période où ce coeur a pu apparaître sur les pièces et de la pression sociale et intellectuelle – le roi soleil- en défaveur de ce symbole christique en ces années qui vont nous conduire à la révolution dite française.
Si les chercheurs voulaient y voir le soleil habituel dont tout le monde parle et non un coeur dont (trés) peu de personnes ont pu parler… regardez le nombre d’années qui ont pu s’écouler avant que l’hypothèse du coeur puisse s’exprimer par la voix oh combien minoritaire de royalistes providentialistes, alors ils y ont vu un soleil alors que, reprenez les analyses du Gouverneur il n’est quand même me pas trés difficile d’y voir ce qui subsiste d’un coeur et non de ce qui a pu être un soleiL.
Bonne chance pour le long et douloureux chemin de la démonstration… Je parle bien de « démonstration » et non pas d’opinion car, en numismatique, nous ne sommes pas dans le domaine de la foi.
je ne vois pas là de démonstration de la véracité de vos analyses.
Cher ami, je n’analyse rien. Je me contente modestement d’observer et de constater… que je ne vois pas de coeur là où vous voulez absolument en voir un. Peut-être avez-vous raison et suis-je un incorrigible sceptique mais alors pourquoi ni le roi ni aucun des graveurs et des tailleurs (c’est ainsi qu’on les appelait) officiels qui se sont succédés jusqu’en 1715 n’en ont-ils jamais parlé ? Le sujet était pourtant d’importance.
Cher Régent,
Penseriez vous donc qu’il appartenait aux « graveurs » et aux « tailleurs » de commenter- sans même aller jusqu’à remettre en cause – les choix numismatiques royaux ?
Il ne s’agissait pas pour eux de remettre en cause mais, tout simplement, de décrire leur oeuvre. Ce qu’ils ont d’ailleurs fait à plusieurs reprises. En particulier, en ce qui concerne le grand graveur et sculpteur Jean Warin.
Si des liens sont dispos, merci de nous les communiquer.
Juste en passant les occupants turcs de Constantinople (NDLRB. Actuelle Istambul) et de l’Homèrine menacent d’attaquer la Grèce. Je sais que ce ‘est pas important mais je le signale comme ça.
Comme d’habitude ils se coucheront
Avec leur argument éternel
Comme d’habitude ils raconteront
Notre victoire grâce au ciel
Comme d’habitututude
Commentaire sans rapport avec l’article que vous pensiez devoir commenter et qui, comme tel, devrait être supprimé ce qui sera le cas désormais et ce sans avertissement.
Merci de cette utile info.
» il n’est quand même me pas très difficile d’y voir ce qui subsiste d’un cœur et non de ce qui a pu être un soleil. »
Article très intéressant et je suis d’accord avec la phrase sus-citée de M. Texier.
Cela a visiblement été un geste discret et court (d’après ce que disent les commentaires, ces dernières pièces n’ont pas beaucoup circulé) mais cela a eu le mérite d’être fait.
Saint Avent aux membres de la Charte de Fontevault.