Le billet du Bottin mondain. Être noble et sans « de » ?

      La particule, cette préposition, placée devant un nom de famille, aura mené la France plus sûrement que n’importe quelle idéologie. « Nul ne devrait pourtant ignorer que si la particule n’est pas signe de noblesse, en revanche l’absence de particule, n’est pas, à beaucoup près, un signe de roture », notait le vicomte de Marsay dans De l’âge des privilèges au temps des vanité

           La particule, cette friandise, comme la dénommait le mémorialiste Saint-Simon, ne fait pas le noble ; à l’inverse, le noble n’est par orné par la particule. Ô que tout cela est compliqué ! L’histoire de la noblesse en France fait parfois songer à un jeu de tarots. On fait dire aux cartes ce que l’on croit y voir. Le fameux « de » qui n’a rien à voir, s’est insidieusement introduit entre les patronymes et les noms des fiefs ou de terre. Il est là, flottant comme un étendard, comme pour dire : « vous voyez, il y a de la noblesse dans l’air. » Le béotien qui aime croire ce qui brille, ne va pas plus loin et se contente de la formule, un brin envieuse, un brin ironique : « C’est un “de” ». Les « aristos » se moquent entre eux, en se désignant parmi leurs pairs : « c’est un redede », comme pour eux, la chevalière (armoriée) est devenue une « checheu ».

       Mais là où le bât blesse, c’est pour les familles authentiquement nobles dépourvues de la fameuse particule. Si leur parentèle les reconnaît comme des leurs, même la « checheu » à l’annulaire provoque toutefois un doute. Comment se fait-il que M. X… ne porte pas de couronne sur la tête, ni de « de » devant son nom, voire pas de « de » entre ses deux noms séparés par un espace et non par un trait d’union ? C’est comme cela ? Ah, oui, mais ce sont bien sûr des nobles de l’Empire. Ce n’est pas évident, certaines familles accédèrent à la noblesse sous l’ancien régime, par extraction, par charge ou fonction anoblissante, et n’ajoutèrent pas de particule à leur nom. On les connaît, cela suffit. Les plus avisés prennent un air entendu en affirmant que ces familles-là, ont supprimé la particule durant la Révolution. Il suffirait de la rétablir. Ce n’est pas évident, surtout deux siècles plus tard, d’autant que la Cour de cassation considère de plus en plus que le fait de ne plus porter de particule après la Révolution correspondrait à une rectification volontaire pour les ascendants des prétendants actuels à la particule et qu’ainsi la longue possession d’un nom sans particule s’opposerait à la demande de rétablissement. Finalement, la particule est un préjugé.

Bottin mondain. du 1O mai 2024

7 thoughts on “Le billet du Bottin mondain. Être noble et sans « de » ?

  1. Jean Deweer

    On m’appelle souvent, spontanément, Monsieur Jean, équivalent actuel de Messire Jean, titre d’honneur fait aux nobles. Cela rejoint le Sire avorton par lequel les camarades d’école appelaient mon père, parce qu’il était petit, certes! mais Sire tout de même… Comme quoi, par delà une naissance adultérine, masquée, l par Adèle qui veut aussi dire noble, la qualité serait tout de même reconnue. Le réel et le biologique primeraient sur l’état-civil. Matière à réflexion.
    Centurie X-18
    Le rang Lorrain fera place à Vendôme,
    Le haut mis bas, & le bas mis haut,
    Le fils de Mamon sera esleu dans Rome,
    Et les deux grands seront mis en defaut.
    Le rang lorrain est celui de Marie-Antoinette et Vendosme sont les Orléans…

    Centurie X-54
    Nee en ce monde par concubine fertive,
    A deux haut mise par les tristes nouvelles,
    Entre ennemis sera prinse captive,
    Et amenee à Malings & Bruxelles.
    Adèle…

    Centurie X-84
    La naturelle à si haut non bas,
    Le tard retour fera marris contens:
    Le Recloing ne sera sans debats,
    En employant & perdant tout son temps.
    Toujours Adèle et son père Prince (à si haut non bas)…

    Il se trouve que celui qui a écrit ( écriture de Louis XVII) et été l’un des signataires de l’acte de naissance d’Adèle, Charles Joseph Merry (d’où peut-être l’allusion à “marris’, mary ailleurs avec la prononciation anglaise), a orthographié le nom dans l’acte de Weer et non comme il est écrit en marge par un autre, Deweer. Comme quoi, avec la particule, il s’agirait bien de signaler, en plus du prénom, une noblesse. Un usage qui, en l’occurrence, fait sens.
    Qu’un certain Paul d’Hondt ait publié en 1974, un livre “Louis XVII au pays des collines”, que je n’ai pas pu trouver, où Charles Joseph Merry, fils adoptif Roucourt, a prétendu être Louis XVII, ajoute à la présomption. L’intelligence artificielle peut être folle par moments; elle a pu dire à un moment que les Roucourt (noblesse belge) était apparentée aux Mercy d’Argenteau mais comme elle ne répète pas, on ne peut pas vraiment savoir, sinon cela signifierait une implantation liée à l’Autriche.
    Que j’ai été ennuyé dans ma jeunesse par un service secret, au point de tomber malade (Il fallait, selon une lettre anonyme, que je me retrouve sur un lit d’hôpital et que je perde mes parents, auquel cas je n’aurais peut-être jamais pu en sortir, j’étais fou bon à être drogué et enfermé à vie…sans que j’aie le moindre soupçon) ne s’est sans doute pas fait sans raison sérieuse et tout s’expliquerait; la république (du moins certains…) se serait défendue contre une perspective bien présente dans certains esprits (Eric Muraise par exemple) qui la gênait… Il fallait que des renseignements aient été disponibles quelque part et tout se recouperait…
    En attendant, du temps serait perdu et les débats ne cesseraient pas… Mais peut-être veut-on rêver à quelque chose de plus merveilleux, brillant par son absence d’explications historiques?

    Comme quoi, la prophétie de Nostradamus est gênante jusqu’au bout, elle dit bien une translation (du dauphin) près des Ardennes, en l’occurrence belges:
    Centurie V-45
    Le grand Empire sera tost desolé
    Et translaté pres d’arduenne silve:
    Les deux bastards par l’ainé decollé,
    Et regnera Aenobarb, nez de milve.
    France, Frankreich. L’aisné, Louis XVII (quatrain VI-59). Le baron Petit de Petival se rendait en Belgique selon un rapport du Directoire suite à son assassinat. Un rapace (nez de milve), Napoléon régnera à la place. Nostradamus insiste, c’est au travers de ces bâtardises (à si haut non bas) que l’histoire trouvera son issue.

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  2. Jean Deweer

    Si un géniteur avait voulu laisser une trace de sa paternité qu’aurait-il pu faire? S’il en avait eu l’occasion n’aurait-il pas pu le faire dans un acte de naissance? A noter la date de naissance: le 27 mars; il n’est pas rare en psycho-généalogie que l’enfant ait la même que celle d’un de ses parents…
    En définitive, la preuve absolue du lien familial serait faite grâce à une découverte archéologique:
    Centurie X-81
    Mis tresors temple citadins Hesperiques,
    Dans iceluy retiré en secret lieu:
    Le temple ouvrir les liens faméliques,
    Reprens, ravis, proye horrible au milieu.
    Ce serait hors du commun, vraiment noble. Dans un pays où l’on a nié la noblesse, ce serait une “révolution”. Sans compter que cette trace d’une vie avant la vie serait profondément religieuse…

    Acte de naissance d’Adèle de Weer

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