Une des vies de Fontevraud entre la fin de l’abbaye royale et le lieu de résurrection des royalistes providentialistes (25 août 1988).

  Le 3 aout 1814, la maison centrale de Fontevraud s’ouvre . La période de  la guerre (1940)   et de l’après-guerre lui  » offrit » bien des pensionnaires.

Philippe Saint-Germain https://www.babelio.com/auteur/Philippe-Saint-Germain/262113 offre une ultime description qui illustre parfaitement la démarche de bien des mémorialistes collaborateurs :

« Il est inconcevable de songer qu’en 40 et 47 la vie de milliers de détenus politiques a été remise sans contrôle entre les mains d’assassins, tous pourvus par l’administration, de postes de confiance dans les infirmeries. L’infirmerie de Fontevrault, nous l’avons dit, était dirigée par Ange Soleil  http://www.leparisien.fr/seine-et-marne-77/ange-soleil-le-mari-depeceur-d-aubervilliers-26-07-2016-5994321.php, doublé de deux « perpétuité » dont l’un, condamné pour l’assassinat crapuleux d’une vieille femme de 70 ans, et l’autre pour l’assassinat de son enfant de quatre ans. Ces trois hommes ont exercé leur autorité absolue pendant des années entières, sur plusieurs milliers de détenus. Pas une entrée à l’infirmerie, pas une sortie, pas une hospitalisation, pas une piqûre, n’ont été décidées sans leur accord. Et le médecin civil, pour des raisons qui m’échappent encore, a couvert de son autorité cette mascarade qui, certains jours, tournait au tragique. Il faut avoir vu Ange Soleil passer à la place du médecin, la visite aux lits, ausculter les uns, charcuter les autres, prescrire des remèdes, pour comprendre l’odieux de certaines heures de notre bagne ».

……

Citons encore le témoignage de Philippe Saint-Germain :« Et nous allions ainsi, des heures et des heures, sabotant les uns derrière les autres, sans un mot, sans un regard, traînant notre ennui sombre comme la veste marron du compagnon de file. Je me souviens de camarades écrasés de fatigue, les pieds ensanglantés dans leurs sabots, contraints de poursuivre leur « marche ou crève », d’infirmes molestés par les gardiens parce qu’ils ne maintenaient pas la cadence, de traînards arrachés des rangs et jetés au mitard sans qu’on écoute leurs raisons, de bavards « marmités » (action de porter un rapport au détenu) pour un coup d’œil échangé avec un voisin. Toutes les heures nous nous retrouvions pour quinze minutes assis sur le banc de la « pause » bercés par la voix monotone du lecteur enchaînant un chapitre de roman que personne n’écoutait» Pierre de Varaigne, https://criminocorpus.org/fr/outils/bibliographie/consultation/ouvrages/94706/  autre épuré, avait lui aussi les pieds blessés, faute d’avoir pu attacher les brides de ses sabots.

https://criminocorpus.hypotheses.org/7097

   Fontevrault ne se singularisait guère par rapport aux autres maisons centrales. Les évocations de Poissy, de Clairvaux, de Riom, d’Eysses au milieu du XXème siècle insistent sur la loi du silence, le travail à la tâche dans les ateliers, le désoeuvrement chez les Innocupés et bien sûr, l’arbitraire des prévôts. Ils ne devaient être supprimés dans les dortoirs que par une note de Charles Germain, Directeur de l’Administration pénitentiaire, le 8 mars 1950. Des témoignages supplémentaires permettraient de mieux appréhender les rigueurs disciplinaires dans la maison centrale de Fontevrault. 398 résistants ont été incarcérés dans cette prison. L’amiral Jean-Charles Abrial https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Marie_Charles_Abrial  et le préfet Amédée Bussière revêtirent le droguet brun après 1945. Ce fut aussi le cas d’anciens combattants français de la Charlemagne, cette division qui se battit sur le front de l’Est aux côtés des allemands. Lourdement sanctionnés de peines de travaux forcés comme Pierre Rostaing ou Henri Fenet, ils séjournèrent à Caen, à Riom et à Fontevrault jusqu’à la fin 1949. Ont-ils laissé des mémoires ?

Philippe Saint-Germain, Article 75, Préface d’Hélène de Suzannet, Paris, Bureau d’études et de publications sociales, 1951, 254 pages.
  Auteur de plus d’une centaine d’articles dans la presse collaborationniste, il fut condamné à cinq années de travaux forcés. Il fut incarcéré à Fresnes puis dans la Maison centrale de Fontevrault.

http://jean-claudevimont.blogspot.com/2006/02/les-tmoignages-dpurs-publis-ds.html

0 thoughts on “Une des vies de Fontevraud entre la fin de l’abbaye royale et le lieu de résurrection des royalistes providentialistes (25 août 1988).

  1. Hervé J. VOLTO

    Votre collaborateur a eu l’honneur de travailler pour Monte-Carlo Cote d’Azur un an comme maquettiste et dessinateur publicitaire en 1985 : le premier emploi après la sortie de l’école ! Je puis vous l’affirmer, M. Saint-Germain était bien Royaliste, plutot Légitimiste.

    Je savais sa condamnation aux travaux forcés, mais par contre je ne savais pas ce qui est dit sur l’emprisonnement à la centrale de Fontevraud…

    Reply

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