« Race », « négrillon », « femme »… L’Académie française priée de « rectifier d’urgence » son dictionnaire
Racisme, vision archaïque de la société… La définition de plusieurs mots du nouveau dictionnaire de l’Académie française est problématique, selon la Ligue des droits de l’homme qui demande à l’institution de faire des modifications
La Ligue des droits de l’homme (LDH) appelle à « rectifier d’urgence » la définition de plusieurs mots du nouveau dictionnaire de l’Académie française comme « négrillon », « race » ou encore « femme » et dit sa « consternation » par cette vision du monde tel que le décrit l’ouvrage. La LDH a découvert « avec stupéfaction et consternation que nombre de définitions participent d’une vision au mieux archaïque de notre monde », dénonce mardi l’organisation dans un communiqué.
« Le traitement du racisme, lourd d’enjeux dans le monde où nous vivons », est « sidérant », poursuit-elle à propos de l’ouvrage dont la neuvième édition a été remise solennellement au président Emmanuel Macron le 14 novembre.
« Aucune distance »
La « race » est ainsi définie dans le dictionnaire comme « chacun des grands groupes entre lesquels on répartit superficiellement l’espèce humaine d’après les caractères physiques distinctifs qui se sont maintenus ou sont apparus chez les uns et les autres, du fait de leur isolement géographique pendant des périodes prolongées ».
Au mot « jaune » on peut aussi lire qu’il s’agit d’« une personne ou une population caractérisée notamment par la pigmentation jaune ou cuivrée de la peau, par opposition à Blanc et à Noir », s’indigne la LDH.
L’association pointe également la présence du mot « négrillon » qui dans le dictionnaire consultable en ligne renvoie à « petit enfant noir » ou celle encore de « négroïde » comme personne présentant « certaines des caractéristiques morphologiques des populations noires ».
« Aucune distance n’est marquée avec ces entrées, aucune d’entre elles n’est signalée comme discriminante ou péjorative », souligne la LDH qui demande à « rectifier d’urgence » cette édition. Dans un autre registre, la femme est qualifiée comme « un être humain défini par ses caractères sexuels qui lui permettent de concevoir et de mettre au monde des enfants », pointe la LDH. « Faut-il en conclure qu’une femme stérile ou ménopausée n’en est pas une ? », s’interroge-t-elle.
Vers une modification en ligne ?
Elle épingle également la définition de l’hétérosexualité qui est décrite comme une relation « naturelle » entre les sexes « ce qui implique que l’homosexualité ne l’est pas », en déduit la LDH.