Mutilation de l’Histoire de France : détruire le passé pour glorifier le monde nouveau (D’après « Histoire partiale, Histoire vraie » (Tome 1), paru en 1911)

Méconnaissance du rôle historique de la royauté

Voici un siècle, dans son oeuvre en 4 volumes intitulée Histoire partiale, histoire vraie, l’historien Jean Guiraud, spécialiste de l’histoire de l’Église et professeur d’histoire et de géographie de l’Antiquité et du Moyen Âge à l’université de  Besançon,  https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Guiraud_(1866-1953)  dénonce les erreurs et mensonges historiques que renferment les manuels scolaires : l’Histoire la plus généralement admise enseigne selon lui ce qui est faux, et induit un désamour de notre passé doublé d’une haine de l’Ancien Régime, afin de mieux glorifier une République « donnant au monde la paix et la liberté ». Aperçu des méthodes visant à mutiler le Moyen Age et la féodalité...

La royauté est la négation de la République ; les auteurs de manuels s’efforceront en conséquence de démontrer qu’elle a eu tous les vices, exercé toutes les tyrannies, qu’elle s’est opposée à l’instruction, faisant de l’ignorance la complice de son despotisme, explique Jean Guiraud. Dans un de ses exercices, M. J. Calvet                   https://www.chapitre.com/BOOK/calvet-c/histoire-de-france-cours-elementaire,66413544.aspx   demande à ses élèves de prouver qu’un « roi absolu à qui rien ne résiste est incapable de bien gouverner » (Cours élémentaire, p. 117), comme si des souverains absolus tels que Pierre le Grand en Russie, Frédéric II en Prusse, Henri IV en France n’avaient pas bien gouverné leurs Etats. Pour Brossolette, « Louis XI ne fut ni plus fourbe ni plus méchant que les princes ses contemporains » (Cours moyen, p. 143) ; ce qui revient à dire qu’au XVe siècle TOUS les princes sans exception étaient fourbes et méchants, même quand ils s’appelaient le « bon roi » René.

Pour nous faire connaître le « peuple sous Louis XIV », le même auteur, qui nous indique à peine d’un mot les efforts souvent couronnés de succès que fit Colbert pour diminuer les impôts par la réforme de la taille, trouve plus scientifique de résumer tout le règne en quatre faits mis en images : la révolte des Boulonnais contre les receveurs de l’impôt, une sédition à Rennes, une scène purement fantaisiste de famine, et l’histoire de M. de Charnacé abattant d’un coup de fusil un couvreur qui travaillait sur un toit.

En admettant que tous ces faits soient exacts et que la royauté ait commis ou approuvé toutes sortes de crimes, écrit Guiraud, il est une vérité qui a son importance et que passent sous silence tous les manuels, sauf celui de Calvet, c’est qu’elle a fait la France. N’est-ce pas elle qui a réuni patiemment au domaine royal toutes les provinces qui s’étaient enfermées si longtemps en elles-mêmes ? Par un travail persévérant de plusieurs siècles, elle a reformé en une seule nation la poussière d’Etats qui était sortie du chaos des invasions, et donné à la race française, avec l’unité, la prépondérance politique et économique dans l’Europe du Moyen Age, sous saint Louis, dans l’Europe du XVIIe siècle, avec Louis XIV. Un pareil rôle ne méritait-il pas d’être rappelé ? Mais en le signalant, on aurait montré aussi la part qu’ont prise à la formation et à la gloire de la patrie des tyrans qui n’étaient ni révolutionnaires ni laïques ; on a préféré passer ces grands faits et mutiler l’histoire.

https://www.france-pittoresque.com/spip.php?article12686

0 thoughts on “Mutilation de l’Histoire de France : détruire le passé pour glorifier le monde nouveau (D’après « Histoire partiale, Histoire vraie » (Tome 1), paru en 1911)

  1. irene pincemaille

    Mise au point ô combien nécessaire !
    L’Ancien Régime était une vieille maison qui demandait un bon ravalement ! au lieu de cela, elle a été abattue !!! et on en paye chaque jour les funestes conséquences !
    Quand on parle d’un évènement triste et mauvais, on le traite de “moyenâgeux” ! et ne parlons même pas du “Haut Moyen-Âge” pratiquement assimilé au “paléolithique” ! Pourtant, entre une caverne préhistorique et une cathédrale gothique (bon, d’accord, là, ce n’était plus le Haut Moyen-Âge), je vois tout de même une “sacrée” (c’est le cas de le dire) différence. Toutefois, ceci ne date pas d’hier : prenons, justement, le terme “gothique” que je viens d’écrire : pour les hommes de la Renaissance, c’était là l’art des Goths !!! = des barbares ! puisque seul comptaient, pour eux, la résurrection de l’art antique ! humm ! Du “barbare” comme ça, j’en veux bien tous les matins !
    Mais, voyez-vous, autrefois, on enseignait une Histoire tronquée, déformée, mais évènementielle malgré tout ! donc, on est obligés de faire une sorte de “rétro-pédalage” quand on comprend à quel point tout ce qu’on a appris était incomplet et, au mieux, orienté !!! aujourd’hui, l’ Histoire n’est plus enseignée du tout, donc, les jeunes n’auront rien à évacuer en s’informant puisqu’on ne leur aura rien appris. Donc je m’interroge sincèrement sur ce qui est préférable : l’enseignement tronqué (pour les gens de ma génération) d’où mise au point subséquente ou départ au degré 0 permettant une assimilation immédiate ? – encore faut-il que les jeunes en question aient envie de s’informer, ce à quoi ne les pousse guère l'”Éduc. Nat” (ou ce qui ne tient lieu).
    Amitiés à tous.

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