Dernière chronique d’héraldique consacrée aux branches capétiennes illégitimes contemporaines.
Jusqu’à ces derniers mois, on ne connaissait plus en France qu’une seule branche issue d’un bâtard capétien. Il semble en effet qu’il n’existe plus de Bourgogne chez nous ni en Belgique (où il s’en trouvait encore au siècle dernier, issus de Jean, dix-septième bâtard légitimé de Jean sans Peur et d’Agnès de Croÿ). Ces bâtards de Bourgogne portaient un écu écartelé de Bourgogne moderne et de Bourgogne ancien avec Flandre sur le tout et une plaine d’or pour brisure (d’autres brisures de bâtards bourguignons ayant existé : https://charte-fontevrault-providentialisme.fr/index.php/2024/12/10/chroniques-heraldiques-de-jean-yves-pons-6-les-brisures/).
Petites armes de la maison de Bourgogne à l’époque de Jean sans Peur.
La plaine est une pièce horizontale qui occupe environ le sixième de la hauteur de l’écu sur toute sa largeur (ou une demi-champagne) : http://www.blason-armoiries.org/heraldique/p/plaine.htm.
Il en est de même des Valois de Saint-Remy, issus de Henri fils illégitime de Henri II et de Nicole de Savigny, dame de Saint-Remy, et éteints au début du siècle dernier. Ils portaient un écu d’argent à la fasce d’azur chargée de trois fleurs de lys d’or :
Valois de Saint Rémy. (vignette ci-dessous)
Quant aux nombreux descendants illégitimes de Louis XV, ils ont tous disparu à l’heure qu’il est… à notre connaissance.
Il ne reste donc plus, en principe, que les Bourbon-Busset et leur branche cadette, les Bourbon-Châlus.
De Robert de Clermont, sixième et dernier fils de Saint-Louis et de Marguerite de Provence, descend à la 5e génération Charles Ier de Bourbon qui épousa Agnès de Bourgogne, fille de Jean Sans Peur, duc de Bourgogne.
Leur quatrième fils, Louis de Bourbon (1438-1482), prince-évêque de Liège par la protection de son oncle Charles le Téméraire — et dont Walter Scott a fait l’un des personnages historiques de son Quentin Durward en le surnommant « le Bon Évêque » —, eut d’une inconnue (supposément, pour certains auteurs, Catherine d’Egmont, duchesse de Gueldre) trois fils naturels dont l’aîné, Pierre de Bourbon, seigneur de L’Isle (1464-1530), dit « le Grand Bâtard de Liège », chambellan du roi Louis XII, épousa Marguerite de Tourzel d’Alègre, baronne de Busset (terre d’Auvergne dont elle était l’héritière), fondant ainsi la maison de Bourbon de Busset, dite Bourbon-Busset, dont sont issus les Bourbon-Châlus.
Les Bourbon-Busset (toutes branches confondues) portent un écu aux armes de France (d’azur à trois fleurs de lys d’or) brisées d’un bâton péri en bande (qui devrait être en barre pour ceux qui sont issus d’un bâtard) de gueules (pour Bourbon) et d’un chef de Jérusalem (d’argent à la croix potencée d’or accompagnée de quatre croisettes du même, pour rappeler le prince-évêque de Liège dont ils sont issus, duc de Bouillon et par là même Godefroy de Bouillon, roi de Jérusalem ! C’est un peu tiré par les cheveux mais… c’est ainsi puisque les bâtards comme les cadets ont toujours cherché à apparaître comme les califes à la place des califes… Nous retrouverons ce travers dans quelques lignes).
Armoiries de Bourbon Busset.(Vignette ci-contre)
En 2025, l’aîné de la maison de Bourbon Busset est :
- Charles de Bourbon, baron dit comte de Busset (né en 1945), ingénieur civil des mines de Paris, ancien maire de Ballancourt-sur-Essonne (91610) . https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_de_Bourbon_Busset#:~:text=Charles%20de%20Bourbon%20Busset%2C%20comte,français%20Jacques%20de%20Bourbon%20Busset.&text=Charles%20comte%20de%20Bourbon%20Busset%2C%20en%202015. Il est le fils de l’écrivain et académicien Jacques de Bourbon Busset.
Pour le rameau de Châlus :
- Louis de Bourbon de Chalus (né en 1981) qui, dans ses activités professionnelles de marketing, signe modestement « Louis de Bourbon » pour faire sans doute davantage légitime en rappelant ainsi Monseigneur Louis de Bourbon, duc d’Anjou !
- Armoiries d’empire des Razout.
Il est à noter qu’il a existé une branche illégitime des Bourbon Busset (si, si !…) avec la famille bourguignonne de Razout. qui fut confirmée dans sa noblesse par Napoléon Ier en la personne du général comte Louis-Nicolas de Razout dont les armes n’ont jamais rien eu de bourbonien et dont le dernier représentant, Georges-Émile de Razout (né en 1918) est décédé le
Il nous faut à présent dire quelques mots de la découverte récente d’une nouvelle branche capétienne illégitime issue, semble-t-il en 1779, d’un bâtard du comte d’Artois, dernier roi Bourbon sur le trône de France en la personne de Charles X. Nulle trace n’en était connue avant une enquête génétique menée par le plus grand des hasards sur un habitant de Normandie. Vous en trouverez l’histoire ici : https://histoiresroyales.fr/revelation-exclusive-nouvelle-branche-ainee-bourbons-famille-royale-france-test-adn/. Cette découverte donne lieu aujourd’hui et grâce à sa promotion par quelques intrigants à une sournoise remise en cause des règles de dévolution de la couronne de France autant qu’à une contestation de l’aînesse du prince Louis Alphonse de Bourbon, duc d’Anjou (https://www.lecontemporain.net/2023/09/genetique-et-genealogie-aux-confins-de_1.html). «
Mais, ne l’oublions jamais : TOUTE BRANCHE CAPETIENNE ISSUE D’UNE UNION ILLEGITIME (BATARDE) NE SAURAIT ÊTRE DYNASTE.
Cette règle ne souffre aucune exception. Elle rend nulle et non avenue les prétentions du dernier rejeton de cette branche qui a l’audace de s’intituler (avec en outre une erreur historique) chef de la « SECONDE MAISON D’ARTOIS » ! En voici la preuve : https://fr.wikipedia.org/wiki/Seconde_maison_d%27Artois
Et pourquoi parler d’ « erreur historique » ? Pour deux raisons : la première est qu’à l’évidence aucune branche bâtarde ne peut prétendre constituer une maison royale en France dans la lignée de celles que nous connaissons et la seconde est l’existence de deux légitimes maisons capétiennes d’Artois (d’abord de 1216 à 1472 – issue de Robert Ier de France, second fils de Louis VIII le Lion roi de France – puis de Charles-Philippe de France (1757-1836), comte d’Artois puis roi Charles X, et de ses descendants jusqu’au comte de Chambord (+1883).
Première maison capétienne d’Artois.
Seconde maison capétienne d’Artois.
Mais l’usurpation ne s’arrête pas là puisque le dernier rejeton issu de l’union illégitime du comte d’Artois en 1779 prétend porter aujourd’hui les pleines armes de la seconde maison capétienne légitime d’Artois que rien ne l’autorise à relever : « de France à la bordure crénelée de gueules » ! Sans la moindre brisure comme vous le constaterez sur son compte X (ex-Twitter) : https://x.com/jpcarpentierue?lang=fr
SIC TRANSIT GLORIA MUNDI.
Jean-Yves Pons, CJA.