Héraldique – Article de Monsieur Jean-Yves PONS :
Les armoiries sont née en Europe et, plus précisément, en Europe occidentale (France, Allemagne et pays rhénans, Grande-Bretagne) avant de s’étendre rapidement vers le sud (péninsule ibérique et Italie), le nord du continent puis l’Europe centrale. Mais force est de constater qu’un certain nombre de caractéristiques régionales ou même locales se sont progressivement imposées générant des différences plus ou moins notables entre les pays. Les plus anciennement concernés (milieu du XIIème siècle et suivants) ayant conservé les règles comme les figures les plus simples, les plus récemment venus à l’héraldique (XVIème – XVIIème siècles) ayant, au contraire, adopté des principes et des motifs… de plus en plus baroques.
La Russie est hélas un exemple dans ce domaine car le pays comme ses élites n’ont découvert et pratiqué la science des armoiries qu’assez tardivement et, en tout cas, pas dans les meilleures conditions. Souvenez-vous par exemple que le premier armorial des familles noble de l’Empire russe date seulement du règne du tsar Paul 1er, à partir de 1797
(https://fr.wikipedia.org/wiki/Armorial_général_de_la_noblesse_de_l%27Empire_russe.)
Une de ses caractéristiques principales réside dans l’usage très fréquent de nombreuses partitions (qui alourdissent les créations) mais aussi dans l’abondance des figures en lien avec les guerres, la vie militaire et parfois la vie quotidienne des Russes des campagnes. On y retrouve donc de fortes analogies avec l’héraldique napoléonienne en France… à la même époque
(http://gen.declercq.free.fr/periode%20nap/Heraldique%20napoleonienne%20et%20symbolisme%20maconnique.htm).
Étonnante ressemblance et nombreuses questions de fond jamais traitées.
En voici un exemple dans des armoiries d’alliance familiales (l’un de mes petits-fils et sa jeune épouse dont le père est d’origine russe) mises en peinture par notre ami Laurent Granier, peintre héraldiste
(https://laurentgranier.com/armes-d-alliance?lang=fr).
Armoiries d’alliance Pons et Smirnoff
Vous pourrez observer immédiatement de grandes différences entre l’approche franco-catalane d’un côté (une figure unique au graphisme simple et dépouillé, sans partition et associant deux couleurs seulement – l’azur et l’argent – ) et l’approche russe de l’autre côté beaucoup plus complexe, évoquant davantage un “catalogue” de souvenirs familiaux que l’âme d’un lignage.
N’en doutez pas, à côté du lien entre l’histoire et le mode d’expression de ce système emblématique, il y a aussi (en tout cas aux origines puis dans certains pays resté fidèles aux principes initiaux) une recherche esthétique indéniable, source d’ailleurs de lisibilité optimale comme de respect de notre adage favori dans ce domaine : DIRE BEAUCOUP AVEC PEU !
Le 15 octobre 2025.
Pour le CER et La Charte de Fontevrault, Jean-Yves Pons, CJA.