Prône de la Supplique à Pontmain pour le retour du Roi – 17 sept A.D. 2025


Remarques préliminaires
:

1. A Pontmain, la messe tridentine du matin de chaque 17 du mois est dite spécifiquement à l’intention du retour du Roi de France sur le trône de France.

2. Vous pouvez obtenir ce prône en format “pdf” ou l’écouter en “audio” sur le site de Basclergeensabots par le lien :
Prône de la Supplique à Pontmain pour le retour du Roi – 17 sept A.D. 2025

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In nomine Patris et Filii et Spiritus Sancti.

« Je suis la Mère du Bel Amour.. Penser à moi est plus doux que le miel, et vivre auprès de moi est plus agréable qu’un gâteau de miel. »

Lorsqu’on parlait français, on avait cette expression : « Heureux comme Dieu en France ». On est chez soi, on est en famille, on est bien : on nous l’a dit souvent, la Vierge Marie est en chaussons et elle ne part pas à la fin de l’apparition de Pontmain ; elle reste à la maison, tout simplement.
Hélas, on ne parle plus français.

Peut-être connaissez-vous la prière de Claire Ferchaud pour la France :
« Ô Marie conçue sans péché, regardez la France, priez pour la France, sauvez la France. Plus elle est coupable, plus elle a besoin de votre intercession. Ô Marie, un mot à Jésus reposant dans vos bras et la France est sauvée ; ô Jésus, obéissant à Marie, sauvez la France. Saint Michel archange, défendez-nous contre les ennemis de notre salut. » Comment résister à l’impression que cette prière est inexaucée ? En plus, un mot suffit : n’est-il toujours pas prononcé ? Et toutes ces Suppliques ? Et ce temps qui n’en finit pas de finir ?

Je sais un abbé qui, revenu de Loublande, avait quelquefois attrapé le fou rire, comme si l’on disait, doigt levé en forme d’avertissement :
« Sois un bon garçon ; obéis à ta mère ! »…
Mais Claire écrit aussi, le 16 septembre 1943 :
« Il faut cette dernière larme, cette dernière goutte de sang, ce dernier hoquet pour achever la Rédemption. Et sous ces paupières abaissées sur des yeux éteints, Jhésus a enfermé le salut de Sa France ! »
Alors le rire lui reste dans la gorge : il ne s’agit pas du petit Jésus, mais de l’Homme des Douleurs, que la Pietà reçoit à la descente de Croix. Il a effectivement mérité le salut de la France, obéissant à sa Mère jusque dans la mort : dans un surcroît de miséricorde, comme un au-delà de sa charité infinie.

Le salut de la France est donc enfermé dans cet instant suprême de la Passion, où le Christ endormi dans la mort, repose dans la Compassion de Marie.
Clairement inspiré, Louis XIII, en mémorial du Vœu qui consacrait sa personne et le royaume tout entier à Marie dans le triomphe de son Assomption, a fait reconstruire le maître-autel de Notre Dame de Paris, où lui-même est représenté offrant sa couronne et son sceptre, non pas à la Reine de gloire, mais à la Mère douloureuse. Car le roi n’a pas vraiment l’initiative : le vœu qu’il a formé au centre de son âme, et qu’il prend soin de faire enregistrer par les instances juridiques de l’État, est en réalité le reflet historique officiel du choix transcendant du Christ sur la France ; c’est la réponse humble et pleine de foi à l’amour prévenant de Notre Dame.

Les autres nations supplient la Providence, et elles en reçoivent ce qui est juste. Pour la France, il n’en est pas ainsi : elle est née du Baptême de son roi, lui-même désigné comme fils aîné et sacré pour être le glaive et le bouclier temporels de la sainte Mère Église.
Il y a là une élection qui surpasse celle d’Israël, et déclare ancienne l’alliance du Sinaï ; or ce qui est ancien est près de disparaître, affirme la Lettre aux Hébreux. Telle est la raison métaphysique pour laquelle l’abolition du droit divin est contre-nature en France et la détruit.
Telle est la raison mystique pour laquelle le peuple prétendument souverain n’est pas seulement une imposture grossière, un principe constitutionnel à la… mode de chez nous de dupes, mais l’apostasie qui tue nos âmes. L’académicien Jean-François de La Harpe, qui voyait s’établir la Terreur en même temps que l’État de Droit, cité tout récemment par Upinsky, déclarait le 31 décembre 1794 :
« Cet oubli du sens commun.. Ces Assemblées sans police, font couvrir de leur voix quiconque raisonnerait.. Les uns par persuasion, les autres par crainte, tandis que tout le reste garde un silence absolu : on céda la place, et la scélératesse extravagante, parvenue enfin à parler seule, devint LA LOI… Les tyrans à bonnet rouge osent bien plus que les tyrans à couronne, et peuvent bien d’avantage. »

De fait, on « applique la Loi » et tous sont formellement soumis ; tandis qu’à l’inverse, on « fait justice » : la main Royale règne par le Beau, le Vrai et le Bien auxquels tous aspirent naturellement.
« Le règne de Dieu est le principe du gouvernement des états : sans ce fondement, il n’y a point de prince qui puisse bien régner, ni d’état qui puisse être heureux », écrit Richelieu dans son Testament politique.

On se demande ce qui pourrait réveiller les Français. Encore faudrait-il prendre en compte la nature véritable de la léthargie qui les embrume: quand le régime, quand les institutions piétinent elles-mêmes leur propre légalité, tout est paralysé. C’est le cas en France, c’est aussi le cas dans l’Église ; et comment s’en étonner, puisqu’elle n’a plus le fils aîné pour la défendre contre les ennemis extérieurs et intérieurs ? Comme Louis XIII admonestait l’archevêque de Paris pour la procession du 15 août après les Vêpres solennelles, et les Évêques chacun en sa cathédrale, rien n’empêcherait le roi, pour le bien de ses sujets et du royaume, de signifier à qui de droit qu’il lui plairait que l’on portât l’habit ecclésiastique ou religieux, que l’on veillât à la dignité du culte divin, que l’on reprît sérieusement l’enseignement du catéchisme. Il pourrait même respectueusement présenter une supplique au Saint Père pour qu’il autorisât la Messe Perpétuelle, et honorât la fille aînée de l’Église en venant, personnellement ou par un légat, pour l’instaurer en ce lieu des Rinfillières : « que J’ai spécialement choisi, dit le Sacré-Cœur le 6 novembre 1925, pour répandre sur le monde ma miséricorde ».
Tout semble tellement simple, presque immédiatement accessible : pourquoi ne le serait-ce pas ?

Parce que « Jésus dort à l’arrière, sur le coussin », comme dans l’Évangile de la tempête apaisée. « Sous ces paupières abaissées sur des yeux éteints, Jésus a enfermé le salut de Sa France » : le trône est scellé, et la France ingouvernable.
Et nous ne voulons pas croire qu’il suffit de rappeler le Christ pour que tout soit sauvé et reprenne vie : pourtant, il est digne, l’Agneau immolé de recevoir le Livre et d’en ouvrir les sceaux !

Mais cela suppose pour nous, de faire amende honorable, de reconnaître que nous avons eu tort, que nous nous sommes trompés ; de confesser que nous avons été les artisans de notre propre malheur et les complices de nos bourreaux, lesquels nous remettons invariablement en selle à chaque élection à la… mode de chez nous comme des dupes ; de demander pardon d’avoir trahi la mission de défendre l’Église après avoir renié l’élection qui nous fait encore ce que nous sommes : « la France, fille aînée de l’Église, alliée de la Sagesse éternelle pour le bonheur des peuples », selon le mot de Jean Paul II, qui pouvait nous être une expiation. Que de fois Jésus a-t-il mendié auprès de notre arrogance, cette unique démarche: que la France officielle revienne à moi ! Mon Sacré-Cœur sur les drapeaux de France et, reprenant sa place dans le monde, elle présidera à la paix des Nations. Ne haussons pas les épaules, pauvre abbé au rire facile, car Jésus a donné un signe éclatant en plein XXème siècle que c’était possible : épisode qui nous fait honte, tout comme le reste.

Une petite bretonne, Olive Danzé, bientôt Sœur Marie du Christ Roi, arrive en 1926 de la Pointe du Raz au couvent des Bénédictines du Très Saint Sacrement, 16 rue Tournefort, Paris Vème. Par elle, Jésus demande la construction dans le jardin du monastère, d’un sanctuaire de sa Royauté qui fasse pendant au sanctuaire de sa Miséricorde à Montmartre. Le Cardinal Dubois approuve le projet, on est un an seulement après Quas Primas. Les dons affluent du monde entier. En 1935, le Cardinal Verdier bénit la première pierre. En 1939 le gros œuvre et le clocher sont achevés, baptême des cloches le 29 juin par le Cardinal Verdier, et le 27 octobre 1940 en la fête du Christ-Roi, première messe solennelle. L’année suivante, le maître-autel est béni par le Cardinal Suhard. Le 16 juin 1956 le Cardinal Feltin vient présider la consécration du sanctuaire du « Christ Roi, Prince de la Paix, Maître des nations » triple invocation formulée par Jésus lui-même. Vingt ans plus tard, le 2 février 1977, le sanctuaire est livré aux pelleteuses des promoteurs, et toutes les démarches auprès des plus hautes autorités de l’État et de l’Église pour sauver l’affaire reçoivent la même réponse : ce n’est pas nous, pas nous, pas nous. Et là, se dresse orgueilleusement la Résidence du Panthéon.

« Si seulement le Bon Dieu ne nous avait pas tant aimés », s’est exclamé un jour le saint Curé d’Ars en pleurant.

In nomine Patris et Filii et Spiritus Santi !

Basclergeensabots

Pontmain, 17 septembre A.D. 2025

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