sPar Édouard DANIEL
Publié le 28/03/2024 à 20:14
mis à jour le 28/03/2024 à 20:41
Le château de Monts-sur-Guesnes, qui rouvre ( a rouvert) ses portes samedi 30 mars 2024, a attiré 15.000 visiteurs en 2023. Une fréquentation loin des ambitions initiales et qui suscite des critiques de la part de l’opposition départementale.
Le site existe. Mon rôle, c’est de le faire vivre. Céline Roncière est la directrice du château de Monts-sur-Guesnes, aussi connu sous le nom de l’historial du Poitou. Et à l’approche du lancement de la troisième saison, samedi 30 mars 2024, elle se démène pour exploiter au mieux ce lieu. L’an dernier, 14.978 personnes ont ainsi découvert cette expérience immersive et interactive, dans l’univers de Richard Cœur de Lion et d’Aliénor d’Aquitaine. Parmi elles, 1.000 jeunes ont bénéficié d’une entrée offerte par le Département, via l’opération « La Vienne vous invite ! ».
Une affluence légèrement inférieure à celle de la première année (16.359). Un chiffre surtout très éloigné des ambitions initiales du projet imaginé par Bruno Belin, du temps où il était maire de la commune, puis président du Département de la Vienne. De 70.000 visiteurs, l’objectif est descendu à 40.000 en 2019 pour la Compagnie du Poitou, constituée par Sites et compagnie (25 %) et la SEML Patrimoniale de la Vienne (75 %). Le gestionnaire envisageait finalement 25.000 entrées pour la saison 2023.
« On n’arrive même pas à la moitié des objectifs »
« Les promoteurs du château ont fait miroiter des chiffres de fréquentations mirifiques. On n’arrive même pas à la moitié. Il ne faut pas se voiler la face, c’est une déception », assène Grégory Vouhé, conseiller départemental d’opposition sur le canton de Poitiers-3, qui n’avait pas mâché ses mots sur la rentabilité de l’historial, lors de la séance plénière du 21 décembre 2023. À titre de comparaison, « c’est même dix fois moins que la fréquentation du château de Saumur », ose-t-il.
Bruno Belin avait déjà peu apprécié les critiques de l’élu, qui « n’a jamais porté de projet sur le temps long ». « Nous sommes sur un lieu touristique en construction, en maturation, qui rentre dans sa troisième année d’exploitation », rappelle le sénateur. « Nous sortons par ailleurs d’une période de crise, avec le Covid et l’inflation, où les gens ont fait attention. » Il préfère mettre en avant « les 32.000 visiteurs accueillis en 18 mois » et « l’excellent indice de satisfaction sur les réseaux sociaux ».
Nous sommes sur un lieu touristique en construction, en maturation, qui rentre dans sa troisième année d’exploitation. Bruno Belin, sénateur de la Vienne
De son côté, Céline Roncière s’appuie sur les retours de professionnels du tourisme. « Comparé à d’autres sites comme le château de La Mothe-Chandeniers, qui a attiré 15.000 visiteurs la deuxième année, c’est pas mal. On est à Monts-sur-Guesnes, pas dans une grande ville, ni sur une route passante », valorise la directrice, qui ne voit pas l’éloignement géographique du site comme un défaut. Même si l’inflation a affecté les sorties scolaires en raison du coût du transport pour les établissements. « On l’a ressenti. C’était une catastrophe », reconnaît-elle.
Une aide d’exploitation en question
Outre la localisation, Grégory Vouhé ( photo ci-contre) fustige le modèle économique, qui a coûté 10,2 millions d’euros et enregistré un déficit de 78.422 € en 2022. Il remet surtout en cause la subvention de fonctionnement de 162.750 € versée chaque année par le Département. « Ce soutien pénalise le financement des missions essentielles de la collectivité, qui pourrait consacrer davantage de moyens à la culture », insiste l’élu.
Bruno Belin préfère, quant à lui, rappeler la feuille de route qui prévoit le passage d’un produit à la demi-journée à la journée d’ici 2026, avec une nouvelle scénographie. « Ça changera beaucoup de choses », insiste l’initiateur de l’historial. En attendant, Céline Roncière travaille à améliorer la notoriété du site et se donne comme mission de dépasser la barre des 17.000 visiteurs en 2024. « Cela veut dire qu’on aura réussi, malgré les critiques, à attirer 50.000 personnes en deux ans et demi », souligne Bruno Belin.