/****************************************************/ la Rochejacquelein sort de sa “réserve” pour prendre part aux combats. – Charte de Fontevrault et Royalisme providentialiste

la Rochejacquelein sort de sa “réserve” pour prendre part aux combats.

À gauche, l’étude de Pierre-Narcisse Guérin exécutée sur calque pour le portrait d’Henri de La Rochejaquelein (Musée des Beaux-Arts d’Orléans) ; à droite, le tableau exposé au Salon de 1817, conservé depuis 1915 au Musée d’Art et d’Histoire de Cholet
  

Pierre-Narcisse Guérin (Paris 1774 – Rome 1833) fut retenu parmi les peintres chargés de réaliser les portraits des généraux qui s’étaient couverts de gloire pendant les Guerres de Vendée. Louis XVIII avait en effet consenti à cette commande sous la pression des familles de ces héros de la Contre-révolution. Pour assurer la cohérence de l’ensemble, ces portraits devaient mesurer 2,28 m par 1,42 m, mais l’ampleur de l’œuvre nécessitait de faire appel à plusieurs artistes.

Une première série de neuf tableaux fut achevée dès la fin de l’année 1816 : Henri de La Rochejaquelein par Pierre-Narcisse Guérin, Bonchamps et Cathelineau par Anne-Louis Girodet-Trioson, Lescure par Robert Lefèvre, Charette par Jean-Baptiste Paulin Guérin, auxquels s’ajoutaient deux généraux de la guerre de 1815, Constant de Suzannet par Jean-Baptiste Mauzaisse, et Louis de La Rochejaquelein peint également par Pierre-Narcisse Guérin, ainsi que les portraits de Moreau et Pichegru, salués pour leur opposition à Napoléon.

Une deuxième série la compléta à partir de 1821 : d’Elbée par Jean-Baptiste Paulin Guérin (le portraitiste de Charette), Talmond par Léon Cogniet (un élève de Pierre-Narcisse Guérin), Louis de Frotté par Louise Bouteiller, et le défenseur de Lyon lors du siège de 1793, Louis-François Perrin de Précy par Jean-Joseph Dassy. Le portrait de Georges Cadoudal par Paul-Amable Coutan, achevé en 1827, fut le dernier à les rejoindre (1).

Le talent de Pierre-Narcisse Guérin avait éclaté au Salon de 1799 et n’avait cessé de se révéler au fil de la première décennie du XIXe siècle dans ses toiles essentiellement inspirées de l’Antiquité. De son atelier ouvert en 1810 sortirent de grands noms de la peinture romantique, comme Théodore Géricault et Eugène Delacroix.

Le neveu de « Monsieur Henri » choisi comme modèle

Pour le portrait d’Henri de La Rochejaquelein, on devait d’abord trouver un modèle. On choisit Henri de Beaucorps, fils aîné d’Anne-Louise (2), l’une des sœurs du généralissime. Bien qu’il n’eût que dix ans en 1816, sa ressemblance avec son oncle était frappante au dire de la famille, ce que confirma Henri-Marie Allard, ancien aide de camp du chef vendéen, lorsqu’on lui présenta le portrait achevé (3).

Une fois le modèle trouvé, il fallut en projeter l’image sur la toile. Hors de question de le figer dans la pose statique qu’arborent la plupart des autres tableaux de la série des généraux. La fougue du personnage, dont les Mémoires rédigés par sa belle-sœur avaient imprégné les esprits, ne pouvait le représenter que dans une scène d’action. C’est ce que l’on perçoit dans l’étude préparatoire conservée au Musée des Beaux-Arts d’Orléans. « Monsieur Henri » dresse sa silhouette élancée lors de l’assaut d’une palissade hérissée de baïonnettes ennemies ; de la main gauche il se saisit de l’une d’elles, tandis qu’il brandit de l’autre main son sabre au-dessus de la tête.

Le peintre modifie sa première étude

Le peintre ne retint pourtant pas ce geste du héros ; au contraire, il plaça le bras droit de son modèle dans une écharpe. Henri de La Rochejaquelein fut, il est vrai, blessé à la main droite au cours de l’été 1793 (4) et avait dû s’exercer à tirer de l’autre main. Il y parvint avec assurance, comme le montre le tableau.

Le même porte-drapeau se tient sur la gauche à l’arrière-plan de la scène, mais le peintre lui a adjoint en pendant, sur le côté droit, deux combattants qui renforcent le mouvement de l’assaut face aux républicains. Ceux-ci ne sont suggérés que par la pointe de leurs baïonnettes ; montrer ces soldats aurait risqué de diviser le public en accentuant le caractère fratricide de cette guerre.

Le portrait d’Henri de La Rochejaquelein et ceux de tous les autres personnages de la série furent mis en réserve après la révolution de Juillet. Par chance, ils ne subirent pas le sort des monuments érigés sous la Restauration à la mémoire des mêmes héros ! Ils ne ressortirent à Versailles que dans les années 1870. L’avènement de la IIIe République les plonga dans l’oubli une fois encore. C’est en 1915 qu’ils furent finalement mis en dépôt au Musée de Cholet (à l’exception de Moreau et Pichegru) qui les expose depuis 1993 dans une rotonde spécialement conçue pour leur mise en valeur (5).


Notes :

  1. Après la guerre, Bonchamps par David d’Angers, La Geste, 2019, pp. 79-80.
  2. Anne-Louise du Vergier de La Rochejaquelein, dite « Annette » (Saint-Aubin-de-Baubigné 1774 – Bernay-Saint-Martin 1852) avait épousé Charles de Beaucorps le 5 novembre 1804 à Saint-Aubin-de-Baubigné.
  3. Revue du Souvenir Vendéen n°210 (mars 2000), pp. 53-55, d’après l’article de Gisela Zick : Pierre-Narcisse Guérin, Henri de La Rochejaquelein. Un tableau dans le contexte de l’histoire, Bulletin de la Société historique et scientifique des Deux-Sèvres, 1998).
  4. Mémoires de Madame la marquise de La Rochejaquelein, éditions Bourloton, 1889 (rééd. Pays et Terroirs, 1993), p. 232.
  5. Le portrait de Précy, étranger à la Vendée, n’a pas été accroché dans cette rotonde. En revanche, et pour une raison dont je n’ai jamais trouvé l’explication, celui de Frotté ne s’y trouve pas non plus. 
        

Posté par : vendeenews le mardi 9 juin 2020 à

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