Le mardi 9 brumaire de l’an VIII (30 octobre 1798), une colonne mobile* républicaine quitte Baugé en direction de Fougeré…
« Un détachement de la colonne mobile de Baugé auquel se réunirent plusieurs citoyens de cette commune et la brigade de gendarmerie nationale, partit le 9 brumaire à midi, et se porta à Fougeré où elle savait qu’une bande de brigands, commandée par Quartier, s’était réunie ; mais elle les manqua d’une heure et passa la nuit dans le bourg. »
« Le 10, à la pointe du jour, les républicains, prévoyant que la bande de Quartier était prévenue, et qu’ils ne pourraient la rencontrer, résolurent d’aller surprendre les chouans commandés par Chambourg, autre chef royaliste, qui se tient constamment à Jarzé. »
« Arrivés près le bourg, ils apperçoivent quelque-uns de ces chouans qui prennent la fuite ; alors ils redoublent de vitesse et entrent à Jarzé au pas-de- charge. Ils sont accueillis d’abord par quelques coups de fusil ; mais ils ripostent avec avantage, et les brigands prennent la fuite. Un de ces scélérats est tué, deux blessés à mort et deux faits prisonniers ; ils ont rapporté à Baugé cinq fusils pris sur eux. Pas un républicain n’a été blessé ; quelques chouans se sont rendus à la suite de cette affaire »
« Le dévouement et le courage qu’on montré dans cette occasion les républicains de Baugé, sont dignes d’éloges ; tous les bons citoyens doivent suivre un tel exemple, et redoubler d’énergie pour seconder l’ardeur des troupes républicaines qui viennent enfin pour nous délivrer du fléau de la chouannerie. »
Article officiel.
* Mais au fait, une colonne mobile c’est quoi ?
« Des colonnes mobiles, composées de gendarmes et d’individus recrutés dans la lie des bourgs et des villes,parcouraient nuit et jour les campagnes, pillaient l’habitant, massacraient indignement les prêtres fidèles, les chouansdispersés et tous les gens qualifiés de suspects dans la langue officielle. De pareils exploits s’appelaient des exécutions, et les représailles des royalistes, des assassinats.
Ces colonnes, secrètement dirigées par le général Michaud https://fr.wikipedia.org/wiki/Claude_Ignace_François_Michaud , qui ne faisait, du reste que suivre les instructions du ministre de la police Sotin https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Marie_Sotin_de_La_Coindière , avaient surtout pour mission d’anéantir les officiers chouans, tous ceux qui étaient l’âme d’une insurrection que la République redoute toujours beaucoup plus qu’une guerre étrangère. Aidées de quelques dénonciateurs pris surtout parmi les vagabonds et les mendiants, elles découvrirent la retraite de quelques chefs, auxquels elles firent expier, parfois, dans d’atroces supplices, le crime de leur courage, et de leur fidélité. »
« A la terreur révolutionnaire, les chouans opposèrent la terreur des représailles. On pillait leurs récoltes, on incendiait les chaumières ; ils firent main basse sur les caisses publiques et mirent à contribution les acquéreurs de bien nationaux. On égorgeait des prêtres fidèles, ils fusillèrent des ministres prévaricateurs. Au mépris de la foi jurée, on tuait les chefs royalistes ; ils tuèrent les autorités jacobines. On les dénonçait, on les trahissait ; ils mirent à mort les dénonciateurs et les traîtres. »
« Faut-il s’étonner qu’après de telles misères, après tant de vexations, il y ait eu des hommes qui, au lieu de se laisser traîner au pied de la guillotine ou sur le seuil de leurs portes pour y être égorgés, se soient rués avec colère contre tous ceux qu’ils supposèrent rangés par devoir ou par inclination sous la bannière républicaine. »
« Ces milices organisées sous le nom de colonnes mobiles, de contre-chouans, de cent-sols, de faux-chouans, et qui faisaient aux royalistes, aux véritables chouans une guerre d’autant plus déloyale qu’ils se couvraient de cocardes blanches, de scapulaires et de Sacrés-Coeurs. De semblables ruses n’étaient possible qu’au Nord e la Loire, où les patriotes, en majorité dans les villes et dans les gros bourgs, pouvaient parcourir le pays par petits détachements, où les ruses de la police étaient appropriées à la nature même de l’insurrection. Pour combattre la chouannerie, la République entendait la déshonorer. Elle recruta les misérables instruments de ses vengeances dans la lie la plus impure des bourgs et des villes, et, après les avoir couverts des insignes du soldat chrétien, elle les chargea de commettre des méfaits qu’elle attribuait ensuite aux insurgés. »
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