TRIBUNE. Pour le duc d’Anjou, chef de la Maison de Bourbon et prétendant légitimiste aux trônes de France et de Navarre, les textes en passe d’être votés à l’Assemblée signent l’abdication de notre société toute entière face à la vulnérabilité, la souffrance et la faiblesse.
Au milieu de la fièvre qui agite le personnel politique à propos du projet de loi relatif à la fin de vie, je veux, une fois encore, faire entendre à la France la voix de la tradition politique et de la morale millénaire sur laquelle elle se repose. Cette tradition, je l’assume tout entière en tant que chef de la Maison de Bourbon. Et il m’appartient de veiller à ce qu’elle ne soit pas un reste anecdotique de notre passé, mais bien un guide qui éclaire et conduise nos actes.
Ce qui se prépare au Parlement constitue une nouvelle rupture anthropologique que je condamne fermement. Je la condamne car à terme, elle nuit à la France et aux Français. En janvier 2024, j’avais déjà exprimé toutes les craintes et les réserves que j’avais à l’égard du texte qui était en préparation.
Malheureusement, la réalité a dépassé ce que j’imaginais, comme tous les hommes de bien. Les amendements adoptés dans le cadre de la loi signent l’acte d’abdication de notre société toute entière face à la vulnérabilité, la souffrance et la faiblesse. Le dernier clou dans le cercueil de la civilisation européenne, bâtie sur les lumières du christianisme et de l’humanisme, s’apprête à être planté dans une certaine indifférence médiatique et politique.
La rentabilité plutôt que le sacrifice
Les décideurs politiques ont une lourde responsabilité face à l’humanité tout entière. Et ce n’est pas en maquillant ce suicide assisté qu’ils s’apprêtent à voter sous le masque d’une pseudo-fraternité qu’ils échapperont au tribunal de l’Histoire et de leur conscience. Je voudrais le leur rappeler, afin qu’ils se rendent compte de la gravité de l’acte qu’ils s’apprêtent à poser.
« C’est la Vie et la nature tout entière qui seront rejetées »
Dans un pays marqué par des progrès sociaux importants, par un système de soin extrêmement développé, il est désolant de constater que la lâcheté va être choisie plutôt que le courage, la rentabilité plutôt que le sacrifice. Car ne doutons pas que des logiques comptables abjectes sont à l’œuvre parmi les motivations sous-jacentes. Les personnes les plus fragiles seront priées de comprendre qu’elles sont de trop, qu’elles pèsent un poids trop lourd pour notre économie
Peu à peu, un certain modèle hygiéniste de société nous est donc proposé dans lequel la faiblesse, l’inattendu, et l’imperfection ne seront plus tolérés. C’est la Vie et la nature tout entière qui seront rejetées. Et là aussi, nous le savons bien, sous couvert d’humanisme et de liberté, cette loi va encore aggraver les inégalités. Alors que les personnes aisées pourront avoir la chance de parvenir aux unités de soins palliatifs, les plus pauvres eux, n’auront que la mort comme alternative à leur souffrance. Un contraste frappant pour la République française qui se veut être la championne de l’égalité.
Les mots ont été vidés de leur sens pour en faciliter l’usage, les valeurs morales ont été évacuées pour faciliter les décisions, les restes de notre civilisation judéo-chrétienne ont été dispersés pour faciliter l’avènement de l’individu-roi. Nous ne raisonnons plus en tant que société, mais en somme d’individus, avec chacun leurs désirs, leurs angoisses, leurs problèmes. Et que le plus fort gagne ! Voilà le nouveau credo de notre société hyper-consumériste.
Refuser ce basculement
L’héritage monarchique que je porte voudrait convaincre mes compatriotes que d’autres voies sont possibles. Qu’il reste tant à faire pour développer les soins palliatifs, qu’il nous reste tant à apprendre de ces gens qui souffrent, qui ne veulent pas mourir mais auxquels nous ne donnons pas la parole et dont nous refusons d’entendre le témoignage. Cette loi n’est pas qu’une affaire d’individus. Elle est l’affaire de la société française dans toutes ses composantes pour aujourd’hui et pour demain.
Que voulons-nous pour notre pays ? Pour notre génération et les suivantes ? Et si ceux à qui je m’adresse ne veulent raisonner que de manière égoïste, je veux leur rappeler qu’ils sont les souffrants, les handicapés et les personnes âgées de demain. Peut-être constateront-ils alors que l’appel de la Vie, même dans ces instants les plus vulnérables, reste immense.
« Faisons le choix ne pas peser la valeur des vies humaines et surtout de ne pas acter la fin de notre antique civilisation »
Enfin, je veux également avoir une parole pour les soignants que l’on feint trop d’ignorer et qui ne sont pas entendus. Eux qui sont totalement dévoués au service des malades et des souffrants, eux qui exercent leur profession avec passion et humanité, eux qui côtoient la vie et la mort chaque jour qui passe. Ne renoncez pas à votre déontologie : elle est votre honneur. Elle est le rempart à la fois mince mais grandiose qui sépare notre civilisation d’une pente glissante, où la vie risquerait de perdre peu à peu sa valeur, et où la compassion se confondrait avec l’abandon.
Ce rempart, c’est le refus de considérer la vie humaine comme une simple variable d’ajustement, comme un fardeau à soulager par l’effacement. C’est le choix de soigner plutôt que de céder, d’accompagner plutôt que de précipiter. Vous portez, dans l’ombre parfois, une part immense de ce qui fait la dignité de notre société. Soyez fermes dans ce qui fait votre intégrité et votre honneur : les Français vous soutiennent.
J’en appelle aux médecins, aux philosophes, aux croyants et à tous leurs pasteurs, aux responsables associatifs, et à tous ceux qui savent ce que valent la souffrance, le soin et la fragilité. Refusez ce basculement. Et plus largement, ça n’est pas à chaque Français que je m’adresse, mais bien à la France même. Faisons le choix ne pas peser la valeur des vies humaines, de ne pas s’ouvrir à un système de mort et surtout de ne pas acter la fin de notre antique civilisation. En effet, c’est bien elle qui sera la première victime de cette loi. Puisse saint Louis éclairer nos dirigeants et nos décideurs politiques.
https://www.lejdd.fr/Societe/euthanasie-lappel-de-louis-de-bourbon-contre-un-basculement-civilisationnel-158491?at_medium=Fan+Page&at_campaign=Facebook&at_creation=JDD
Merci, Monseigneur !
Ce qui est important c’est que l’adresse du prince Louis-Alphonse soit publiée dans un journal national et pas seulement dans une feuille de choux legitimiste que personne ne lira.
Bien joué de la part du secrétaire français du duc d’Anjou.
En théorie, seule l’Assemblée dite nationale l’avoté : le Sénat peut encore s’opposer.
dansce cas, laoi ne serait pas promulguée.
Merci au Duc d’Anjou de peser de toute son autorité pour interpeller les Français de bonne volonté.
Hé, y a un autre Bourbon ici :
integralisme-organique.com/2025/05/euthanasie-et-suicide-assiste-en-france-genocide-au-levant-rivarol/
Il a l’air pas mal, ne voudriez-vous pas examiner sa royale candidature ?
Que voulez-vous dire ? Pourquoi inviter à taper sur Google un lien qui ne donne rien ? Quel autre Bourbon ? Impossible d’examiner sa candidature…
Je n’ai pas invité à taper sur google,
le lien fonctionne très bien.
Voici le contenu :
Edito de Rivarol
LE SAMEDi 24 mai, jour de la fête de Notre-Dame Auxiliatrice, les députés ont voté un « délit d’entrave à l’aide à mourir » à l’instar du « délit d’entrave à l’interruption volontaire de grossesse » qui existe dans le code pénal depuis 1993 et dont feu le docteur Xavier Dor a été souvent victime, au point même de croupir en prison pendant plusieurs mois. La loi Neiertz créant ce délit d’entrave à l’avortement avait été votée par le Parlement dix-huit ans après la loi Veil du 17 janvier 1975 dépénalisant le meurtre des innocents dans le ventre de leur mère. Cette fois-ci on n’attend même pas que la proposition de loi dépénalisant le suicide assisté et l’euthanasie qui doit en principe être votée en première lecture par les députés ce mardi 27 mai, après l’envoi de cette édition à l’imprimerie , soit adoptée, on crée avant même le vote et la promulgation de la nouvelle législation un nouveau délit d’entrave. Et pour faire bonne mesure les députés ont doublé les sanctions pénales initialement prévues dans le texte : les peines encourues seront de deux ans de prison ferme et de 30 000 euros d’amende (les rapporteurs avaient prévu 1 an de prison ferme et 15 000 euros d’amende), exactement comme pour le « délit d’entrave à l’IVG ». Non seulement on légalise, on promeut le crime de masse, en s’en prenant aux deux bouts de la vie les bébés avortés et les anciens euthanasiés ou suicidés mais on veut empêcher tous ceux qui s’y opposent, ou ont des réserves ou des réticences, de s’exprimer et d’agir activement contre cette abomination sans nom. Car il est bien évident que les familles hésiteront beaucoup à inciter un proche désespéré et tenté par l’euthanasie ou le suicide assisté à renoncer à cette conduite mortifère si elles savent qu’elles risquent la ruine et la claustration : vingt-quatre mois derrière les barreaux (ou au mieux sous bracelet électronique) et 30 000 euros d’amende, sans compter d’éventuels dommages et intérêts.
On mesure la profondeur et l’étendue du mal dans notre monde sans Dieu, sans repères, sans boussole. On veut, dans le cadre d’une participation citoyenne et républicaine, que chacun apporte activement sa pierre à l’édifice d’une société de mort et de destruction, de crime et de désolation. Plus que jamais, c’est Satan qui mène le bal. Il ne faut en effet se faire aucune illusion : lorsque la loi sera votée, promulguée et appliquée, tout changera très vite. Comme on l’a vu pour les pays s’étant dotés de cet arsenal législatif, notamment le Québec, la Belgique, le Pays-Bas. Les demandes explosent, le nombre d’euthanasie se multiplient et il y a même un marché de la mort. Au Québec des packs sont proposés où l’on vous offre dans une salle, avec un fond musical, des madeleines et du café pendant que la personne de votre famille, dont des photos sont affichées sur les murs, est euthanasiée juste à côté. On ne le dira jamais assez : les lois bouleversent les mœurs et les mentalités, font sauter des verrous et des tabous moraux que l’on croyait autrefois infranchissables.
SANS DOUTE cette évolution législative n’est devenue possible que dans le cadre d’une profonde déchristianisation de l’homme et d’un athéisme de masse. « Si Dieu n’existe pas, tout est permis » écrivait déjà Dostoïevski. Il n’est alors plus aucune certitude, aucune solidité, le sol se dérobe sous nos pieds : on peut changer de sexe, d’orientation sexuelle, comme ils disent, se grimer, se transformer, se suicider, plus rien n’a de sens, plus rien n’est permanent, n’est stable, n’est solide, ni les engagements, ni les couples, ni les familles, ni le travail, ni la vie, ni les convictions, ou ce qui en tient lieu. Nous vivons plus que jamais l’ère du néant, du vide et du chaos. Et cette loi légalisant bientôt, sauf miracle, l’euthanasie et le suicide assisté va aggraver encore la perte des liens sociaux, amicaux et familiaux, l’égoïsme, l’individualisme, l’égocentrisme, l’irresponsabilité criminelle. Et comme pour l’avortement naguère, tous les prétendus et hypocrites garde-fous (condition de détresse, entretien préalable, délai légal à respecter, etc.) disparaîtront les uns après les autres. Bientôt, comme aux Pays-Bas, les mineurs eux-mêmes pourront être euthanasiés. Déjà, la piqûre létale pourra être injectée aux personnes victimes de souffrances physiques ou psychologiques ce qui permet tout, une simple dépression passagère peut suffire et aux patients dont la maladie non définie est « à un stade avancé ou terminal ». Or, personne ne sait définir de manière objective et incontestable ce qu’est un « stade avancé ». C’est la porte ouverte aux pires abominations, y compris au chantage à l’héritage, à la méchanceté pour conduire au suicide assisté celui dont on veut se débarrasser.
Qu’on le veuille ou non, la vie est faite de souffrances physiques et psychologiques. La grandeur de l’homme est d’y faire face, de les surmonter. Cette noble idée est au cœur du christianisme. La souffrance généreusement acceptée et vécue est rédemptrice. Le refus de toute souffrance ici-bas est à la fois illusoire et immature. La détresse est en effet inséparable de la condition humaine. Mais précisément c’est l’amour que l’on donne et que l’on reçoit, les soins et attentions que l’on prodigue, notamment à ses enfants, à ses vieux parents, à des proches dans le besoin, à toute personne nécessiteuse, qui rend la vie si belle, si précieuse, si attachante, et crée une solidarité mystérieuse mais vivifiante entre les êtres humains créés à l’image et à la ressemblance de Dieu. Un sourire sur un visage, une main qui se tend, un cœur qui bat, un regard tendre et doux, un mot qui console, une caresse qui apaise, un geste généreux qui illumine, une accolade qui réchauffe, une présence qui rassure, un proche qui écoute et comprend, voilà tout ce qui fait le prix de la vie ici-bas et voilà ce qui aide à supporter les infirmités de l’âge, les inconforts des maladies, la chaleur et le froid, les difficultés, épreuves, vicissitudes et amertumes de l’existence. Que l’on soulage autant qu’on le peut les grandes souffrances, notamment en fin de vie, qui peut s’opposer à cela ? Mais en aucun cas on ne peut donner ou se donner la mort, la vie ne nous appartenant pas. Et avec l’euthanasie et le suicide assisté il suffira pour en finir une fois pour toutes d’un chagrin d’amour, de la perte d’un emploi, d’un être cher, d’une dépression, d’une maladie, d’un échec, d’une disgrâce, d’un sentiment de désespoir et qui, dans la vie, n’a pas eu parfois l‘impression, quand tout va mal, que le sort semble s’acharner, d’être au fond du trou, au bout du rouleau ? alors même que demain est un autre jour, que, comme le dit la chanson, le plus noir nuage a toujours sa frange d’or (…)
Revoir la finale de Soleil Vert sur JustWatch, tout était dit.