Chers amis Fontevristes ou désireux de l’être,
Vous connaissez tous, ou au moins en avez-vous entendu parler, de la Prophétie des Papes attribuée au moine irlandais saint Malachie d’Armagh. Cette prophétie comporte 111 courtes devises, chacune étant attribuée par le prophète à un pape au fur et à mesure de la succession des pontificats. D’ailleurs, dans la basilique saint Pierre de Rome, ces 111 devises correspondent à chacun des 111 médaillons représentant un profil de pape que l’on peut voir sur les murs de la nef.
Ce que l’on sait moins c’est qu’ayant reçu cette mission du Ciel de donner aux chrétiens cette possibilité de connaître peu ou prou le pape suivant, ou plutôt de constater le bien fondé et la véracité de la prophétie après coup, comme il est d’usage, saint Malachie fit quelques erreurs ici et là en recopiant les visions et messages qui lui venaient du Ciel.
Avec miséricorde, le Bon Dieu laissa passer une première fois. Comme cela se reproduisit une deuxième fois Dieu envoya un de Ses messagers célestes pour reprendre Malachie, lui demander de corriger ses erreurs et de faire bien attention à relire son brouillon avant de mettre au propre la nouvelle devise reçue.
Il y eut cependant une troisième coquille de transcription. Alors le Bon Dieu se fâchât et intervint directement. Il s’adressa à Malachie et d’une voix forte lui dit :
» Malachie, c’est la troisième erreur que tu commets dans le travail que Je t’ai demandé de faire. La première fois, je n’ai rien dit en espérant que tu verrais la faute et que tu la corrigerais ; la deuxième fois, J’ai dû envoyer Mon ange pour te montrer et te faire modifier ton texte… Et tu recommences…!
EH BIEN, MALACHIE, NE PROPHÉTISE JAMAIS ! «
Lorsqu’il fut bien vieux, ne pouvant plus écrire, saint Malachie dicta ses mémoires à son secrétaire. Il raconta ce que je viens de dire (c’est comme cela que c’est parvenu jusqu’à nous), y compris cette intervention divine et l’ordre qu’il reçut de ne plus toucher à la prophétie.
Son secrétaire était un moine français. Lorsque ce dernier revint dans son pays il conserva par devers lui les Mémoires de Malachie. Mais pris par d’autres activités, il ne prit pas soin du document et le rangea dans un lieu où celui-ci se dégrada avec le temps.
Deux siècles plus tard, humide et rongé par les insectes, il fut retrouvé fortuitement au XVIème siècle par un poète de la Pléiade, qui travaillait à la réforme de la langue française et recherchait dans les écrits anciens quelques sentences et proverbes pour illustrer notre beau langage.
Quand délicatement il parvint à la page en question, il ne put lire que bien peu de choses :
» BIEN MALA C IE NE PRO I T E JAMAIS «
Alors, tout heureux de sa trouvaille, il nous transmit ce proverbe toujours utilisé :
» BIEN MAL ACQUIS NE PROFITE JAMAIS «
Chouandecoeur
Ah ! Ah !