Capréolus. Lorsque M. Petitfils raisonne profondément faux à propos du « pouvoir neutre » que ne saurait être le roi de France.

Monsieur Petitfils, au demeurant honnête historien des Louis XIII, Louis XIV, Louis XV et Louis XVI, accumule ici  *les poncifs du libéralisme “à la française”. D’ailleurs, ce qui est fort logique, il place sa réflexion sous les auspices de Benjamin Constant (1767-1830), chantre par excellence du libéralisme français (avec sa bonne amie Germaine de Staël( 1766-1817).

Personnellement, je m’étonne qu’on donne autant de crédit à M. Petitfils dans les milieux royalistes et contre-révolutionnaires. J-C Petitfils n’est ni royaliste, ni contre-révolutionnaire. Il suffit de lire les pages de ses Que sais-je consacrés à la droite et à l’extrême droite en France pour s’en convaincre. Petitfils est, pour ce qui regarde les XVIIe-XVIIIe siècles, un honnête historien, et pour qui veut connaître dans le détail l’histoire des rois Bourbon, la lecture des livres précités est devenue incontournable.

Il n’empêche que l’auteur raisonne profondément faux.

Le “pouvoir neutre” de Benjamin Constant n’est pas et ne peut pas être un roi. Encore moins le roi de France.

1. Parce qu’un roi digne de ce nom est un mon-arque, un souverain, et non pas (comme aujourd’hui en Grande-Bretagne, en Espagne, en Belgique, dans les pays scandinaves, etc.) un fonctionnaire héréditaire prétendument au service du peuple prétendument souverain, c’est-à-dire au service des hiérarchies occultes qui s’entendent à si bien manipuler “le peuple”.

2. Parce qu’un roi digne de ce nom est un roi chrétien. C’est-à-dire non pas un roi “neutre”, non pas un prince éventuellement chrétien en tant que personne privée, et qui serait “neutre” en tant que personne publique, en tant que “pouvoir”. Le roi chrétien est le lieutenant du Christ, vrai Roi des nations, qui, par le ministère du prince, doit régner dans la loi et dans le gouvernement des hommes.

3. Et parce que le roi de France est le fils aîné de l’Eglise et du Sacré Coeur. Autrement dit, en tant que roi chrétien, le roi de France est celui qui donne le “la” dans la Chrétienté, parmi les autres rois chrétiens.

“Paris vaut bien une messe”. On se tromperait sûrement si l’on ne voyait là (avec Voltaire) que du cynisme. La correspondance entre Henri IV et saint François de Sales atteste de la sincérité de la conversion du Béarnais à la foi catholique. Même si la conversion des mœurs n’était manifestement pas au rendez-vous. Si Henri IV n’avait été qu’un cynique, il aurait abjuré le calvinisme dès la mort de son prédécesseur, et non pas cinq ans plus tard (1594) !

A la différence d’Henri IV, qui a abjuré l’hérésie pour devenir le lieutenant du Christ, Juan-Carlos le Parjure, modèle des adorateurs du “pouvoir neutre”, a abjuré l’héritage des Rois Catholiques, restauré vaille que vaille par le Caudillo, pour devenir le parrain du règne de Satan, qu’est assurément la démocratie en Espagne ou en France. Henri IV est un reitre calviniste devenu fils aîné de l’Eglise. Juan-Carlos est l’héritier du Caudillo d’Espagne par la grâce de Dieu, devenu serviteur des Loges. On ne saurait concevoir deux démarches plus opposées l’une à l’autre ! Un véritable chassé-croisé ! Chose qui ne peut qu’échapper au libéral Petitfils.

Le Comte de Chambord, si moqué précisément par l’école libéral, ne voulut pas être autre chose que le lieutenant du Christ. Il ne voulut pas jouer la comédie et prostituer les apparences de la royauté au service d’une contre-royauté : le “pouvoir neutre”. Par son “grand refus” (comme ils disent) le prince a sauvegardé l’héritage qu’il avait en dépôt. Un héritage sauvegardé pour une authentique Restauration dont les révélations de Paray-le-Monial nous donnent l’assurance.

En attendant, Monsieur Petitfils et ses semblables, vrais héritiers de 1789, se contentent fort bien de la République Cinquième du nom, façonnée par l’idole de Colombey ; l’une et l’autre étant censées réaliser l’impossible synthèse entre la France de la Pucelle et la République des Loges, sous les auspices d’un Péguy toujours resté, en raison de ses propres contradictions, au seuil de la Cathédrale qu’il a pourtant si bien chantée.

“Notre Royaume de France”, “la République une et indivisible” ?

Mais enfin…

Quel accord entre le Christ et Bélial ?” (II Corinthiens, VI, 15)

  • https://chartedefontevraultprovidentialisme.wordpress.com/2018/07/08/est-il-possible-detre-daccord-avec-charles-peguy-la-republique-une-et-indivisible-cest-notre-royaume-de-france/

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