La reine Marie-Amélie, vraie Bourbon et vraie catholique.

Article de Monsieur Hervé VOLTO :

Votre serviteur a voulu écrire pour nos amis transalpins. Les Royalistes d’un certain âge se trouveront confirmé dans leur Foi et leur Tradition, les plus jeunes apprendront peut-être quelque chose

Louis-Philippe Ier et dernier, est le Roi de l’usurpation qui a installé la Monarchie de Juillet. Né le 6 octobre 1773 à Paris, et mort le 26 août 1850 à Claremont House, Surrey (Royaume-Uni), il est le dernier Roi à avoir régné en France, entre 1830 et 1848, avec le titre de « Roi constitutionnel des Français ». Bien moins traditionaliste que ses prédécesseurs, il incarna un tournant majeur dans la conception et l’image de la Royauté en France, ne protégeant plus la foi Catholique et l’Église, comme ses prédécesseurs.

Mais on connaît moins celle qui fut son épouse, la Reine Marie-Amélie, née Maire Amélie de Bourbon-Siciles (1782-1866).

Maria Amalia Teresa di Borbone-Duo Sicilie naît au palais de Caserte, près de Naples. Elle est la dixième des dix-huit enfants du Roi Ferdinand Ier de Naples et de Sicile (1751-1825) et de la reine Marie-Caroline d’Autriche (1752-1814), elle-même sœur aînée de Marie-Antoinette.

Marie-Amélie est donc la nièce par alliance de Louis XVI et la cousine germaine de Louis XVII et de Madame Royale. Elle est également la tante de l’impératrice des Français Marie-Louise et de la Duchesse de Berry, qui porte quand à elle le même prénom que sa grand-mère maternelle.

Les jeunes filles de son époque et de son rang apprenaient à faire noble figure, se tenir, se comporter, parler le français, alors langue diplomatique internationale avant l’anglais, un peu d’anglais, d’espagnol et d’allemand, pour pouvoir tenir le cercle, échanger quelques paroles avec des courtisans, des ambassadeurs, des cousins régnants ou prétendants. Elles avaient de sérieuses notions d’histoire, elles apprenaient aussi la généalogie ainsi que d’excellentes leçons de maintien et s’exerçaient aux arts d’agrément et à celle de la conversation. À leur éducation s’ajoutait l’exercice constant de la charité, une aménité parfaite, une grande dévotion et on leur inculquait une profonde aspiration au bien.

La MAISON ROYALE DE NAPLES ET DES DEUX-SICILES, dite MAISON ROYALE DES DEUX SICILES en France et CASA REALE DEI BORBONI DI NAPOLI en Italie, est une branche italienne de la Maison de Bourbon ayant régné sur les Royaumes de Naples, de Siciles puis des Deux-Siciles entre 1734 et 1861. Issue de la dynastie Capétienne des Bourbon en ligne masculine et Légitime, la Maison de Bourbon-Siciles a donné plusieurs souverains et souveraines aux pays de l’Europe Catholique et au Brésil
https://charte-fontevrault-providentialisme.fr/index.php/2024/10/07/herve-volto-le-neobourbonisme-ou-le-legistimisme-italique/

La Duchesse de Berry, mère du Comte de Chambord, la Reine Marie Amélie –épouse de Louis-Philippe – donc, et, plus près de nous, la mère de Juan Carlos d’Espagne, furent des Princesses issue de la Maison de Bourbon-Siciles.

En 1734, l’infant Charles de Parme, fils de Philippe V d’Espagne et d’Élisabeth Farnese, récupère par la force du Royaume des Deux-Siciles,
https://fr.wikipedia.org/wiki/Royaume_des_Deux-Siciles 

et se fait couronner Roi respectivement sous le nom de Charles III de Naples et Charles V de Sicile, laissant le Duché de Parme aux soins de son frère cadet, Don Felippe. Dès lors, Charles III et ses descendants vont régner sur le Royaume des Deux-Siciles jusqu’en 1860, REPRODUISANT DANS LE SUD DE L’ITALIE LA ROYAUTÉ TRÈS CHRÉTIENNE DES CAPÉTIENS ANGEVINS ET DES CAPÉTIENS BOURBONS.

Louis XV, par le Pacte des Familles conclu entre Bourbons de France, d’Espagne, de Naples et de Parme du 15 août 1761, qui complétait le renversement des alliances de 1756, renouvelait la Consécration de la France à Notre Dame des Victoires et invitait les Bourbons d’Espagne, de Naples et de Parme à consacrer leur Royaumes à la Mère de Dieu. Ce qu’ils acceptent : Charles III consacre l’Espagne à LA VIRGEN DEL PILAR, Ferdinand I° consacre le Royaume de Naples à la MADONNA DEL CARMINE (prononcer Carminé) et Philippe I°, qui épouse par ailleurs la fille de Louis XV, consacre le Duché souverain de Parme à la MADONNA DELLA STECCATA (Madone de la Palissade) : ce dernier mariage permet de donner une touche de bonheur au Pacte des Familles, signé ainsi dans la bonne humeur et renouvelé en 1814.

Comme tous les membres de la Maison Royale des Deux-Siciles, Marie Amélie est très dévote à la Madonne del Carmine. Bref, le 25 novembre 1809 à Palerme, elle épouse son lointain cousin Louis Philippe, duc d’Orléans (1773-1850), fils aîné du défunt Philippe Égalité et de Marie-Adélaïde de Bourbon (fille du duc de Penthièvre, ce dernier fils du Comte de Toulouse, bâtard du roi Louis XIV et de sa maîtresse Madame de Montespan). Pour un Prince issu d’une lignée cadette sans perspective d’élévation au trône, vivant en exil depuis près de vingt ans, et par surcroît fils d’un régicide, c’est une union particulièrement brillante. Pour ces raisons, la reine Marie-Caroline est circonspecte quant à ce mariage, mais finit par donner son consentement lorsque le duc d’Orléans l’assure de sa détermination à réparer les erreurs de son père (Dyson, C. C, The life of Marie Amélie last queen of the French, 1782–1866. With some account of the principal personages at the courts of Naples and France in her time, and of the careers of her sons and daughters, 1910, 370 pages (ISBN 1330890906) ).

Les premières années de leur mariage se passent à Palerme, au palais d’Orléans : le Duc et la Duchesse vivent aux côtés de la famille Royale Sicilienne, sous la protection de la flotte britannique. Trois premiers enfants naissent en Sicile, avant que la famille ne revienne en France, où elle donnera encore sept enfants à son époux.

En effet, en 1814, lorsque l’Empire s’effondre et que la Monarchie légitime est restaurée en France, Louis-Philippe et Marie-Amélie retrouvent leur rang au sein de la Famille Royale de France.

En juillet 1830, alors que les Trois Glorieuses chassent Charles X du trône, le duc d’Orléans apparaît comme une alternative entre la Monarchie Catholique et Royale des Bourbons et la république. La belle-sœur de Marie-Amélie, Adélaïde d’Orléans, pousse ainsi son frère à se positionner comme le chef de file d’une Monarchie constitutionnelle et modérée, qui pourrait réunir les Français.

Marie-Amélie n’approuve pas, quant à elle, les manœuvres politiques de son époux : elle demeure fidèle à la branche aînée des Bourbons, à la vocation Catholique de la France qui a trouvé au-delà des Alpes un élargissement. Elle refuse au nom de son mari la couronne qu’est venu leur proposer une délégation menée par Adolphe Thiers, et aurait décrit, en larmes, l’élévation au trône de Louis-Philippe comme une catastrophe, craignant notamment qu’on le qualifie d’usurpateur (Dyson, C. C, The life of Marie Amélie last queen of the French, 1782–1866. With some account of the principal personages at the courts of Naples and France in her time, and of the careers of her sons and daughters, 1910, 370 pages (ISBN 1330890906) ).

La monarchie de Juillet est le régime politique du Royaume de France entre 1830 et 1848. Instaurée le 9 août 1830 après la révolution dite des « Trois Glorieuses » les 27, 28 et 29 juillet 1830, elle succède à la Restauration. La branche cadette des Bourbons, la maison d’Orléans, accède alors au pouvoir. Louis-Philippe Ier n’est pas sacré roi de France mais intronisé roi des Français. Son règne, commencé avec les barricades de la révolution de 1830, est troublé par plusieurs soulèvements vite maîtrisés, républicains à Paris, Légitimistes dans l’Ouest, deux tentatives avortées de coup d’État Bonapartiste à Strasbourg et Boulogne, qui ne remettent guère en cause la paix intérieure. La monarchie de Juillet, qui a été celle d’un seul Roi, fait suite à la monarchie dite « conservatrice » que constitue la Restauration entre 1814 et 1830.

Marie-Amélie une Reine dévouée à son époux, partageant ses joies et ses peines, et jouant un rôle de soutien moral et politique. Elle sera toujours été décrite comme une femme simple, généreuse et modeste, même après son accession au trône. 

Marie-Amélie est souvent perçue comme une Reine discrète et attachée à sa famille, mais aussi comme une femme intelligente, observatrice et avisée, capable de soutenir son époux dans les moments difficiles.

Celui-ci, qui aime son épouse, vraie Bourbon et vraie Catholique, garantira que la nouvelle Charte Constitutionnelle prévoit que la religion Catholique demeurasse la religion de la majorité des Français. Le nouveau régime, fruit d’un compromis adultérin, mécontente aussi bien les républicains, qui lui reprochent son absence de ratification populaire, que les Légitimistes, qui n’y voient qu’une usurpation. Mais, au fond, le peuple qui s’est révolté contre les Bourbons ne l’a pas fait pour établir la république, et la petite poignée d’activistes qui a attisé l’incendie le sait bien : il s’est soulevé aiguillonné avant tout, comme l’a bien vu Thiers, par la suppression de la liberté de la presse, que Charles X et Polignac avaient paru instaurer. Quant à la bourgeoisie des villes et aux anciennes notabilités de campagne, ils ont cherché, à la faveur du mouvement, à prendre leur part d’un pouvoir qu’ils jugeaient de plus en plus confisqué par un prolétariat montant. De ce double point de vue, la Monarchie de Juillet, qui s’affiche résolument libérale et va faire la part belle à la bourgeoisie, répond aux aspirations du pays.

Plus libérale que celle qui la précède, elle est marquée par une renonciation à la monarchie absolue de droit divin (absolutisme) et un louvoiement permanent entre les factions parlementaires du « mouvement » Orléaniste et de la « résistance » Légitimiste.

Rappelons que l’ultra-royalisme était né en 1815, au moment de la Seconde Restauration, et forma jusqu’en 1821 et l’avènement du ministère Villèle, un mouvement d’opposition au sein du pouvoir Royal. Soutiens des luttes contre-révolutionnaires menées depuis 1789 par les Vendéens et les Chouans puis par les Chevaliers de la Foi, les Ultraroyalistes reprochaient à Louis XVIII sa politique centriste, incarnée par le ministère plutôt libéral de Decazes, et s’opposent aux innovations révolutionnaires et impériales.

L’ultra-royalisme ne formait pas un mouvement structuré, mais une mouvance dont le principe commun est la fidélité aux souverains de la dynatstie Capétienne. Les Ultraroyalistes défendaient le caractère sacré de la Royauté —Louis XVI faisant l’objet d’une vénération semblable à celle d’un Saint— en défendant un système monarchique qui s’appuyait sur l’Église et la Noblesse. Après la Révolution de 1830, de nombreux Ultraroyalistes, dit « Ultras », avait rejoint le parti Légitimiste.

Le 24 août 1837, la reine Marie-Amélie inaugure avec ses fils la première voie ferrée transportant des voyageurs en France, la ligne de Paris à Saint-Germain-en-Laye. En 1840, elle donne son nom à la ville des Bains d’Arles, renommée Amélie-les-Bains, dans les Pyrénées-Orientales. La Reine Amélie découvre plus tard les Bains d’Arles en 1848, sans doute grâce à l’invitation du général Boniface de Castellane, gouverneur militaire du Roussillon. Elle en devient alors une propagandiste enthousiaste (Fabricio Cárdenas, 66 petites histoires du Pays Catalan, Perpignan, Ultima Necat, coll. « Les vieux papiers », 2014, 141 p). Louis-Philippe et marie-Amélie sortent beaucoup et on les voit souvent au théâtre ou à l’opéra. Sous l’influence de son épouse, le « Roi bourgeois » transforme le Château de Versailles en musée dédié « à toutes les gloires de la France ».

L’expédition d’Alger, livrée de juin à juillet 1830 par la France de Charles Xcontre la Régence d’Alger, et menée par un corps expéditionnaire de 30 000 à 40 000 hommes commandé par le général de Bourmont, lui apporte un grand prestige, Louis Philippe ayant continué et organisé la colonisation de l’Algérie, son fils ayant pris la smalla d’Abdel Kader à la tête d’une troupe.

Louis-Philippe définit lui-même sa politique comme celle du « juste milieu ». Son régime s’appuie sur un suffrage censitaire élargi, et sur la Garde nationale bourgeoise. La première Entente Cordiale (elle sera renouvelée sous le Second Empire) se déroule au cours de la Monarchie de Juillet. Le nouveau souverain Louis-Philippe axe sa politique sur la paix et déclare lors de son discours du trône de 1845 : « J’espère que la politique qui a maintenu la paix générale, à travers tant d’orages honorera un jour la mémoire de mon règne » (Hervé Robert, La monarchie de Juillet, Paris, CNRS Éditions, 2017, 205 pages. p. 126 (ISBN 978-2-271-09406-3)).

La question de l’indépendance de la Belgique, succès diplomatique pour la France, lui permettant de protéger sa périlleuse frontière septentrionale, avec un État tampon pacifique et neutre, contribua puissamment à un rapprochement avec le Royaume-Uni. Cette politique pacifiste mais ambitieuse pourrait se résumer au mot de Louis-Philippe lui-même : « l’ordre au dedans, la paix au dehors ».

Cependant, il comprend que désacralisation de la société entrainerait celle de la figure Royale et commence à s’appuyer de plus en plus sur… les Légitimistes ! Au début, il était aimé et appelé le « Roi Citoyen », mais sa popularité souffre quand son gouvernement est perçu comme de plus en plus conservateur et monarchique. Les même francs-maçons qui ont chassé son cousin Charles X et l’ont appellé à usurper le Trône de son petit-cousin, le jeune Duc de Bordeaux, prennent peur et provoquent alors son renversement et son règne s’achève en 1848 par d’autres barricades, qui le chassent après trois « piteuses » pour instaurer la Deuxième République.

Après la révolution de 1848, la Reine Marie-Amélie s’exile avec son époux au Royaume-Uni, à Claremont, dans le Surrey, sous le titre de courtoisie de « Comtesse de Neuilly ». Le peintre Ary Scheffer fit son portrait en deuil (1857) après la mort du roi Louis-Philippe (plusieurs versions : Musée Condé, Chantilly ; Musée de la vie romantique, Paris ; Musée Louis-Philippe du château d’Eu et de sa belle-fille la duchesse de Nemours. Le peintre Charles Jalabert a peint également un portrait qui est exposé au musée Condé.

Elle survécut seize ans à son époux.

S’imposant par sa dignité mais aussi l’affection qu’elle leur portait, elle consacra sa vie à ses petits-enfants et arrière-petits-enfants, notamment les petits princes belges. C’est la reine Marie-Amélie qui demanda à son petit-fils, le futur Léopold II de Belgique, de prénommer sa fille aînée Louise en hommage à sa mère trop tôt disparue.

La Reine pallia également l’absence prématurée de la duchesse de Nemours décédée en 1857 et de la princesse royale décédée en 1858.

Ses petits-enfants contractèrent des unions selon leur rang dont certaines furent particulièrement brillantes. Dans le même temps, le jeune Duc d’Orléans, prétendant à la couronne Française, et son frère cadet, pouvant difficilement s’allier dans les maisons européennes, épousèrent des cousines issues de leur Maison. Le fils cadet du duc de Nemours, Gaston, comte d’Eu épousa en 1864 Isabelle de Bragance, princesse Royale de Brésil, Philippe de Wurtemberg épousa une archiduchesse d’Autriche.

La Reine Marie-Amélie mourut le 24 mars 1866 à l’âge de 83 ans, suivie de peu par son petit-fils, le prince de Condé, profondément affecté par la mort de sa grand-mère. Elle fut inhumée dans la chapelle Saint-Charles Borromée à Weybridge, auprès de son époux. En 1876, leurs corps furent ramenés à la chapelle royale Saint-Louis, nécropole familiale à Dreux où le sculpteur Antonin Mercié réalisa leur monument funéraire.

Bien qu’elle ait été une figure publique, elle est restée simple et proche de ses proches, conservant un rôle de rassemblement pour sa famille, même après l’exil.

Certains historiens soulignent également son ambition et son pragmatisme, la décrivant comme une souveraine qui a su s’adapter aux circonstances et oeuvrer pour la sauvegarde de la monarchie.

Hervé J. VOLTO, Président Honoraire de la Charte de Fontevrault (Président 1991-1994), Chroniqueur et Mémorialiste, membre du Chapitre Général, et Ambassadeur pour l’Italie

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