Littérature : Une juriste de Limoges publie un essai sur Olympe de Gouges.
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Comment est né ce livre ?
« Lors de mes études, j’ai rencontré un professeur* qui m’a parlé d’Olympe de Gouges, que je connaissais mal. Je m’y suis intéressée, elle m’a fascinée. Du coup, j’en ai fait un mémoire d’études, que j’ai repris plus tard pour l’étoffer et en faire cet ouvrage. »
- Il s’agit de moi qui assurait le cours d’histoire politique contemporaine ( Des réformes de Louis XV – 1771)-à la Constitution de 1958- en DEUG I à la Faculté de Droit et des Sciences économiques de Limoges alors installé sur le campus de Vanteaux à Limoges ( voir la note 136 in fine). Alain TEXIER.
Qui était-elle ?
« Une femme inclassable, autodidacte, entière, extraordinaire. Elle est issue d’un milieu assez simple, elle ne parle même pas français durant sa jeunesse, mais occitan. On la marie de force à dix-sept ans à un homme de trente ans son aîné. Son mari meurt très peu de temps après. Elle ne se remaria jamais, elle tenait trop à sa liberté. À vingt ans, elle rejoint sa sœur à Paris. Un ami la soutient financièrement, ce qui lui vaudra une réputation de courtisane.
Elle commence à écrire, notamment des pièces de théâtre, certaines seront d’ailleurs jouées. Une anecdote : comme elle était déjà pétrie d’idées égalitaristes et humanistes, elle avait écrit une pièce anti-esclavagiste mettant en scène des Noirs. Le scandale a été énorme. Elle a continué à beaucoup écrire, toute sa vie, j’ai d’ailleurs reproduit des textes dans mon livre. Et elle s’est bien sûr engagée en politique. Elle a défendu la cause des femmes, des Noirs, des enfants. Ce qui lui importait le plus était la dignité humaine.
Elle était très en avance sur son temps, moderne. Ainsi prônait-elle la création de maternités, dénonçait le viol entre époux – que la France n’a reconnu qu’en 1990 – militait pour l’égalité entre enfants adultérins, pour l’égalité successorale, pour le droit de vote, etc.
Au début, elle est pour une monarchie constitutionnelle, car rien ne lui fait plus horreur que la tyrannie d’un seul. Quand la Révolution éclate, elle rejoint le mouvement, mais, très vite, s’en démarque. Elle dénonce les excès des révolutionnaires, elle ne supporte pas ce nouveau climat de terreur. Finalement, elle en sera elle-même victime. Alors qu’elle publie un texte demandant une sorte de référendum pour pouvoir choisir un modèle de gouvernement, elle est arrêtée, ce texte contrevenant à une loi de mars 1793 relative à l’interdiction des écrits remettant en cause le principe républicain. Ses accusateurs lui refuseront la présence d’un avocat durant son procès, elle est condamnée à mort et guillotinée. C’est la deuxième femme dans ce cas après Marie-Antoinette. Elle n’avait que 45 ans. »
Vous dites qu’elle est injustement oubliée…
« Oui, absolument. On en a fait une féministe, mais elle était tellement plus que ça?! Elle a été calomniée, mal jugée, victime d’injustice, tant de son vivant qu’après. Il a fallu attendre ces dernières années, notamment avec les ouvrages de Benoîte Groult et Olivier Blanc, pour la réhabiliter. »
Pour autant, votre ouvrage n’est pas une biographie…
« Non, même si j’ai inclus une notice biographique au début du livre. Il m’a semblé que la pensée juridique et politique d’Olympe de Gouges, novatrice pour l’époque, méritait cet éclairage, jusque-là assez peu abordé me semble-t-il. J’ai voulu démontrer qu’elle avait imaginé un projet de société. Elle était imprégnée de la philosophie des Lumières ; Condorcet, Mirabeau, l’abbé Grégoire la soutenaient. Elle n’est pas reconnue à sa juste valeur. J’ai voulu participer à sa réhabilitation. »
(*) « Olympe de Gouges – Le cri d’une humaniste dans la tourmente révolutionnaire », Edilivre, 19 €.
Recueilli par Laurent Bonilla
Extrait de mon cours (P.53) .
Le détournement du suffrage quasi universel. ( Note 136)
-”quasi” car les femmes, qui représentaient quand même la moitiè du corps electoral potentiel, ne votaient pas malgré le sacrifice d’Olympe de Gouges, auteur de la” Déclaration des Droits dela femme et dela citoyenne” guillotinée sous la Révolution le 3 novembre 1793 à l’âge de 45 ans.
le Dr Robinet auteur du Dictionnaire historique et biographique de la Révolution et de l’Empire. Paris. (1789-1815).relate dans son Tome I p. 79 ) qu’arrivée “ sur l’affreux escalier, elle regarda les arbres des champs-Élysées puis elle murmura: Fatal désir de la renommée! j’ai voulu être quelque chose!”