Alain Texier m’ayant fait l’amitié de me solliciter pour apporter une contribution à la promotion de l’héraldique dans les pages du blogue de la Charte de Fontevrault je vous propose un survol des connaissances générales sur le sujet (ainsi que vous les trouverez détaillées dans les trois ouvrages d’Alain – notes 1, 2 et 3 -) mais aussi de nous arrêter sur un certain nombre de domaines particulièrement démonstratifs ou intéressants. Cette réflexion prendra la forme d’une série de chroniques que nous publierons à intervalle aussi régulier que possible pour votre information mais aussi, pourquoi pas, votre plaisir !
NB. Pour vous procurer les ouvrages 2 et 3 ( Le 1 étant épuisé) merci d’envoyer un mail à altexier1orange.fr
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Chronique d’héraldique N°1.
Toute l’histoire de l’Europe, depuis l’aube du XIIème siècle, s’exprime dans les armoiries de ses Etats, de ses régions, de ses villes comme de ses familles, de ses grands (et moins grands) personnages. On ne peut visiter ses monuments, admirer ses oeuvres d’art, consulter ses documents officiels ou privés, ses livres ou ses cartes anciennes mais aussi admirer son orfèvrerie ou même… ses plaques de cheminée sans rencontrer des armoiries dessinées, peintes, sculptées ou gravées qui nous renvoient à nos racines et à notre identité. Gérard de Nerval a d’ailleurs pu écrire à ce propos: « Le blason est la clef de l’histoire » (Angélique 1854).
Armoiries du royaume de France
( Epoque Restauration).
Connaître ou reconnaître les armoiries, savoir les décrypter, les comprendre et les expliquer, reste aujourd’hui utile non seulement à l’historien mais aussi à toute personne de qualité qui s’intéresse à l’histoire de l’Occident.
C’est dans cet esprit et avec la volonté de le faire partager par tous ceux qui ont l’espérance du Roi et de la France que nous rédigerons cette chronique consacrée à l’emblématique (et plus particulièrement à l’héraldique). Il nous faudra nécessairement, en guise de préambule, exposer quelques définitions d’ordre général mais également quelques notions de vocabulaire et de syntaxe qui constituent la langue du blason dont Michel Pastoureau pense que: « Non seulement elle dit beaucoup avec peu, non seulement elle apparaît comme un code extrêmement élaboré, mais elle est celle qui se prête le mieux à la description des images, donnant toujours la priorité à la structure sur la forme. Elle est en outre dotée d’un grand pouvoir poétique et onirique… » Nous ne doutons pas que nos lecteurs en seront rapidement convaincus et qu’ils nous aideront, par leurs interventions, à favoriser le renouveau de l’héraldique dans notre pays.
Enfin, nous voudrions avant de nous lancer dans cette passionnante aventure, rendre hommage à nos anciens, à nos maîtres, à ces hommes et femmes rares et cultivés qui furent des pionniers dans la renaissance de l’héraldique au cours du XXème siècle face à la déculturation post-révolutionnaire et auxquels nous sommes immensément redevables. Nous citerons tout particulièrement notre ami le baron Hervé Pinoteau mais aussi Robert Louis et sa fille Mireille ainsi, bien sûr, que Michel Pastoureau, Michel Popoff et Emmanuel De Boos. D’autres noms méritent d’être rappelés dans bien des domaines de l’héraldique et nous le ferons au fur et à mesure de notre cheminement.
La première définition qu’il est important de rappeler est celle du mot héraldique. Nous l’emprunterons à Michel Pastoureau : « L’héraldique est la science qui a pour objet l’étude des armoiries« . Qu’entend-on alors par armoiries et blason ? La meilleure définition des premières nous paraît être celle de Rémy Mathieu : ce sont « des emblèmes en couleur, propres à une famille, à une communauté ou, plus rarement, à un individu, et soumis, dans leur disposition et dans leur forme, à des règles spéciales qui sont celles du blason. Servant le plus souvent de signe distinctif à des familles, à des groupes de personnes unies par les liens du sang, elles sont en général héréditaires. Les couleurs dont elles peuvent être peintes n’existent qu’en nombre limité. Enfin, elles sont presque toujours représentées sur un écu. »
Pour le second (blason) , il nous faut dire d’emblée qu’il recouvre un important quiproquo. En effet, le blason est, à l’origine, la langue particulière (vocabulaire, syntaxe, coutumes et règles) permettant de décrire les armoiries. Mais, au fil du temps et par extension, ce terme est devenu, en langage courant et pour le commun des mortels, synonyme d’armoirie. Pour la simplicité du discours nous conserverons dans certains cas cette acception moderne.
A suivre…
Jean-Yves Pons
Notes :
1/ Alain Texier, Qu’est-ce que la noblesse ? Histoire et droit. Tallandier ed., 1988.
2/ Alain Texier, Noblesse, titres et armoiries. LGM ed., 2021.
3/ Alain Texier, Approches de l’héraldique . LGM ed., 2022.
Index des chroniques « Approches de l’Héraldique »
- Approches de l’héraldique (1)
- Armoiries du Royaume de France (1)
- Rémy Mathieu (1)
- Michel Pastoureau (1)
- Alain Texier (1)
Quelles questions poseriez-vous à quelqu’un qui vous demanderait de l’aider à composer des armoiries?
S’il accepte de livrer quelques secrets ! D’abord ses motivations. Ensuite de raconter son histoire et celle de sa famille. Enfin, tout simplement, d’exprimer ses goûts en la matière. Car si l’héraldique est une science (que l’on dit « annexe » de l’Histoire), c’est aussi un art. Comme celui du portrait pour le peintre.