Dépositaire de nombreuses reliques confiées à sa garde, le musée d’art religieux de Fourvière expose ces objets de dévotion.

Au printemps dernier, les Hospices civils de Lyon (HCL) décidaient de mettre en vente le mobilier des nombreuses chapelles de son patrimoine, suscitant un tollé. L’objet du scandale? La vente de reliques. Les HCL ont fini par les céder à l’archevêché de Lyon, qui les a aussitôt confiées au musée d’art religieux de Fourvière, attenant à la basilique. Le sanctuaire marial n’a pas vocation à les accueillir. Et pourtant. Au fil des décennies, plus de cinq cent d’entre elles y ont été déposées. Dernièrement encore, une communauté de religieuses s’est défaite, après réfection de sa chapelle, de ses reliquaires d’autel, dont l’un contient un fragment de tissu rougi du sang du curé d’Ars.

Les deux anecdotes témoignent d’un rapport ambivalent aux reliques, reliquiae en latin. Des « restes » humains de saints, ou des objets leur ayant appartenu, à la fois délaissés et auxquels l’on tient. Certes, elles suscitent un regain d’intérêt, comme le montre le « succès » planétaire des reliques de Thérèse de Lisieux ou l’engouement pour la vénération du sang de Jean-Paul II.

DE PLUS EN PLUS DE PÈLERINS

« Le recteur du sanctuaire d’Ars constate depuis plusieurs années que les pèlerins viennent de plus en plus prier devant la châsse où repose le corps de Jean-Marie Vianney, plutôt que dans la chapelle du confesseur », rapporte ainsi Bernard Berthod, conservateur du musée d’art religieux de Fourvière. Toutefois, poursuit-il, « elles sont passées de mode, ne participant plus à la vie quotidienne ». Mais l’on n’oublie pas qu’elles ont « accueilli des prières, des suppliques, des remerciements », a tenu à rappeler le recteur de la basilique, Mgr Patrick Le Gal, à l’entrée de l’exposition « Reliques et reliquaires ».

À travers plus d’une centaine d’objets, cette exposition fait la part belle à l’histoire moderne de ce phénomène avant tout médiéval. Au lendemain du Concile de Trente (1545), le culte rendu aux reliques est encadré, après que la contre-réforme a fait « le ménage » dans le martyrologe romain. « Cela a provoqué une effervescence autour de personnages venant de mourir, formant une nouvelle communauté de saints, comme François de Sales », rappelle Bernard Bethod. Dès lors se multiplient les reliques à usage privé.

OBJETS D’UNE GRANDE DÉVOTION

Y contribue la multiplication de « saints non nommés », présentés dans la salle la plus étonnante de l’exposition. Ainsi a-t-on désigné ces corps exhumés dans les catacombes romaines, dont on a longtemps présumé qu’ils étaient tous morts en martyrs. Sanctifiés et aussitôt déterrés. Leurs reliques étaient alors précieusement conservées dans des chefs-d’œuvre d’orfèvrerie, des châsses, des tableautins, des appliques, voir… des boîtes de pastilles Vichy!

D’autres saints sont véritables. Comme saint Térence, dont les ossements issus de la catacombe de Cyriaque sont encore enfermés dans une boîte en carton. Ils furent envoyés en 1820 à Lyon à la demande des Chartreux, accompagné de leur « authentique », la lettre certifiant leur origine. Mais le reliquaire qui devait les accueillir n’a jamais été réalisé.

Pour beaucoup en revanche, notamment au moment où la Sainte famille est l’objet d’une grande dévotion, les reliquaires ne contiennent que de modestes – et parfois non moins extraordinaires – fragments, comme de la poussière du bâton de marche de Saint Joseph. Rien de tel pour les personnages contemporains. Notamment les papes, auxquels est consacrée une vitrine où se côtoient une mule de saint Pie X et un mouchoir de bienheureux Pie IX. Et une mitre portée en Géorgie par Jean-Paul II. Ou plutôt, indique le cartel, saint Jean-Paul II, qui avait anticipé de quelques semaines sa canonisation. Comment un simple souvenir devient relique.

Bénévent TOSSERI

http://www.la-croix.com/Religion/Actualite/A-Lyon-des-reliques-mises-en-lumiere-2014-04-29-1143300#.U1_KFpqTcSY.twitter

 

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