Cet article se propose de revenir sur trois grandes articulations du discours impérial de Philippe II à partir de sources encomiastiques diverses, écrites et visuelles. Dans un premier temps, l’analogie établie entre le futur roi et Salomon, dès 1549, est l’occasion d’un portrait moral qui devient, par la suite, l’instrument prophétique du règne providentiel de la « colonne ferme » de l’Église, le restaurateur du Temple de Salomon. Puis le discours devient action avec la guerre des Alpujarras en 1569, réactivant la geste de la Reconquista achevée par les Rois Catholiques. Après ce discours s’ouvre un temps prophétisé dans lequel messianisme et millénarisme se fondent pour que Philippe II, le bras armé de Dieu, accomplisse la Monarchie du Christ. Une image que le roi confirme à Lépante en 1571. Une décennie plus tard, en 1580, il réalise enfin son triomphe impérial en intégrant la couronne du Portugal. Cette dernière action fut aussi le triomphe de son image de roi de justice au sens astréen du terme, en devenant le restaurateur de l’Âge d’or.