En route. Lundi 5 juin, saint Boniface, moine anglais du VIIe siècle, nous avons été bien inspirés de choisir cette période pour poursuivre notre équipée car nous avons été servis par une météo souvent caniculaire, totalement à mon goût. Nous abandonnons notre voiture en gare de Montrichard, (41400) sud Loir-et-Cher. Avant de prendre le train pour Cluny, je cours en pharmacie pour tenter de juguler une infection urinaire qui vient tout juste de poindre son nez et qui, au final, ne me lâchera pas le temps de l’expédition, soit une dizaine de jours, dose maximale pour Claude qui s’affiche encore et toujours comme juste mon « accompagnateur », accompagnateur qui a néanmoins pris goût à la chose, même s’il ne consent publiquement pas à l’avouer.
Avant de partir, Claude souffrait d’un mystérieux mal au genou l’empêchant de mettre aisément un pied devant l’autre. Craignant le pire, j’ai pris en toute hâte rendez-vous chez une bonne ostéopathe de Château-Renault (37110) (qui a diagnostiqué une tendinite) et l’ai massé quotidiennement avec de la pommade Saint-Bernard enrichie d’huile essentielle de Gaultherie. Ouf, grâce à ces recours de dernière minute, il s’est retrouvé en bon état de marche.
Retrouvailles improbables. Nous aimons bien cette fameuse ligne ferroviaire Tours-Lyon, transversale idéale pour la poursuite de notre Chemin d’Assise, traversant la région du Cher qui nous est chère, Nevers avec clin d’oeil à Bernadette, Sept-Fonts et son abbaye, le pont-canal de Digoin, terminus à Paray-le-Monial, la Cité du Coeur de Jésus qui parle à tous les amoureux du Christ. Ce TER jamais bondé, comme oublié des hommes, affiche électroniquement le leitmotiv de l’époque : « Ce train est placé sous surveillance vidéo ». Big Brother est du voyage… pour notre bien. A ce propos, en plein covidisme et sur la même ligne, nous nous souvenons de cette contrôleuse qui, nous ayant justement repérés sans masque sur son écran, avait passé son temps à nous persécuter ce, malgré notre présence dans un compartiment quasiment vide.
Arrêt à Paray-le-Monial donc, mais… crève-coeur, pas le temps de pousser jusqu’au sanctuaire parce qu’un car Mobigo doit nous conduire jusqu’à Cluny, moyennant 1, 50 euro, privilège de la Saône-et-Loire, région Bourgogne-Franche-Comté. En l’attendant, un chemineau m’entreprend pour se plaindre de l’état du monde et de la charité s’exerçant plus au profit des migrants qu’à l’égard des franco-français de son espèce…
Sachant que nous reprendrions notre marche à Cluny, nous avons contacté Guy et Andrée Lacour, un couple rencontré l’automne précédent, au cours d’un pélerinage sur les pas des saints espagnols. Guy vient nous chercher à Cluny et nous conduits jusqu’à Mazille, situé à 7 km de là. Leur hameau domine un paysage vallonné de toute beauté ; nous récitons en sa compagnie notre chapelet quotidien en suivant un chemin bordé de murets en pierres sèches fleurant bon le sud. La civilisation n’est jamais loin avec une carrière à ciel ouvert et la nationale 79 reliant bruyamment le Charolais au Mâconnais.
Guy nous fait la visite de pièces d’apparat totalement sanctuarisées, petit musée d’art et souvenirs religieux, de statuaire mariale dont il n’est pas peu fier. Petits plats dans les grands. Son épouse et son fils sont plutôt taiseux. Ce fils de paysan, très disert pour sa part, continue de nous étonner par la justesse de ses vues, ses connaissances, son analyse de la situation actuelle et… des sites « complotistes ». Un vrai feu d’artifice. C’est un résistant, mais souffrant car isolé, un incompris mais heureusement pas des siens qui acquiescent religieusement. Nous lui apprenons que le Chemin d’Assise passe à deux pas de chez lui, ce chemin qu’il rebaptise le « chemin de Pise », et le fait de marcher sac-au-dos dépasse son entendement.
Seule sous le cagnard. Le lendemain, mardi 6 juin, saint Norbert, fondateur de l’ordre des Prémontrés. Guy nous ramène au cœur de Cluny car il convient de reprendre la route là où on l’a quittée. Paradoxalement, faute d’avoir étudié de près la carte, nos pas nous mèneront pour cette première étape à Sainte-Cécile, à côté sans le savoir de chez nos amis; une courte étape pour se mettre en jambes conformément aux vœux de « Ciel mon mari » qui a souvent raison. De fait, nous posons nos sacs en début d’après-midi dans un hébergement « donativo » (où l’on donne ce que l’on veut). Guy m’ayant indiqué la veille au loin la présence d’un Carmel en haut d’une butte, autant dire que ma curiosité était piquée depuis lors. Je laisse mon Claude vaquer dans le secteur, entre une coupe de cheveux et l’achat d’un plat cuisiné dans un distributeur (fruit du Covid!). Et moi, je pars explorer la contrée de mon côté. Seule, petites routes sans danger, sous le cagnard, quel bonheur ! A commencer par le petit menhir christianisé dans le Haut-Mazille, puis visite inespérée (car d’ordinaire toujours fermée) de l’église paroissiale de style roman, placée sous le vocable de saint Blaise, construite à la fin du XIe siècle près des vestiges d’une villa romaine, relevant de l’abbaye de Cluny. Je croise Jean-Claude, seul pèlerin d’Assise qu’on retrouvera en chemin le lendemain. Puis je gravis la montée en lacets, direction le Carmel de la Paix abritant depuis 1971 une vingtaine de sœurs cloîtrées accueillant retraitants et/ou volontaires pour les travaux agricoles. Leur charisme : la prière pour la Paix dans le monde, dans les cœurs, dans les familles. L’édifice en béton, genre bunker, est classé car signé Lluis Sert, architecte catalan ayant oeuvré au côté de Le Corbusier. Prière lue : « Nous venons à la source. Parce que notre monde s’est asséché et que nous mourrons, pris que nous sommes entre le consumérisme des uns, -dont nous sommes parfois-, et la misère criante des autres. Parce que notre monde nourrit des guerres insensées et affame des populations entières. Nous venons prier , écouter ta Parole surtout, nous redire qu’une Source existe, et qu’elle peut jaillir, rejaillir, que des déserts peuvent refleurir »…
Défenseurs du bien-être animal. Mercredi 7 juin, pas de saint au calendrier liturgique (la place reste à prendre!), nous quittons le « donativo » très confortable de Sainte-Cécile pour rejoindre la ville de Tramayes, soit plus de 5 heures de marche sous une forte chaleur, supportable car nous traversons des parties boisées. Le chemin d’Assise et celui de Compostelle (en direction du Puy) empruntent un même itinéraire durant ces premiers jours. Nous suivons une ligne de crête offrant une vue imprenable sur plusieurs kilomètres. Chemin ancestral de transhumance, je suis dans mon élément…
Tramayes a tout du grand bourg qui a eut été, comme nombre de communes rurales au jour d’aujourd’hui. Un château où séjournait Alphonse de Lamartine, natif du village voisin de Saint-Point ; un maire écologiste qui, selon le bedeau croisé en l’église, privilégie plus l’environnement que l’activité commerciale ; un hôtel-restaurant encore ouvert : c’est la raison pour laquelle Claude décide d’y passer la nuit car il a pour principe de faire travailler les professionnels qui ont encore pignon sur rue. Dîner sous la tonnelle ; les cerises du restaurateur sont mûres à point, nous ne pouvons résister à l’envie d’en prélever quelques-unes avant et après le feu-vert de la direction. De jeunes espagnols sont attablés à nos côtés, que font-ils donc ici ? Nous sommes dans une région d’élevage, et qui dit élevage dit « abattoir ». Eh bien, ils viennent étudier sur place « le bien-être animal » qu’il convient de respecter avant de leur ôter la vie. Décidément, on n’arrête pas le progrès. Avant de nous endormir, petite promenade digestive jusqu’à la statue monumentale de la Madone surplombant la ville épargnée par le feu des Prussiens en 1870.
Où il est question d’Asmodée. Jeudi 8 juin 2023 , petit cours de géographie : au-delà de l’horizon barré par les monts, c’est le Beaujolais et ses vignes qui nous attendent, le département du Rhône. En voiture, oui, c’est vite fait. A pied, c’est une autre histoire…
Toujours pas de saint au calendrier mais le Livre de Tobie dans les lectures de l’Ancien Testament de ces jours-ci avec Asmodée, le pire des démons, celui qui persécute les couples, particulièrement à l’oeuvre par les temps qui courent et Raphaël, l’ange qui guérit. J’ai une pensée pour le Dr Bry qui passe en correctionnelle à Tours pour ses positions anti-vaccins très controversées par le Conseil de l’Ordre des Médecins. Un combat qui lui a valu une radiation et une complète remise en question professionnelle, pour le bien de ses patients réfractaires tout comme lui.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Montbéliarde#/media/Fichier:Montbeliarde.jpg En chemin, nous croisons des troupeaux de monbelliardes, nous nous perdons un peu en dépit d’un itinéraire plutôt bien balisé et grimpons, grimpons jusqu’au village de Saint-Jacques-des-Arrêts, aux confins du Mâconnais et du Haut-Clunisois. Nous sommes à présent en région Auvergne Rhône-Alpes ! Ce carrefour haut-perché aurait été une étape pour les pélerins de Saint-Jacques-de-Compostelle, à mi-chemin entre Cluny et le port de Belleville-sur-Saône, où ils embarquaient jusqu’à Arles entres les Xe et XIIe siècles. Un chemin de croix évangélisateur du peintre lyonnais Jean Fusaro, présenté comme l’un des maîtres de la peinture française lyrique figurative, est visible dans l’église, exposition inaugurée en 1999 par Mgr Barbarin. Nous passons la nuit dans un des petits chalets rachetés récemment à la commune par un couple franco-américain qui s’est justement noué sur le Chemin de Compostelle. Nicolas et Sarah opèrent une reconversion professionnelle dans ce bout du monde. Leur projet : outre les pélerins et touristes de passage, accueillir de jeunes handicapés pour des séjours de découverte et de randonnée. On se souvient d’un bon dîner partagé avec nos hôtes et deux pharmaciennes en rando, dont l’une constate que les clients ont totalement changé depuis le Covid, plus impatients, plus désagréables… Heureusement, le cru familial Régnié-Durette (dernier-né des fameux crus du Beaujolais) et le gazouillis extraordinaire des oiseaux chassent l’amertume…
Pélerinage aux sources. Au tout début des années 1980, nous avons rayonné avec Claude à pied et avec je ne sais par quel moyen de locomotion (car, stop ?) dans la région viticole du Beaujolais; séjournant dans un gîte près du fût d’Avenas au côté de jeunes des banlieues lyonnaises, ceux-là même qui avaient mis à feu et à sang les Minguettes, Vénissieux. La gauche au pouvoir commençait d’organiser à l’époque des stages dûment encadrés pour distraire la jeunesse, lui ouvrir d’autres horizons et canaliser la violence.
Au hasard de nos pérégrinations, nous étions tombés sur une propriété viticole élevant le raisin selon les principes, totalement novateurs à l’époque, de la biodynamie. Une méthode inspirée par l’anthroposophe autrichien Rudolph Steiner, à base de fumures dans des cornes de vache et l’observation des phases de lune. Nous avions été surpris par l’énormité des champignons ramassés en chemin, comme si nous nous trouvions en territoire surnaturel… Pigiste et parisienne à l’époque, j’avais rédigé l’un de mes premiers reportages sur les viticulteurs en question et le thème de la biodynamie après avoir étudié à fond le sujet à la bibliothèque de Beaubourg. L’article devait paraître dans le Figaro-Magazine. Au final, c’est une revue de santé naturelle qui l’a publié avec pour titre : « Les magiciens du Beaujolais ».
Sachant que le Chemin d’Assise passe dans ce secteur, je me fais une grande joie de revoir ce haut-lieu fondateur de ma profession. Quittant Saint-Jacques-des-Arrêts tôt car la journée du vendredi 9 (fête de saint Ephrem, dit « la harpe du Saint-Esprit) s’annonce chaude, nous progressons dans le massif forestier de cols en cols, de fûts en fûts, terme local désignant le « faîte », sur une ancienne voie romaine qui servait d’axe de circulation entre le Nord et le midi. Beaucoup de croix de chemin en bois (nous apprendrons par la suite que l’association « SOS Calvaires » est très active dans le coin).
Parvenus au fameux col du fût d’Avenas, 743 m, un panorama splendide sur le Beaujolais s’offre à nous, un cours vivant de géographie ; passée une descente à pic où mon pauvre Claude chute dans les éboulis se blessant légèrement le bras, nous entrons dans le domaine viticole pentu en diable ; passons probablement non loin de l’endroit où nous avons séjourné il y a plus de 40 ans ; puis cherchons la chambre d’hôtes qui doit nous abriter en soirée, la trouvons à grand peine. Au cours du repas, notre logeuse, la veuve d’un vigneron de l’appellation Beaujolais villages nous parle des difficultés pour recruter des vendangeurs (« les Espagnols, ça va ; les Polonais ne sont plus ce qu’ils étaient ; les pires sont les Roumains »), elle nous relate l’attaque au couteau d’enfants dans un square d’Annecy par un syrien présenté comme… un chrétien (sic!). Coupés du monde, ce n’est qu’en rentrant que nous entendrons parler de l’acte de bravoure d’un certaine Henri d’Anselme, pour le coup, lui, un catholique authentique qui a arrêté providentiellement le bras de l’assaillant, lui, pas vraiment catholique ! Nous sommes plutôt surpris car le vin n’est pas compris dans le menu, et nous devons lui régler le vin de la propriété en sus. Plutôt mesquin.
Cité d’Anne de Beaujeu. Samedi 10, notre logeuse nous indique le chemin pour rejoindre Beaujeu, capitale historique du Beaujolais, cité toute en longueur, traversée par la rivière de l’Ardière, d’où la présence de tanneries par le passé. A la mort de son père Louis XI, Anne de France, dite Anne de Beaujeu car épouse de Pierre de Beaujeu, exerça la régence de 1483 à 1491 le temps que son frère, le futur Charles VIII atteigne la majorité royale. A son propos, Louis XI déclarait : «Elle est la moins folle des filles de France, car de sage il n’y en a point ». On célèbre cette année le VIe centenaire de la naissance de Louis XI, un roi méconnu dont on découvre les multiples facettes au fil des conférences et expositions qui lui sont consacrées en Touraine notamment ; fils de Charles VII, roi très pieux, grand bâtisseur et bienfaiteur pour la Vierge qu’il chérissait, ayant fait appel au thaumaturge calabrais saint François de Paule (fondateur de l’ordre des Minimes), etc. Une plaque à moitié effacée sur une demeure atteste sa halte dans la contrée alors qu’il se rendait à Saint-Claude pour trouver remède à ces nombreuses affections.
Nous faisons comme il se doit étape au Caveau, histoire de nous familiariser avec quelques crus du vignoble, nous amusant en chemin à tous les mémoriser, chiroubles, brouilly, morgon, fleurie, moulin-à-vent, juliénas, saint-amour, etc. Faute de place dans les restaurants, nous atterrissons dans une gargote déconseillée par l’office de tourisme : repas sommaire effectivement mais que de beaux échanges avec la patronne Joëlle et nos voisins de table (un couple d’Alsaciens échangeant précédemment entre eux dans leur dialecte), échanges sur l’état du monde en général et ses épreuves en particulier. En fin de journée, nous retrouvons John et frère Fidèle qui viennent nous chercher en voiture pour nous conduire chez les Capucins de Morgon où nous allons séjourner jusqu’à lundi matin. Les Capucins de Morgon, religieux de la plus stricte observance, rattachés à la Fraternité Saint-Pie-X, comptent en leur sein le père Joseph, aumônier du mouvement Civitas pour la restauration d’une France catholique, respectueuse de l’ordre naturel.
https://laportelatine.org/lieux/morgon/morgon-clarisses
Fête-Dieu dans le vignoble du Morgon. En arrivant dans le couvent situé à Villié-Morgon, on nous attribue une chambre dans le bâtiment dédié aux pélerins et retraitants avec accès à une cuisine. L’heure est aux complies interminables et faute de missel, nous sommes plutôt largués! Pas de commerce en vue, rien dans nos sacs, Claude bricole un petit dîner avec les fonds de placard trouvés sur place, idem le lendemain. En ce dimanche, la Providence fait bien les choses : nous sommes chez les « tradis » pour la fête du Saint-Sacrement, et qui dit « Fête-Dieu », dit procession après une belle messe où les jeunes enfants, tenus dans un gant de fer par les pères, ne bronchent pas d’un iota. Impressionnant. Nous processionnons en chantant des cantiques jusqu’au reposoir fleuri par les clarisses, second ordre franciscain fondé par sainte Claire, sœur d’âme du Povorello. Cloîtrées, nous n’entendrons d’elles que leur jeune voix répondant aux invocations du jour. Nous apprendrons par la suite que les vocations affluant, il leur faut essaimer ailleurs faute de pouvoir se développer sur place, vignoble alias « or rouge » oblige. Beaucoup de familles nombreuses font le sacrifice quotidien, car habitant souvent au loin, de scolariser leurs enfants dans l’école tenue par la communauté des Capucins, ordre de saint François. Pas de « gender » au programme.
Dans l’après-midi, sœur Françoise-Marie du Christ-Roi, infirmière de l’école et actuelle secrétaire du couvent, nous conduit jusqu’en l’église Saint-Joseph du Beaujolais, lieu de promenade des Capucins. Nous rentrons à pied à travers le vignoble; le ciel s’assombrit sur le Mâconnais, l’orage gronde et tout à coup, alors que nous approchons de Villié-Morgon, un mur d’eau s’approche dangereusement sur notre droite et… arrive alors par miracle un véhicule, à son bord un jeune couple nous ramène à bon port. Au sec, on se réjouit qu’il pleuve enfin car la sécheresse menace ici comme ailleurs. Via sœur Françoise-Marie, avant de quitter les lieux nous demandons aux clarisses de prier pour qu’il pleuve sur les jeunes pieds de vigne de notre fils Dilan : c’est leur charisme.
Le père Pio à l’esprit. John, un bourlingueur touché par la grâce, membre du tiers-ordre franciscain, à demeure depuis le Covid, rend moult services à la communauté de Capucins. C’est lui qui nous ramène le lundi 12 juin au porche de l’église de Beaujeu pour reprendre le chemin là où nous l’avons quitté. Affamés, nous faisons le plein de viennoiserie, puis rejoignons la «voie verte », ancienne voie ferrée qui doit nous mener à Belleville. Nous cheminons au pied du mont Brouilly, vignes sur sol pentu et croisons un village dénommé « Saint-Vincent-en-Beaujolais ». J’envoie un petit SMS accompagné d’une photo à notre ami Vincent, lequel nous suit à distance et transmet des nouvelles à l’ami Philippe que notre pérégrination enchante. Sera-ce un jour une destination future pour fêter la saint Vincent comme le font chaque année les Amis de la Loire Johannique dans différentes régions viticoles?
Depuis notre arrivée , nous n’avons de cesse de penser au père Pio. Il s’agit du capucin du couvent de Pontchardon, près de Blois, qui instruit nos amis Catherine et Patrick, d’anciens cégétistes rentrés dans le giron du catholicisme pur et dur par la seule opération du Saint Esprit, diraient d’aucuns. Par l’usage de la raison, précisent les intéressés! Au côté d’un autre frère du couvent, ce moine a défrayé il y a deux ans la chronique pour avoir tenté de détériorer nuitamment une grosse antenne-relais 5G « pour le bien-être de l’humanité ». Cela, aux abords du couvent Saint-François de Villié-Morgon où il se trouvait à l’époque. Dans l’attente du procès, la justice a séparé les deux religieux ; l’un est resté sur place, l’autre, P. Pio, a été transféré dans le Blaisois, pas de bracelet électronique mais assigné à « résidence », obligé de pointer chaque semaine… L’antenne-relais en question nous accompagne en chemin depuis l’avant veille et sera dans notre champ visuel jusqu’au lendemain…
Le saint curé d’Ars. En fin d’après-midi, nous arrivons à Belleville baignée par la Saône. Normalement, le Chemin d’Assise empruntait un autre itinéraire plus au sud, dans le Beaujolais vert, mais mon Claude ayant déjà trop donné en matière de dénivelé a opté pour cet itinéraire bis. Résultat : pas d’accueil pélerins bon marché, mais juste une maison d’hôtes à cent euros la nuit. Bigre, mais au final, quel accueil, quel luxe avec ce bain régénérateur dans la piscine privée et petit-déjeuner royal.
Le lendemain mardi 13 juin, messe attrapée en vol juste au moment où nous passons devant l’église jouxtant un marché très actif. C’est la fête de saint Antoine de Padoue, natif du Portugal, contemporain de saint François d’Assise (XIIIe siècle), prédicateur envoyé en France pour combattre les doctrines cathares, fondateur d’un couvent à Brive-la-Gaillarde, mort à Padoue (Italie). L’objectif final de cette 3e saison, c’est Ars-sur-Formans, ce village perdu de la Dombes où un certain Jean-Marie Vianney arrivé en l’an de grâce 1818, est devenu un prêtre hors pair, le saint patron des Curés de l’Univers!
Mais avant cela, il faut passer le pont enjambant la Saône pour aborder un nouveau département, l’Ain. Et suivre la « voie bleue », chemin de halage longeant cet affluent qui se jette dans le Rhône à Lyon. Il fait toujours aussi chaud et, arrivés à Montmerle, nous repérons un petit « caboulot « Les pieds dans l’eau ». Non loin, des cuisses de grenouilles sont au menu d’une bonne table. Miam, mais ce n’est pas pour nous : il nous faut emprunter le « Chemin du Curé », faire fausse route car mal renseignés par les autochtones, et grimper sur le versant opposé. Sur plusieurs kilomètres, nous contemplons le chemin parcouru, les fûts du Beaujolais, le mont Brouilly et disons adieu à cette fameuse antenne-relais 5G de tous les dangers… Après plusieurs heures de marche sous le cagnard, nous ne sommes pas mécontents de déposer armes (nos bâtons de pélerin) et bagages chez des religieuses où nous dînerons (très médiocrement) aux côtés de prêtres slovaques et de paroissiennes très modernistes. Visite du sanctuaire toujours émouvante, entre la chambre misérable et le confessionnal où le curé d’Ars qui lisait dans les âmes confessait nuit et jour des pénitents venus de la France entière…
Ariane,
Point final en ce 11 août 2023, fête de sainte Claire, alter ego spirituel de saint François d’Assise.
Bravo pour votre courage dans cette aventure spirituelle mais le même sujet amène nécessairement la même question (restée sans réponse) : pourquoi ne pas nous avoir fait l’honneur et la joie de répondre à notre appel de mai 2012 (renouvelé depuis) et ne pas vous être joints à notre projet de pèlerinage en redonnant vie à la VIA FRANCIGENA (la Voie des Français alias la Route des Francs) ? Cela eut été une aventure extraordinaire dont on parlerait encore !…
Vous en trouverez quelques évocations ici : https://conseildansesperanceduroi.wordpress.com/2019/08/31/a-propos-de-la-via-francigena/
Bravo à Claude et à ariane pour leur pèlerinage.
De retour en France, à peine arrivé à Pontalier, je recomanderai à tous ceux qui font le pèlerinage :
-Il faut prier et agir, agir et prier, toujours à la lumière de la plus extra-ordinaire jeunne fille que l’on ai vu sous le Soleil : Sainte Jeanne d’Arc (François-Marie Algould) !
Toujours sous le signe du double-Coeur de l’Amour surmonté de la Croix du Sacrifice, espoir et salut de la France.