Jean-Yves Pons ( CER ). Quand les élus corses découvrent l’évidence.

   Permettez-nous de vous rappeler ce que nous écrivions le 29 octobre 2012, sur le blogue du CER, sous le titre suivant : « Kallisté*, le cadeau empoisonné de Louis XV à la France » (https://conseildansesperanceduroi.wordpress.com/2012/10/29/le-billet-dhumeur-du-sieur-du-plessis-kalliste-ou-le-cadeau-empoisonne-de-louis-xv/) :

      “La mauvaise intelligence entre les Corses et la métropole ajoute aux difficultés, comme cela avait existé dans des temps plus reculés entre les Corses et les Pisans ou les Génois. Elle a entrainé, pendant les cinquante dernières années, des violences justifiées par les revendications du nationalisme corse d’un côté, par la défense de l’intégrité du territoire de la République française de l’autre. Or, la lutte policière s’est concentrée, pendant cette période, contre les nationalistes et a délaissé le travail endurant visant à réduire la criminalité de droit commun. Des voyous furent (sont ?) utilisés parfois pour accomplir de basses œuvres dans un camp et dans l’autre. On a vu aussi les méthodes des délinquants utilisées par certains militants, lorsque l’impôt révolutionnaire se transformait en racket au profit d’intérêts personnels comme on a connu l‘existence de relations ambiguës entre des hommes politiques et des individus appartenant au milieu. Les activités délinquantes, enfin, ont pris davantage d’ampleur, tandis que diminuait, au cours des dernières années, la violence politique. Au point qu’une authentique dérive mafieuse s’est emparée de l’île.

     Des raisons anciennes peuvent expliquer ce manque de compréhension et ces affrontements entre les Corses et l’Etat français.

     D’une part, la loi française fut imposée sans tenir compte du droit coutumier local. D’où ces comportements locaux hostiles à un droit dit « étranger » qu’on juge d’autant plus illégitime qu’il ignore des singularités et s’exprime dans une autre langue que la langue corse . Mais, après tout, est-ce anormal dans un Etat aussi jacobin que la France ? Le Roi, père de ses peuples, n’aurait certainement pas conduit une telle politique.

    D’autre part, l’idée de la démocratie que se fait la population corse diffère de celle communément admise en France métropolitaine. L’antique organisation de la famille élargie reposait sur une hiérarchie qui ne favorisait pas l’expression des opinions de chacun des membres, mais en revanche débouchait sur le clanisme et le clientélisme. Les « capi » s’appropriaient le pouvoir et chacun, par prudence, retenait sa parole. Rien de tel en métropole.
Mais, au-delà de tout cela, il faut comprendre que la société corse est une société du « mensonge sur soi » pour laquelle l’île n’a fonction que de décor, une sorte de Cineccita sans figures humaines. Les Corses ne s’aiment pas. Comment pourraient-ils aimer la France
 ?

C’ETAIT EN 2012.

    Alors, comment ne pas s’étonner que l’Assemblée de Corse, réunie en session extraordinaire, vendredi 18 novembre dernier, à Ajaccio ait mis tant de temps pour dresser ce triste constat : “La Corse est en proie à des dérives mafieuses” ?

   Jusqu’il y a une dizaine d’années, les spécialistes de la lutte contre le crime organisé en Corse comptabilisaient tout au plus une demi-douzaine d’équipes criminelles dont l’activité plombait l’île. Dans une note rendue cet été et révélée par France 3 Corse dans l’émission “Ghjustizia”, diffusée jeudi 17 novembre, la direction de la police nationale recense désormais l’existence de vingt-cinq bandes organisées. Elles n’ont pas toutes la même capacité de nuisance, mais elles instaurent un climat criminogène. Aux équipes traditionnelles et redoutées, dont beaucoup de membres ont été tués ou sont en prison s’ajoutent désormais ces nouvelles bandes.

     La note passe en revue les acteurs de cette criminalité et brosse une sorte de portrait de ces équipes. Composées le plus souvent de jeunes gens abusés par l’attrait de l’argent facile, fascinés par le mythe du bandit élevé au rang de héros. Parmi eux, la note de police évoque des enfants d’anciens dirigeants du mouvement nationaliste, comme Alain Orsoni ou Charles Pieri, dont les fils ont fait l’objet de condamnations dans des affaires de droit commun et de mises en cause dans des affaires de meurtre.

     L’extorsion de fonds, l’intimidation et le meurtre restent la marque déposée de ce banditisme, mais ces pratiques criminelles s’accompagnent ces dernières années d’une progression sensible du trafic de stupéfiants et de pressions importantes sur le foncier et l’immobilier. Des pressions qui, selon les élus de tous bords, constituent une menace pour la démocratie en Corse.

      Hélas, la majorité des assassinats commis en Corse au cours des quinze dernières années restent impunis. Sur l’île, le combat contre la criminalité demeure un échec de l’Etat régalien (comme d’ailleurs il l’est aussi en métropole vis-à-vis des crimes, des violences et des trafics en tous genres qui sont les fruits amers de l’immigration). Un échec qu’a déploré Gilles Simeoni, le président de l’exécutif : « Au-delà de la gravité du sujet, on parle de vie de femmes et d’hommes fauchés et des douleurs immenses que laissent ces assassinats, a fortiori quand on ne connaîtra jamais les auteurs. » Mais personne n’ose en dire autant quand il s’agit de la mort horrible de Samuel Paty ou de la jeune Lola...(https://charte-fontevrault-providentialisme.fr/index.php/2022/10/20/eric-zemmour-lettre-aux-medias-aveugles-qui-crient-a-la-recuperation-a-propos-du-meurtre-barbare-de-la-petite-lola-12-ans/)

      Que dire de cette faillite, sinon qu’elle reflète pour partie des choix assumés par l’Etat dans les années 1980 et 1990 ? « Où était la justice durant cette période et l’Etat a-t-il été toujours cohérent ?, s’est exclamé Gilles Simeoni. N’a-t-il pas favorisé la lutte contre les nationalistes, laissant les délinquants de droit commun agir en toute impunité ? »

     Mais pourquoi ne pas ajouter à ces propos une dernière question : quand parlerez-vous enfin  de ce fameux “mensonge sur soi” que nous évoquions en 2012 et qui pourrait permettre bien des éclaircissements sur la situation de la Corse ?

      Pour le CER et avec l’aimable accueil de la Charte de Fontevrault, Jean-Yves Pons, CJA.

* Kallisté (la Très Belle) : nom de la Corse chez les Grecs.

5 thoughts on “Jean-Yves Pons ( CER ). Quand les élus corses découvrent l’évidence.

  1. Hervé J. VOLTO

    Parlons clair.

    Si les RT (ex-RG) ont fait leur travail et révélé à Place Beauveau l’existence de vingt-cinq bandes organisées, pourquoi cette dernière n’envoit-elle pas le RAID ou le GIGN pacifier l’ile de beauté ? Pourquoi l’Elysée n’oblige-t-il pas Place Beauveau à faire son travail ?

    Ne nous prendait-on pas pour ce que les Corses appellent avec justesse des cons-tinantaux ?

    Ne rions pas : c’est avec NOTRE argent…

    Reply
  2. Catoneo

    Le pivot caché de la revendication corse est la constitution de Paoli, la plus avancée au monde en son temps en termes de droits. Elle organisait la République corse qui fut un laboratoire de résistance à l’étranger.

    L’annexion de la Corse révoltée contre les Gênois par Louis XV fut une erreur de longue mèche puisque l’le n’est toujours pas assimilée. La colonisation française, relativement brutale, ramènera l’île aux archaïsmes antérieurs sans proposer un développement économique. C’est très étonnant que la Corse n’ait pas rompu ses amarres françaises après Waterloo.
    https://www.corsicatheque.com/Histoire/18e-siecle/Constitution-Corse-de-17352

    L’indépendance de la Corse serait un projet viable, mais avec tant d’attendus et préalables qu’elle en reste un mirage :
    https://royalartillerie.blogspot.com/2017/12/mirage-de-la-corse-libre.html

    Reply
    1. Alain Texier Post author

      La Constitution corse de 1755 fit de la Corse la première république démocratique moderne d’Europe.
      Basée sur la séparation des pouvoirs et le suffrage universel, elle fut en vigueur de 1755 à 1769 (bataille de Ponte Novu, défaite militaire face aux troupes françaises).
      La Consitution corse, écrite par Pasquale Paoli, inspira directement la constitution et l’indépendance américaine. Les révolutionnaires américains montaient à l’assaut au cri de “viva Paoli”. Plusieurs villes américaines porte le nom de Paoli ou Corsica en souvenir de la constitution novatrice de la petite nation corse.

      https://www.contreculture.org/SP%20Constitution%20corse%201755.html

      Reply
  3. PATTIER PATRICK DE GASSIN DE LA FONCIERE

    Les Italiens ne sont pas les autochtones de la Corse, ils n’ont aucun droit à réclamer pour eux l’indépendance. Il faudra les foutre dehors et faire de la Corse une pluralité de trônes gaulois. Le plus important pour moi chaque 2 Décembre c’est la joie du coup d’Etat de Louis Napoléon le trucideur de la ripoublique. Napoléon III est grand pour cet acte.

    Reply

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

The maximum upload file size: 2 Mo. You can upload: image, audio, document, spreadsheet, interactive, text. Links to YouTube, Facebook, Twitter and other services inserted in the comment text will be automatically embedded. Drop file here

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.